mercredi 29 septembre 2021

Le message du Père François

 Évangile de Jésus Christ selon St Marc 10 2–16

« En ce temps-là, des pharisiens abordèrent Jésus et, pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? » Jésus leur répondit : « Que vous a prescrit Moïse ? » Ils lui dirent : « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. » Jésus répliqua : « C’est en raison de la dureté de vos cœurs qu’il a formulé pour vous cette règle. Mais, au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme. À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » De retour à la maison, les disciples l’interrogeaient de nouveau sur cette question. Il leur déclara : « Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre devient adultère envers elle. Si une femme qui a renvoyé son mari en épouse un autre, elle devient adultère. »

En écoutant cet évangile chacun de nous peut penser à des situations douloureuses : un homme et une femme qui se présentent devant le juge. C’est là que le sort de leur foyer va se jouer. Le mari a reconnu ses torts. Mais elle s’obstine à demander le divorce, car elle n’en peut plus de supporter la violence et les humiliations. Dans ce domaine les exemples ne manquent pas. On compte actuellement un foyer sur deux qui divorcent ou simplement se séparent.
La question des pharisiens à Jésus, rejoint une question très sensible dans la société d’aujourd’hui. « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? » Reconnaissons que ce passage d’évangile est à la fois rude et beau. Il nous amène à aborder un sujet extrêmement sensible, qui suscite en nous autant d’émerveillement que de souffrance, devant la beauté et les blessures. On ne peut pas ignorer tous les débats qui entraînent souvent plus de confusion que de clarté.
Il y a deux façons d’entendre cette parole de Jésus. Soit en fonction de la loi, soit en fonction de l’amour. Or, les chrétiens et les non-chrétiens ne voient dans l’institution Eglise, qu’un organisme impersonnel qui édicte des lois et prononce des interdits. Or le rôle de l’Eglise, c’est d’annoncer une Bonne Nouvelle. Jésus cloue le bec à tous ceux qui se positionnent comme légalistes, pour leur répondre en termes de service et d’amour.

Photo DR

La vie de chaque être humain est prise entre la beauté des projets et les difficultés de sa mise en œuvre. De tous temps, l’engagement pour la vie dans le mariage exigeait une décision forte des personnes concernées. Reconnaissons que dans l’histoire, le mariage comportait aussi des échecs, des incompréhensions et des souffrances. Déjà au temps de Moïse, la question de la séparation était d’actualité.
Aujourd’hui, les jeunes sont hésitants à se lancer dans un engagement durable. Devant la multiplicité des divorces, nos jeunes sont plus marqués par la peur de l’échec que par la confiance et la plupart optent pour le PACS. Il leur faut un temps beaucoup plus long pour s’engager définitivement. Et pourtant, ils aspirent à aimer et à être aimés. Mais les conditions sont toujours plus contraignantes. La longueur des études, les difficultés d’emplois et de logement, les dépendances financières rendent l’avenir incertain pour la majorité de nos jeunes. Face à ces difficultés, il importe de les soutenir, de les encourager, de les rassurer pour qu’ils découvrent l’enjeu et la beauté de l’amour conjugal dans leur vie.
Jésus n’est pas insensible à toutes les difficultés qui se présentent aujourd’hui encore. En rappelant l’autorisation de Moïse, Jésus remet en valeur le projet du créateur : « C’est en raison de la dureté de vos cœurs que Moïse a formulé pour vous cette règle. Mais, au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme. À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront qu’une seule chair ». C’est vers cet idéal que chacun est appelé. Et dans ce projet, Jésus ne condamne personne, parce qu’il connaît nos limites et nos fragilités.
En effet dans sa réponse aux pharisiens, Jésus rappelle deux choses :
- Nous sommes sur terre pour être heureux. Tel est le projet de Dieu.
- Il n’y a pas de bonheur vrai, pas d’harmonie, pas de vie, s’il n’y a pas d’alliance. Il suffit de regarder aujourd’hui l’herbe de nos jardins : « tant que la pluie ne fait pas alliance avec la terre, la sécheresse persiste et rien ne grandit. »
Il nous dit aussi que, si on contemplait un peu plus souvent le projet d’amour et d’alliance que Dieu a sur l’humanité et sur chacun d’entre nous, ça irait tellement mieux dans le monde. C’est important de rendre grâces et de dire merci à Dieu pour tous ceux et celles qui vivent dans la fidélité quotidienne, leur alliance dans le mariage, tout en sachant que ce n’est pas toujours facile. On n’est jamais à l’abri de grandes difficultés, mais Jésus nous propose de prendre le chemin de la confiance.
Un divorce, vous le savez bien, ouvre chaque fois un chemin de culpabilité plus ou moins profond. Et alors, on cherche à expliquer le pourquoi et le comment, ou bien on attribue la faute à l’autre. La culpabilité, ça vous ronge l’intérieur et ça vous dévore. Or, jamais Dieu ne culpabilise l’Homme, tellement il en est amoureux. Pour lui, une brèche qui déchire, une alliance devient une porte, il s’y engouffre pour y faire sa demeure. Son désir d’être avec nous en toutes circonstances, est si intense qu’il nous dit, au moment de la communion : « Prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps livré pour vous. » Et si cette rupture d’alliance était une nouvelle porte d’entrée, une nouvelle rencontre avec ce Dieu, amoureux de l’humanité blessée ? Et si c’était pour nous, une occasion de découvrir un aspect inconnu de ce Dieu d’Amour et de Miséricorde ?
Bonne fête à toutes et à tous les Michel – Michèle – Gabriel – Gabrielle et Raphaël – Raphaëlle !

François, prêtre retraité