vendredi 5 juillet 2024

Le message du Père François

 Évangile de Jésus Christ selon St Marc 6 1–6

 

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« En ce temps-là, Jésus se rendit dans son lieu d’origine, et ses disciples le suivirent. Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses soeurs ne sont-elles pasici chez nous ? » Et ils étaient profondément choqués à son sujet. Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. » Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains. Et il s’étonna de leur manque de foi. Alors, Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant. »

 

Les lectures de ce dimanche ne sont pas spécialement réjouissantes. Chaque texte nous présente un prophète qui apparemment échoue dans sa mission. Les prophètes d’hier et d’aujourd’hui connaissent des moments difficiles. Ont-ils encore un écho dans nos cœurs, acceptons-nous d’entendre leurs cris ? 

 

Commençons par regarder ce qu’est un prophète. Ce n’est pas quelqu’un qui prévoit, mais qui voit. Il ne prédit pas, mais il dit. Il dit ce qu’il voit et ce qui l’inquiète comme chance d’avenir. En général, ça embête tout le monde, car il voit plus grand et plus loin. D’une façon ou d’une autre, le prophète est toujours un dérangeur : il empêche qu’on s’installe égoïstement dans le « moi – je ». Il n’a pas de mandat officiel ; même à Jésus, certains personnages malveillants lui diront : « De quel droit parles-tu ainsi et fais-tu cela ? » Finalement, un prophète n’est bon que quand il est mort ; alors on peut lui jeter des fleurs, c’est une  gloire posthume qui ne peut plus gêner. N’empêche, que grâce à eux on a fait des progrès et découvert des chemins d’avenir. L’histoire d’hier et d’aujourd’hui, nous donne de multiples exemples. Ainsi les textes de ce jour nous relatent ce qui est arrivé à Ezéchiel, à Paul et à Jésus. C’est toujours vrai aujourd’hui, rappelons ce qui est arrivé au président Mandela, au pasteur Martin Luther King, à l’évêque Romero et à tant d’autres qui ont payé leur engagement au prix fort. Ils ont osé défendre la grandeur de l’Homme créé à l’image de Dieu. Ainsi aujourd’hui, des chrétiens, conscients de l’enjeu de la foi pour la vie quotidienne, craignent pour la vie du pape François. En effet, sa façon de s’impliquer dans la vie quotidienne dérange beaucoup. Il bouscule nos habitudes et des choses qui allaient de soi. Sa première encyclique  « Laudate, si » est prise au sérieux par des responsables, alors qu’en même temps, il est fortement critiqué parce qu’il remet en cause la course à l’argent. « Mais de quoi se mêle-t-il ce Pape? »

 

Dans l’évangile de ce jour, en regardant de près la réaction des auditeurs de Nazareth, nous pouvons découvrir que nous sommes marqués par les mêmes limites. Nous enfermons très facilement les gens dans les services et les façons de faire que nous connaissons d’eux. D’où cette phrase de Jésus : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa famille et sa propre maison. » Enfermer les personnes dans ce qu’on connaît d’eux, c’est les enfermer et les réduire à leur passé. « Je ne suis quand même pas responsable des erreurs et des fautes de mes ancêtres. Qu’on arrête de me seriner les opinions et les choix politiques de mes parents. » C’est du mépris et le mépris est source de toutes les violences. Alors que chacun porte en soi des qualités à développer et à mettre au service des autres. Les évolutions, les conversions des personnes, ça existe ! Ainsi, mieux connaître, permet de mieux utiliser les choses et les moyens mis à notre disposition. Cela permet de créer du neuf et de se transformer. Mieux comprendre, doit rendre plus libre et capable de mieux aimer.

 

Chaque chrétien de par son baptême est institué comme prophète. Et le prophète doit alerter sur les dangers qui menacent nos communautés. C’est pour cela que les chrétiens doivent se retrouver pour réfléchir, partager ce qu’ils voient : les dangers mais aussi les chances d’avenir. 

 

Il n’est pas plus facile aujourd’hui qu’hier d’être vrai. Et on a autant de mal à reconnaître les signes de Jésus aujourd’hui, que ses compatriotes de Nazareth. Et pourtant, c’est la mission que Dieu confie à chaque baptisé. Chacun de nous est appelé et chacun doit donner sa réponse.

 

Prière Universelle

 

1.- O Père, vois autour de nous tant d’hommes, de femmes, de jeunes en proie au doute et au découragement. Vois aussi tous ceux qui, englués dans leurs problèmes quotidiens, ne se posent même plus les questions essentielles. Que l’Eglise soit, au milieu du monde, fidèle à sa mission prophétique, nous t’en prions.

 

2.- O Père, vois les enfants de nos familles, sollicités par toutes sortes de choix à faire, tentés d’oublier les engagements de leur baptême. Qu’ils entendent ce que tu leur dis par la parole et la vie de leurs aînés dans la foi, nous t’en prions.

 

3.- O Père, vois dans les prisons du monde entier, les détenus guettés par la révolte et le désespoir. Que ton message d’amour et de miséricorde leur parvienne afin qu’ils se remettent debout, nous t’en prions.



François, prêtre retraité