mercredi 14 avril 2021

Le message du Père François

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 24, 35-48
« En ce temps-là, les disciples qui rentraient d’Emmaüs racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain. Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! » Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre coeur ? Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. » Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds. Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? » Ils lui présentèrent une part de poisson grillé qu’il prit et mangea devant eux. Puis il leur déclara : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : “Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes.” » Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. Il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait pro¬clamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. À vous d’en être les témoins. »
Certaines rencontres laissent une empreinte inoubliable, parce que les personnes ont vécu un moment de présence et de partage intenses. Combien de couples me parlent de leur première rencontre, dans des lieux bien précis et le déclic de leur premier amour. Quelle joie débordante de Marie Madeleine quand le Christ se fait connaître à elle devant le tombeau vide. Il en va de même avec les apôtres, le soir de Pâques, comme avec les disciples d’Emmaüs. Notons, que toutes les « apparitions » du Seigneur ressuscité présentent un caractère de simplicité et de familiarité amicale.
Jésus n'est pas entré miraculeusement à la manière d’un « perce-muraille »; le texte dit sobrement: « Lui même était là au milieu d'eux » et leur dit : « la paix soit avec vous ». Ressuscité, Jésus est présent en permanence au milieu des siens.
On peut comprendre que les femmes et les disciples sont déboussolés et éberlués. La "stupeur" des disciples, leur "crainte", leur "hésitation à croire" et leur "étonnement" soulignent à l'évidence la difficulté qu'ils éprouvent à entrer dans cette manière inédite de rencontrer désormais le Christ... Jésus leur fournit des signes "palpables" de sa présence qu’il est bien vivant : « Thomas, avance ton doigt ici, et vois mes mains; avance ta main, et mets-la dans mon côté » «Jésus mange devant eux un morceau de poisson grillé » et aujourd’hui avec les disciples d’Emmaüs il partage le pain. En insistant sur la réalité de Jésus ressuscité qui a un corps avec de la chair et des os, et qu'il mange, Luc veut souligner la réalité de la résurrection de Jésus : « C’est bien moi… avez-vous quelque chose à manger ? »
Permettez-moi d’ouvrir une petite parenthèse pour vous partager une « vision personnelle » de ce que sera notre corps au moment de son passage à la vie éternelle. A la manière du Christ ressuscité, nous aurons un corps immortel qui ne connaitra plus de déchéance physique. Quand je parlais de notre résurrection à un bon copain prêtre, il me disait : Nous ne savons rien. Maintenant qu’il est au ciel, il sait et moi je ne sais toujours rien ! mais j’ai la foi en la parole de Jésus : « Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi ».
En attendant ce jour glorieux, nous sommes bien ancrés sur cette terre. Alors surgit la question : comment le Christ se présente-t-il à nous aujourd'hui? Nous ne pouvons le voir à la manière humaine, pourtant, nous le rencontrons quand tout parle de lui: son Repas, où nous le reconnaissons au partage du Pain, le partage de l'Écriture, nos réunions et nos célébrations : « Là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d'eux » (Matthieu 18, 20).
Chacun de nos engagements en faveur de nos frères "démunis ou opprimés", chaque pardon donné ou reçu, chaque lutte pour la justice et la vérité, parlent encore de lui et donnent à constater qu'il est vivant et présent : « Voyez, c'est bien moi!"



La foi est un don de Dieu que chacun reçoit.

J’en conviens, la résurrection n’est pas un événement qui peut se démontrer, mais se fonde sur la FOI. Nous savons que la FOI donne des perspectives et un dynamisme qui transforme l’existence de celui qui croit, en un Homme nouveau. C’est le plus beau cadeau que Dieu nous fait. La foi est une adhésion libre et confiante, qui donne un éclairage et des possibilités inespérées.
Pour ce faire, il nous faut à la manière de Jésus, sur le chemin d’Emmaüs, faire une relecture de tout ce qui est écrit, « dans la loi de Moïse, les prophètes et les psaumes » pour comprendre tout ce qui concerne la vie et la résurrection de Jésus. La Pâque est l’accomplissement des promesses de Dieu et le sommet de toute l'histoire de son Alliance avec les hommes.
L'épisode des disciples d’Emmaüs, c’est notre histoire à nous. C'est nous qui marchons à la nuit tombante, c'est nous qui traversons des moments difficiles, c'est nous qui vivons un échec, la maladie, la douleur et parfois la mort d'un être cher. Aujourd'hui encore, Jésus marche avec nous, mais nous ne le voyons pas. Dans notre vie chrétienne, il faut tout faire pour que le Christ, ressuscité le troisième jour, ressuscite aussi dans notre vie, dans notre foi, dans notre façon de vivre notre religion avec d’autres. Il nous invite à le toucher et à le regarder. « Et après ces paroles, il leur montra ses mains et ses pieds. » Aujourd’hui, il nous invite à nous servir de nos mains pour relever l’exclu, le chômeur ou l’étranger sans papiers.
Il n'y a pas d'exclusivité dans le salut de Dieu. La vraie religion ne se mesure pas à la splendeur des églises et des célébrations, mais à la vie de Dieu qui se partage et se renouvelle. La vraie religion développe les capacités de chacun, à découvrir le sens que Dieu donne à ce qui est le plus banal dans la vie. Ce qui veut dire : découvrir la présence de Dieu en toute chose. N’est-ce pas cette FOI-là, que le ressuscité nous invite à vivre et à partager ?

François, prêtre retraité