mardi 20 septembre 2022

300 000 ans de présence humaine dans notre région

Au parc archéologique européen de Bliesbruck-Reinheim s’est tenue une conférence où le bilan des recherches archéologiques a été présenté dans le cadre du « Blies Surwey Project », un projet de recherche international franco-italo-allemand ». Il a l’ambition d’intégrer les résultats acquis sur le site de Bliesbruck-Reinheim à une connaissance plus large du  territoire dans un rayon de 12 km. 

Photo JAS

Sébastien Schmit de Rimling lors de la conférence


Nous avons rencontré Sébastien Schmit de Rimling, membre de la Société d’Histoire et d’archéologie de la Lorraine (SHAL), section de Bitche qui y a participé.  

Quel sujet   avez vous traité?

Je suis prospecteur bénévole auprès du Service Régional de l’Archéologie de la Région Grand-Est, je connais bien la région et comme  je mène depuis une trentaine d’années des prospections archéologiques pédestres bénévoles autorisées par le Service Régional de l’Archéologie. J’ai traité le sujet « Des chasseurs paléolithiques aux Celtes: 300 000 ans de présence humaine dans la région ».

Qu’avez constaté  après ces trente années de prospection?

Il y a encore vingt ans de cela, on ne savait quasiment rien de la Préhistoire dans notre  secteur, et l’on pensait que les hommes préhistoriques vivaient dans des grottes. Ce cliché est démenti par nos découvertes. Les sites préhistoriques du secteur sont des sites de plein air. 

Grâce à quelles découvertes?

Les plus anciens témoins d’une présence humaine dans le secteur sont des galets aménagés du Paléolithique inférieur, mais surtout cinq bifaces. Comme leur nom l’indique, les bifaces  sont des outils taillés sur deux faces, avec deux tranchants convergents finissant souvent en pointe. Ces bifaces datent de la fin du Paléolithique Inférieur, vers 300 000 ans, mais ils pourraient être plus anciens. 

Comment a-t-on pu les localiser?

Ces grâce aux matières utilisées. Ces bifaces ont été façonnés dans des roches locales ou régionales: le quartzite comme celui-ci, le basalte probablement de Rhénanie-Palatinat   et le silex local du Muschelkalk (calcaire coquiller). Notre zone s’est donc trouvée à l’interface de deux traditions techno-culturelles bien différentes  entre 130 000 et 30 000 ans. Un biface en silex Muschelkalk trouvé à Bettviller  en est la parfaite illustration.   Deux bifaces foliacés plats ou Blattspitzen   permettent même une datation un peu plus resserrée, entre 59 000 et 30 000 ans.

Peut-on dater les  glaciations?

 

Les glaciations successives ont dû provoquer une quasi désertification humaine du secteur, seuls 6 outils seulement ont été ramassés : deux grattoirs sur lame probablement utilisés pour décharner des peaux,   un grattoir burin caréné attribuable à l’Aurignacien, une phase ancienne du paléolithique supérieur vers 30 000 ans. 

Et le réchauffement?

Vers 10 000 ans, le climat commence à se réchauffer, la faune froide remonte vers le nord, la forêt se développe. C’est la fin du Paléolithique. Et nous voici au Mésolithique , entre 8500 et 5500 ans environ. Les hommes sont obligés d’adapter leurs armes à la chasse en milieu boisé où le gibier est plus furtif qu’en milieu steppique ouvert.

A quelle époque est apparue la hache polie?

Entre 4100 et 2100, la hache symétrique polie est l’outil emblématique de cette phase. C’est l’instrument de la déforestation pour l’ouverture des champs et la construction des maisons en bois.

Et la  hache métallique?

L’exceptionnelle hache plate en cuivre de Rimling Kolhkhecke est d’un type inédit dans la Grande Région Sar-Lor-Lux. Il s’agit-là du plus ancien objet en métal connu à ce jour dans notre secteur. Cette hache est datable de la transition Campaniforme Bronze ancien vers 2100-2000 ans

Quand a-t-on commencé à moudre avec une meule rotative?


La meule trouvée à Volmunster 

Vers 150 avant J.-C,  la meule va et vient est remplacé par le moulin rotatif beaucoup plus performant. On a trouvé  une meule en rhyolite de La Salle trouvée sur le site de Volmunster daté de 150 environ avant J.-C.

Photos Sébastien Schmit

Une pointe de lance de type Font-Robert ou Maisières,  en silex du Bassin-Parisien, Paléolithique Supérieur, culture du Gravettien, vers 28 000, pièce unique en Lorraine

Joseph Antoine Sprunck