vendredi 9 avril 2021

Le message du Père François

 Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 20, 19-31

« C’était après la mort de Jésus. Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit: « La paix soit avec vous! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau: « La paix soit avec vous! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit: « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. » Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient: « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara: « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas! » Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit: « La paix soit avec vous! » Puis il dit à Thomas: « Avance ton doigt ici, et vois mes mains; avance ta main, et mets-la dans mon côté: cesse d’être incrédule, sois croyant. » Alors Thomas lui dit: « Mon Seigneur et mon Dieu! » Jésus lui dit: « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom. »
« Les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs »


La PEUR, elle a toujours existé. - L'histoire nous montre l'ingéniosité déployée par les hommes pour se protéger. Les verrous - ils ont toujours existé. - Il suffit de voir tant de places fortes, de citadelles et de remparts. Nous sommes comme le reste du monde. Il suffit de consulter les publicités proposant des systèmes de sécurité...La peur, elle existe toujours: peur du Covid19, peur de la guerre - peur de l'avenir - peur de l'autre - peur de perdre son emploi - peur de perdre ce que nous avons - peur d'attraper le cancer, le sida - peur de perdre la vie...
Nos peurs nous enferment. Celui qui a peur se replie sur lui-même, car il ne pense plus qu'à lui, à ce qui pourrait lui arriver. Dans tous les cas, la peur est toujours mauvaise conseillère.
Les communautés chrétiennes ont parfois peur. Des penseurs chrétiens, parlent parfois à notre sujet, de frilosité. La tentation n'est-elle pas de nous protéger du monde, ce monde où agissent et s'entrecroisent les forces du mal et des dynamismes divers...ce monde dont le bouillonnement nous insécurise. - Alors la tentation est grande de nous barder de sécurités qui prennent la forme d'interdits, de refus, de changement, de méfiance devant toute recherche.
Frères et sœurs, Jésus, sans rien déranger, ni rien briser, nous rejoint au coeur même de nos enfermements et de nos peurs. L'Evangile affirme que Jésus était là, au milieu d'eux.
Il n'est pas fait mention d'un déplacement ou d'un acte décrivant son entrée: NON - "il était là au milieu d'eux.» Jésus rejoint les hommes au coeur de leurs angoisses, sans rien bouleverser. Ce sont les personnes qui, de l'intérieur d'elles-mêmes, se transforment.
De l'angoisse et de la peur, les apôtres passent à la joie et à la paix. Un des signes de la présence du Seigneur, un des critères de l'authenticité de notre foi, c'est la paix, la sérénité qui nous habite. - Une personne pacifiée ne craint plus, une personne pacifiée n'éprouve plus le besoin de se barder de sécurités, une personne pacifiée est une personne ouverte, prête à accueillir avec joie la venue de l'Esprit de Dieu.
Ce n'est pas pour rien que dans cette page, par trois fois, Jésus souhaite la paix. - Dans ce récit, il est bien évident qu'il ne s'agit pas de paix entre les peuples, mais de la paix en eux-mêmes, une paix qui suscite joie et confiance. Cette joie, les témoins de la rencontre ne peuvent pas la garder pour eux: dès que Thomas arrive, ils lui en font part.
Cette nouvelle, au coeur de ce que nous appelons la Bonne Nouvelle est tellement extraordinaire et inimaginable que Thomas ne parvient pas à croire. Ne le taxons pas trop vite d'incrédulité. La réputation que l’on fait à Thomas « l’incrédule » est étonnante puisqu’au contraire, il est le 1er apôtre à exprimer sa foi au Christ ressuscité.
Cet acte de foi de Thomas est d’ailleurs important pour nous à plusieurs titres :
- Parce qu’il nous montre que croire ce n’est pas d’abord adhérer à des vérités toutes faites ou à un credo.
- Que la foi ne consiste pas à faire disparaître les questions, les doutes ou les incertitudes, elle n’est donc pas une certitude ni une conviction profonde que l’on perd aujourd’hui pour la retrouver demain.
Non, Thomas nous montre que croire, c’est simplement recevoir et accueillir le don d’un Dieu qui se donne lui-même, or si la foi est accueil cela signifie qu’elle est d’abord relation.
En ce sens nous pouvons donc dire que Thomas est un modèle de croyant, car malgré ses doutes devant la souffrance et la mort d’un innocent, il reconnaît à travers ses blessures la présence de Dieu. « Mon Seigneur et mon Dieu », Voilà l’acte de Foi de Thomas.
Il parait que même chez les chrétiens pratiquants, il y ait un certain nombre qui ne croit pas à la Résurrection. Or notre foi repose essentiellement sur cet événement capital du matin de Pâques. Si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi, nous dit St Paul.
Chacun vit avec ses incertitudes, ses fragilités, ses besoins d'espérance et de confiance, et où va-t-il trouver la perspective et la porte qui lui ouvre l'avenir? Nous ne sommes pas seuls devant les événements de la vie. C'est pourquoi nous avons besoin du regard des autres. Comme Pierre, Thomas et les autres disciples nous avons besoin de poser des fondations solides. Leur regard est indispensable à notre regard pour mieux comprendre les événements qui nous touchent de près.

            François, prêtre retraité