Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 9, 28-36
« En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier. Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante. Voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem. Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, restant éveillés, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés. Ces derniers s’éloignaient de lui, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est bon que nous soyons ici ! Faisons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il ne savait pas ce qu’il disait. Pierre n’avait pas fini de parler, qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent. Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! » Et pendant que la voix se faisait entendre, il n’y avait plus que Jésus, seul. Les disciples gardèrent le silence et, en ces jours-là, ils ne rapportèrent à personne rien de ce qu’ils avaient vu. »
Ces dernières semaines nous ont révélé, que ce qui nous paraissait impossible depuis 80 ans, est devenu une dure réalité : la guerre Russie-Ukraine avec la menace du nucléaire. Toute l’Europe a été terrorisée par ce que les médias ont diffusé à longueur de journée : les bombardements, les victimes, l’exode de milliers de familles vers d’autres pays. Tout ce qu’il faut pour déprimer et pleurer !
Mais quel bonheur de voir apparaître, depuis huit jours, les rayons du soleil qui redonnent relief, couleurs, vitalité, on devine les premiers signes du printemps. Signe que la VIE est plus forte que la mort, et l’AMOUR plus fort que nos violences !
En écoutant l’évangile de ce jour n’y a-t-il pas une similitude avec notre quotidien ? Dans le passage d’évangile que nous venons d’entendre, St Luc décrit un moment fort pour Jésus et trois de ses disciples. Il se rend bien compte que sa marche vers Jérusalem le mènera jusqu’à la mort. Jésus, comme ses disciples, avait besoin de perspectives. Alors, Jésus fait un détour par la montagne (aujourd’hui le Mont Thabor), en emmenant Pierre, Jacques et Jean pour se préparer à vivre au mieux le drame qui va se dérouler à Jérusalem.
Dans la grisaille du quotidien, comme il est bon de percevoir un rayon de soleil qui redonne courage et espérance. La vie que mènent les apôtres aux côtés de Jésus n’est pas de tout repos. Et le plus dur reste à faire: la dure épreuve de la passion. Alors, Jésus va leur faire, ce matin-là, une surprise exceptionnelle.
Prenant avec lui ceux qui seront un jour les témoins de son visage défiguré de Gethsémani, il va leur révéler un Homme nouveau, rayonnant, transfiguré. Ce sont les premiers signes d’une vie nouvelle, qu’on appellera la « Résurrection ».
Pour Pierre, Jacques et Jean, ce jour-là, c’est un petit coin de paradis qui se laisse entrevoir, comme un avant-goût du ciel.
La Transfiguration de Jésus est une déchirure dans le voile qui nous cache l’Au-delà. Et les apôtres sont sidérés, stupéfaits, éblouis, émerveillés. Ils font une expérience nouvelle de la place de Jésus, comme Fils de Dieu Jusque là, Jésus était un compagnon de route qui les avait entraînés à sa suite. Tout à coup, ils découvrent un autre aspect de sa présence. La voix du Père, qui déclare son amour pour Jésus son Fils, assure et certifie cette découverte. « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! »
En plus de cette révélation, voici qu'apparaissent : Moïse et Elie. C’est alors que les apôtres réalisent que l’enseignement de Jésus se situe bien dans la grande tradition du peuple Hébreux. A savoir, Moïse qui a conduit le peuple Hébreux de l’esclavage à la liberté. Et Elie, symbole de tous les prophètes qui ont annoncé un Royaume nouveau. Jésus est celui qui révèle que ce Nouveau Royaume est déjà au milieu de nous.
La liturgie de ce temps de carême nous invite à réfléchir à partir des événements vécus par Jésus et ses apôtres. Comme eux, nous sommes marqués par les difficultés et les épreuves de notre temps. Il y a celles qui nous touchent personnellement : la santé, le moral, le travail, les moyens de subsistances. Il y a aussi tout ce qui contrarie la vie de nos proches. Et puis, tout ce qui marque nos sociétés : la misère, la guerre, les otages, la pollution, les trafics etc. D’un côté, il y a tout ce qui écrase les hommes. Mais d’un autre côté, il ne faut pas oublier tous ceux qui se remuent pour les soutenir et chercher des chemins nouveaux.
Pâques doit s’éclairer par une clarté plus forte que nos épreuves. "Ne croyez-vous pas que les peuples, qui vivent l’exode, et ils sont des milliers sur les routes de par le monde, ont besoin de voir des signes de paix pour espérer malgré la douleur qui les fait crier « Justice –Paix » ? Ce qui donne force, c’est l’Amour, c’est Dieu lui-même, puisque Dieu est Amour. Ça nous oblige à rectifier nos façons de voir Dieu. Sœur Térésa, parmi tant d’autres, a été un témoin dans des situations dramatiques. Je propose quelques expressions qu’elle nous a laissées. Elles peuvent aussi nous éclairer dans notre marche vers Pâques aujourd’hui :
« La plus grande souffrance est de se sentir seul, sans amour, abandonné de tous…
Ce qui compte ce n'est pas ce que l'on donne, mais l'amour avec lequel on donne…..»
Pour mieux percevoir les signes qui nous sont donnés, il faut prendre le temps de la réflexion avec d’autres, de l’admiration et de l’appréciation de toutes les chances reçues. Après on peut mieux mesurer sur qui et sur quoi compter. On aura également la force et le courage de relever, à notre tour, les défis qui se présentent. Car c’est aussi à chacun de nous que Dieu dit : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le ».
François prêtre retraité