Évangile de Jésus Christ selon St Jean 2 1–11
« En ce temps-là, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs; chacune contenait deux à trois mesures (c’est-à-dire environ cent litres). Jésus dit à ceux qui servaient : « Remplissez d’eau les jarres. » Et ils les remplirent jusqu’au bord. Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau. Alors le maître du repas appelle le marié et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. » Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui »
Voilà une Bonne Nouvelle qui devrait nous réjouir ! Ce repas des noces est l’annonce des Noces Eternelles de Dieu avec l’Homme créé à son image, à sa ressemblance. C’est surprenant de voir Jésus, avec ses disciples, inaugurer sa mission, lors d’une fête par excellence : une noce ! Faire la fête, hier comme aujourd’hui, c’est essentiel à l’équilibre et à la vie de la société, surtout en cette période de pandémie qui dure. En effet, nous faisons tous l’expérience qu’il y a toujours des obstacles, des difficultés, des contrariétés qui rendent la vie difficile et parfois insupportable. D’où l’importance de se retrouver pour partager et faire la fête. L’histoire nous montre, que dans les moments difficiles, le peuple est capable de se ressaisir. Souvenez-vous, après la deuxième guerre mondiale, le peuple français a su réagir en organisant l’avenir : la reconnaissance de la place des femmes, la législation du travail, la sécurité sociale…. Signe, qu’ensemble, nous avons les capacités de rebondir.
Au cœur de notre réflexion d’aujourd’hui sur l’évangile, je vous propose de mettre en évidence le constat de Marie : « Ils n’ont plus de vin. » Pourquoi retenir cette interpellation ? Dans toutes les cultures, le vin est le signe de la fête, « il réjouit le cœur de l’Homme ». N’oublions pas que le vin, et en particulier le vin rouge, est bénéfique à la santé pour son tanin. Bien sûr, l’abus est néfaste. Le bon Samaritain, dans l’évangile, a versé de l’huile et du vin sur les plaies de celui qui avait été laissé pour mort par les brigands.
Le vin est le symbole de la fête, du rassemblement au point que Jésus en a fait le symbole de son sang versé pour nous et de sa présence au milieu de nous. Au soir du Jeudi-Saint, lors du dernier repas, celui de la Ste Cène, Jésus annonce à ses disciples : « Je vous le déclare: dès maintenant, je ne boirai plus de ce vin jusqu'au jour où je boirai avec vous le vin nouveau dans le Royaume de mon Père. » (St Mat au chapitre 26,26) Quelle belle image festive de la promesse d’un Royaume, où nous allons tous connaître l’ivresse d’une joie débordante de l’Amour de Dieu, illustrée par la présence des 6 jarres de 100 litres chacune. Ça veut dire que l’Amour de Dieu n’a pas de limites
Ce n’est pas un hasard, si St Jean nous raconte cette vision des noces de Cana au début de son évangile. Il s’agit tout simplement de traduire en bande dessinée « les épousailles du Fils de Dieu avec l’humanité. » Il s’agit de « l’Alliance » dont parle la bible. Autrement dit : dans cette Alliance, personne n’est exclu de cette fête de la vie de Dieu avec l’humanité. Aux noces de Cana, la salle du festin est comble au point que les organisateurs ne s’attendaient pas à une telle ampleur au point que le vin fit défaut. Jean nous associe au rêve de Dieu et nous dit : « Voilà comment ce sera, ce qui nous est promis et à quoi je vous destine. Venez à la fête ! » Ils sont tous là pour célébrer le mariage du Fils de Dieu avec son peuple. « C’est le commencement des signes que Jésus accomplit ». Comme tout mariage, ces noces sont un commencement. C’est vraiment l’inauguration d’une célébration universelle. C’est la fête de l’incarnation, c’est la fête de la rencontre de Dieu avec l’Humanité.
Comme Jésus commence sa mission par sa présence active aux noces, cet évangile nous invite à une attention nouvelle. Il importe d’écouter, d’essayer de comprendre, de repérer, comme Marie, « les vrais manques, les vrais besoins » qui empêchent d’être pleinement Homme dans le monde d’aujourd’hui.
Dans le même sens, le pape François prend le relais de l’enseignement de Jésus en renvoyant chacun vers les « périphéries », vers ceux qui manquent toujours de l’essentiel pour une vie digne. Et en même temps, « la Miséricorde » est au cœur de son action. A savoir, avant tout palabre, il faut commencer par Aimer les gens qui sont en difficultés. Et pour les aimer, il faut chercher à les connaître et à découvrir en eux des fils de Dieu. C’est à ce titre qu’ils ont droit au même respect que chacun d’entre nous.
Même s’il y a de nombreuses polémiques autour de toutes les interpellations du pape, François ne fait qu’actualiser l’Evangile qui est une Bonne Nouvelle pour tous.
A nous également, l’Evangile demande de donner du concret à sa Parole.
François, prêtre retraité