Évangile de Jésus Christ selon St Jean 14, 15–16, 23b-26
« En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous. Si quelqu’un m’aime, il gardera ma Parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes Paroles. Or, la Parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit ».
Si je pouvais résumer en quelques mots le sens de la fête d’aujourd’hui, je dirais que la Pentecôte, c’est la fête de la vie nouvelle, la fête de la deuxième chance. Tout le monde aspire à un changement de vie : plus de justice, de paix, de vivre en harmonie les uns avec les autres, dans les villes et les campagnes, dans les capitales et dans les brousses, comme dans nos familles.
Il est un fait que les informations quotidiennes ne peuvent pas nous réjouir, quand elles se contentent de nous rapporter ce qui ne va pas. C’est comme un bulldozer qui écrase tout ce que l’on a essayé de construire. Il suffit de regarder le désastre provoqué par les bombardements en Ukraine. Alors que les évangiles nous parlent : de douceur, de paix, de joie, de service, de patience, d’humilité, de fidélité, d’attention aux autres. Le pape François, dans tous ses voyages, rappelle le rôle essentiel de ces valeurs. Malheureusement, au nom de la laïcité, très peu de médias en parlent. Il faut croire que ça dérange !
Effectivement lorsque les apôtres reçoivent l’Esprit au matin de la Pentecôte, la première chose que l’on observe, c’est qu’il les fait sortir. On assiste à un retournement radical : les peureux sont devenus audacieux.
Comme les apôtres, nous sommes parfois habités par les mêmes peurs.
D’abord la peur de soi : Avoir peur de soi, c’est manquer de confiance en soi. Combien se sentent nuls, des bons à rien, parce qu’ils ont été méprisés, pas valorisés ?
La conséquence de cette peur de soi, c’est qu’elle empêche toute relation vraie, profonde, enrichissante : chacun vit dans sa bulle.
Il y a aussi la peur des autres : quand on appréhende le regard des autres qui ne mettraient en valeur que mes limites et mes fragilités pour se moquer de moi.
La conséquence de cette peur des autres, c’est que je me protège et je me mets sur la défensive pour riposter et ça fausse les relations, d’où parfois la violence !
Il y a la peur de la maladie pour soi et pour les autres. Dès l’annonce de certains symptômes, il y a panique à bord. Or la médecine a fait d’énormes progrès qui peuvent nous rassurer au lieu de sombrer.
Il y a la peur du monde et des événements. Peur de ce qui peut nous arriver : le nucléaire, le réchauffement planétaire, la faim, le travail…. croire que ça n’ira jamais mieux.
Et la conséquence, c’est la paralysie. Je n’ose rien, je n’entreprends plus rien, puisque ça ne sert à rien. C’est fichu d’avance.
Qu’est-ce qui a rendu les disciples audacieux ? Jésus a promis à ses apôtres un Esprit non pas de peur, mais de liberté. Il nous libère de tout, même de la loi nous dit St. Paul.
Cet Esprit me donne d’abord confiance en moi. Il m’autorise à croire que je suis quelqu’un d’unique, respectable et qu’au-delà de mes limites, je peux être aimé pour moi-même.
Cet Esprit me rend libre par rapport aux autres. Il me donne l’audace d’aller vers eux et d’exprimer avec respect, ce que je pense et ce que je crois. Il me permet de croire en eux, en leur sollicitude, amitié, fidélité.
Enfin cet Esprit de Dieu me rend libre devant les événements, devant le monde. Il me fait comprendre que l’histoire n’est pas écrite d’avance. J’ai le pouvoir de la modifier, d’influencer sa trajectoire. Et devant les événements que je ne peux changer, l’Esprit me donne la force, le courage de leur faire face.
Combien de femmes et d’hommes tout ordinaires, que rien ne semblait destiner à une vie hors du commun, grâce à l’Esprit de leur baptême, qu’ils ont laissé agir en eux, ont réalisé des exploits et marqué le cours du temps, à l’exemple de Mandela, Martin Luther King, l’abbé Pierre, Charles de Foucauld et tant d’autres. Celui qui reste enfermé dans sa peur, dans son incertitude, dans ses « à quoi bon » … fait le jeu du mal.
Mais se laisser habiter par l’Esprit de Pentecôte, c’est croire que moi, nous tous maintenant, quel que soit notre âge, nos capacités…nous sommes aptes à faire du neuf, à créer un monde nouveau, une humanité plus grande et plus fraternelle.
François, prêtre retraité