jeudi 3 novembre 2022

Le message du père François

 Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (20, 27-38

 

« En ce temps-là, quelques Sadducéens – ceux qui soutiennent qu’il n’y a pas de résurrection – s’approchèrent de Jésus et l’interrogèrent : « Maître, Moïse nous a prescrit : Si un homme a un frère qui meurt en laissant une épouse, mais pas d’enfant, il doit épouser la veuve pour susciter une descendance à son frère. Or, il y avait sept frères : le premier se maria et mourut sans enfant; de même le deuxième, puis le troisième épousèrent la veuve, et ainsi tous les sept : ils moururent sans laisser d’enfants. Finalement la femme mourut aussi. Eh bien, à la résurrection, cette femme-là, duquel d’entre eux sera-t-elle l’épouse, puisque les sept l’ont eue pour épouse? » Jésus leur répondit : « Les enfants de ce monde prennent femme et mari. Mais ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts ne prennent ni femme ni mari, car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont enfants de Dieu et enfants de la résurrection. Que les morts ressuscitent, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du buisson ardent, quand il appelle le Seigneur le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob. Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Tous, en effet, vivent pour lui. »


 

Quand un problème n’a pas de solution, c’est qu’il est mal posé. Et là vraiment le problème posé par les « Sadducéens » semble bien insoluble ; on a envie de dire « cherchez l’erreur ». L’erreur, c’est que les Sadducéens veulent tout simplement tendre un piège à Jésus.

 

A bien des égards, ne sommes-nous pas comme les Sadducéens ? Des sondages périodiques révèlent que bon nombre de chrétiens ne croient plus en la résurrection. Il est vrai que la résurrection, si l’on veut bien y croire, ce n’est pas évident ! Y-a-t-il un domaine au monde où l’imagination puisse avoir autant de champ libre ?  Les questions se bousculent : « Comment des corps réduits en poussière ou incinérés pourront-ils se reconstituer ? » 

Ces questions n’ont pas changé depuis des milliers d’années. Les pharisiens, eux, croient au paradis. J’imagine qu’ils l’envisagent un peu à la manière dont parlent certains musulmans aujourd’hui : une fête perpétuelle, un banquet 5 étoiles, où les femmes seront toujours jeunes, tous les plaisirs à portée de la main… enfin un bonheur sans nuage, l’abondance sans restriction. Cette idée séduisante n’a d’ailleurs pas tout à fait disparu. Pour gagner ce gros lot il faut cependant observer la loi. 

 

Pour les Sadducéens qui ne croient pas à la résurrection, l’occasion est de ridiculiser ceux qui y croient et ils racontent cette histoire rocambolesque de la femme qui avait 7 maris. Les uns comme les autres considèrent donc la résurrection comme un simple prolongement de la vie terrestre. On transporte au ciel la manière de vivre ici-bas. Cette question qui taraude l’humanité depuis toujours « comment serons-nous dans l’au-delà ? »

 

Jésus renvoie tout simplement les adversaires dos à dos et leur imagination débordante au panier. Il leur explique qu’il est inutile et d’ailleurs impossible, de se faire la moindre idée « du monde à venir » à partir des réalités temporelles. La seule chose que Jésus répond c’est que « Dieu, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, n’est pas le Dieu des morts mais le Dieu des vivants ». Un Dieu qui nous a destinés à la vie, à participer à sa vie divine. Autrement dit on ne sait rien, on ne saura jamais rien et il faudra vivre avec ; mais nous sommes invités à croire en un Dieu des vivants. Notre foi repose précisément sur cet événement capital : la résurrection du Christ au matin de Pâques. Ce qui fait dire à St Paul : « Si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi. » 

La seule chose que l’on peut dire c’est que la vie de ressuscité c’est la vie en plénitude, l’expérience de l’amour total… tout le reste n’est que vaine curiosité. 

 

Je ne sais pas comment on peut expliquer les couleurs à un aveugle ni comment faire découvrir l’harmonie des sons à un sourd. Ainsi en va-t-il de la vie après la mort, on ne peut pas l’expliquer ! Pour la comprendre, pour découvrir, pour « savoir » ce qu’elle est, il faut en faire l’expérience. En résumé : le seul moyen d’aborder l’au-delà ou d’essayer de le comprendre, c’est d’en vivre dès aujourd’hui. Quand on donne sa vie, la mort perd tout son sens, nos amours humains, d’ici-bas, ne peuvent pas mourir : elles sont l’image de l’amour de Dieu en nous Et cet amour traverse la mort ; nous le retrouverons transfiguré sur l’autre rive.


François, prêtre retraité