Il n’y a rien de plus intime et de plus social à la fois que les repas.
Ce que vous mangez, avec qui vous mangez et les conditions dans lesquelles vous mangez, suffirait à Sherlock Holmes pour établir votre fiche d’identité complète.
Quant à l’heure à laquelle vous mangez… elle a, selon les traditions médicales les plus anciennes, une influence directe sur votre santé.
La recherche contemporaine s’y intéresse également.
En l’occurrence, une vaste étude dont les conclusions ont été publiées dans Nature établit une influence directe de l’heure de vos repas non pas sur la santé de votre estomac… mais sur celle de votre cœur.
L’assiette des Français et des Belges sous le microscope
Plusieurs chercheurs associés à cette grande étude se sont cette fois penchés non pas sur le contenu de l’assiette des Français et des Belges, mais, donc, sur l’heure à laquelle nous lui faisons un sort.
L’heure de manger, oui, mais la bonne
L’influence de votre alimentation sur votre santé cardiovasculaire n’est plus à démontrer – même si beaucoup de médecins ne restent pas d’accord sur, entre autres, le rôle du cholestérol.
La grande découverte des chercheurs de l’étude Nutri Net-Santé, c’est que, au-delà même de ce que vous mangez, l’heure à laquelle vous mangez a un impact sur votre santé cardiovasculaire.
Les participants (plus de 100 000 ici, ce qui est d’autant plus considérable qu’ils ont été suivis durant plusieurs années) qui prenaient leur petit-déjeuner avant 8h du matin et leur dîner avant 20h avaient un risque de maladie coronarienne et d’AVC nettement réduit par rapport à ceux qui petit-déjeunaient après 9h du matin et dînaient après 21h 20.
De façon surprenante, l’écart était particulièrement déterminant chez les femmes.
Les conclusions de l’étude sont limpides : plus on mange tôt, moins l’on risque de souffrir de maladie cardiovasculaire.
Et plus on mange tôt, plus la réduction du risque est importante : les participants qui petit-déjeunent à 8h réduisaient leur risque de 6% par rapport à ceux qui petit-déjeunent à 9h… et ceux qui petit-déjeunent à 7h le réduisent encore de 6% par rapport à ceux qui le font à 8h !
La différence est encore plus spectaculaire pour le dîner, les participants dînant après 21h voyant leur risque d’AVC bondir de 28% comparé à ceux dînant avant 20h.
Le temps de jeûner
Ce qui est remarquable, c’est que ces résultats concordent avec la tradition ayurvédique (la médecine traditionnelle indienne), qui recommande de manger (très) tôt le matin, si possible avant 6 h, et tôt le soir, avant 18h 30.
Dans le cas de l’ayurvéda comme des conclusions de l’étude NutriNet-Santé, on trouve, en creux, la même recommandation : un temps de jeûne nocturne de douze heures au moins.
Or on sait, notamment depuis les travaux de Valter Longo, qu’un jeûne quotidien de douze heures minimum (et donc le fait de « réduire » la fenêtre d’alimentation en journée) améliore la santé et augmente statistiquement l’espérance de vie 4.
Tous ces travaux ont donc des conclusions concordantes : plus on s’arrête tôt de manger avant de se coucher (minimum trois heures), moins on fait peser de charge sur notre système digestif, mais aussi sur notre système cardiovasculaire.
L’avenir appartient à ceux qui petit-déjeunent tôt !
Portez-vous bien,
Rodolphe Becquet
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