lundi 25 janvier 2021

Le message du Père François

 Évangile de Jésus Christ selon St Marc 1 21–28

« Jésus et ses disciples entrèrent à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes. Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit impur, qui se mit à crier : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth? Es-tu venu pour nous perdre? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. » Jésus l’interpella vivement : « Tais-toi! Sors de cet homme. » L’esprit impur le fit entrer en convulsions, puis, poussant un grand cri, sortit de lui. Ils furent tous frappés de stupeur et se demandaient entre eux : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. » Sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de la Galilée. »
La Bonne Nouvelle annoncée par Jésus s’adresse à tout le monde. Dimanche dernier Jésus appelle ses premiers disciples. Ils vont être avec lui, les messagers de la Bonne Nouvelle. Et aujourd’hui, Jésus donne un témoignage exceptionnel : « Il parle avec autorité ». Sa Parole est crédible, parce qu’on peut lui faire confiance. Ce qu’il dit, est VRAI !
Enfin, voilà un homme qui n’hésite pas à s’attaquer au mal. Et il n’y a rien de mieux que de le dénoncer pour le combattre et permettre à chacun de retrouver sa liberté. Lorsque le mal est identifié, on peut l’attaquer de front. La difficulté, c’est de l’identifier comme « mal ». J’évoque souvent cette belle image du « serpent » dans le récit de la création. Il se faufile gentiment dans nos vies sous des attraits mirobolants en te faisant croire que tu es le meilleur et le plus beau. D’où l’importance du discernement. En effet, il est tellement plus facile de trouver « un bouc émissaire » sur lequel on pourra se décharger de toutes ses rognes. Mais en fin de compte, si ça soulage sur le moment, ça ne règle pas le problème, et le mal sera toujours aussi pervers. Habituellement, on se contente de décrire et même de hurler ce qui fait souffrir et qui enchaîne. C’est vrai pour les maladies du corps, mais tout autant, pour les difficultés engendrées dans « le vivre ensemble ». Belle illustration : il suffit de suivre les « palabres stériles » qui ont lieu autour du projet de loi : « Séparatisme » (un petit exemple : Il ne faut surtout pas aborder la question du VOILE, le mal est déjà bien installé qu’on ne peut plus faire marche arrière. No comment !)



Jésus va à la synagogue et tout le monde est étonné, car il parle en Homme qui a autorité et non pas comme les scribes qui disent et ne font rien !. Si, les scribes et les pharisiens augmentent les charges qui deviennent des contraintes supplémentaires pour les gens du peuple, au lieu de les protéger. Jésus, par sa Parole et ses actions rend libre et redonne vie à ce qui paraît mort. En cela, ce qu’il dit est VRAI ! Sa parole est crédible parce qu’il débusque le mal et en même temps il le chasse. Le résultat, c’est que « l’homme tourmenté », présenté par l’évangile, retrouve pleinement sa place dans la société. Tous ceux qui sont présents, s’inquiètent. « Qui est donc cet homme qui parle avec autorité ? » Qui est ce Jésus ? Quel est son pouvoir ? Cette question des Juifs de Capharnaüm, c’est aussi notre question à nous aujourd’hui.
Jamais nous n’aurons fini de découvrir le mystère de Jésus, le mystère d’un Dieu qui aime tellement l’homme, qu’il s’est fait homme lui-même. Le fait d’épouser la condition humaine, met Jésus à notre portée. En aucun cas, Jésus ne se sert pas de la puissance du pouvoir sur les gens, mais il se comporte comme « le serviteur », celui qui rend service. Par son exemple, il invite chacun à le suivre sur ce chemin. Chacun a des services à rendre aux autres selon ses capacités, ses talents, son rang dans la société.
Ce qui fait l’autorité de Jésus, c’est qu’il est Fils de Dieu, l’envoyé du Père pour guérir et sauver tous les hommes. Jésus, par ses paroles et ses actions, transforme l’homme au plus profond de lui-même. Il l’invite à se dépasser, à sortir de lui-même pour qu’il prenne conscience, qu’il fait partie des enfants de Dieu.
L’autorité de Jésus se fonde principalement sur le témoignage qu’il a donné tout au long de sa vie. Toute sa vie, Jésus a appelé les hommes à aimer, non en paroles, mais en actes et en vérité, et lui-même a été jusqu’au bout de l’Amour. En acceptant le risque de sa mort, il fait confiance à son Père. Tout ce que Jésus a fait durant toute sa vie n’a rien à voir avec un pouvoir personnel. Pour lui, l’essentiel, c’est de faire connaître l’amour du Père. Cette connaissance, rend libre !
En ce début d‘année 2021, au niveau de la « Maison Terre », l’avenir est plein d’incertitudes. Incertitudes devant l’évolution climatique, politique, économique et religieuse. En France, comme dans de nombreux autres pays, que d’inquiétudes occasionnées par cette pandémie ? Que d’inquiétudes devant l’avenir des jeunes quant à l’emploi, leurs loisirs, leur façon de vivre et même leur désespoir ? Et pour les plus jeunes, ceux qui vivent l’échec scolaire, les souffre douleur. Et pour les adultes, ce fossé toujours plus grand entre grandes richesses et grandes misères. Et entre ces deux extrêmes toujours plus criants, la majorité qui tend le dos.
Notre société, y compris l’Eglise, a besoin d’hommes audacieux, qui ont le courage de dénoncer le mensonge, les magouilles, les trafics de tout genre…Il y a bien trop de faux fuyants, de tromperies qui occupent le terrain, alors qu’on a besoin de gens qui se mettent au service de la Vérité, de la Justice et de la Paix.
Comme croyants, si nous voulons prendre la suite de Jésus et parler avec autorité, il faut que notre vie soit conforme à notre foi. Il importe de débusquer les racines du mal qui ronge tant de nos frères humains, pour y porter remède. Cela suppose des partages, des échanges, des recherches, une mobilisation et des actions. Ainsi, aujourd’hui, la 68° journée mondiale de lutte contre la lèpre est le résultat de la foi de Raoul Follereau. Quand il a vu la misère, provoquée par cette grave maladie, il a trouvé les moyens de rassembler des chercheurs, des médecins, des bénévoles. Aujourd’hui, on nous sollicite pour soutenir cette action bienfaisante pour toute l’humanité. Au lieu de baisser les bras, à l’exemple de cet homme, comme de tant d’autres qui ont suivi le Christ, puissions-nous entrer dans cette démarche d’identifier le mal pour « l’expulser » et naître à une vie nouvelle.

François, prêtre retraité