mercredi 30 décembre 2020

Le message du Père François

 Évangile de Jésus Christ selon St Matthieu 2 1–12

« Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. » En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple, pour leur demander où devait naître le Christ. Ils lui répondirent : « À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël. » Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez-vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. » Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant. Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin. »

Vous avez noté, l’évangile ne parle pas de 3 mages, mais des « Mages venus de l’Orient ». Alors pourquoi on parle de 3 rois mages ? La tradition leur a même donné un prénom : Melchior, Gaspard et Balthazar. Aujourd’hui, ils seraient 5 Mages. Au temps de Jésus, le monde connu recouvrait trois continents : l’Afrique, l’Asie et l’Europe. Depuis, on a rajouté 2 autres continents : l’Amérique et l’Océanie. Ces symboles représentent l’ensemble de l’humanité connu à cette époque. Ces Mages donnent à la fête de Noël sa dimension universelle. C’est bien le sens du mot Epiphanie : manifestation de Dieu à toute l’humanité. Jésus, né dans le peuple et les traditions juives, est d‘abord un être humain ; donc, frère de tous les hommes. En même temps il est unique, son originalité, c’est d’être le Fils de Dieu. Jésus, comme chacun est unique, particulier et pourtant, il appartient à la même famille humaine, à l’exemple d’une fratrie !
Revenons aux Mages de l’évangile. Chacun avec ses racines, sa culture son identité, ses mises en marche se retrouve à Bethléem. Ils ont en commun le souci de chercher le sens de leur vie qui est plus large que leur personne. Et l’évangile de ce jour leur fait dire : « Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui » Quelle est donc cette étoile ? Est-ce un astre, une comète ? Ce symbole de l’étoile représente une lumière qui n’est pas seulement repérable par la vue. N’est-ce pas plutôt une lumière intérieure ? C’est celle qui a conduit les bergers à la crèche. C’est encore cette lumière qui a conduit Marie et Joseph à fuir en Egypte. Et c’est encore cette lumière qui reconduit les Mages « par un autre chemin. » N’est-ce pas cette même lumière qui se manifeste à chacun ? Comme pour les Mages, cette étoile porte un message de FOI.
Notre vie est un voyage dans lequel nous cheminons souvent de nuit. Elle ressemble étrangement à celle des Mages. Notre vie est faite d’épreuves, d’espoir, de cheminement, d’hésitation, de lumière et d’obscurité, de certitude et de doute. Il y a des jours où le ciel nous paraît sans étoiles. Que faire dans ces moment-là ? Comme les Mages, il est nécessaire de nous arrêter pour demander l’aide des autres. Nous avons besoin du savoir et de l’expérience des autres pour éclairer notre chemin.

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A l’occasion de la nouvelle année, nous formulons des vœux en souhaitant le meilleur à tous nos amis. Le premier souhait : c’est, bien sûr et avant tout, une bonne santé, surtout en cette période de pandémie où on se sent fragilisé et même gagné par la peur. Or nous savons que la peur est mauvaise conseillère.
On souhaite un travail à ceux qui en manquent, parce que le travail permet de vivre de façon autonome et rend acteur pour le bien de tous. De plus, le travail permet d’améliorer les liens avec les gens et avec le monde. Dans les souhaits, la paix est au cœur de nos préoccupations, mais nous mesurons la difficulté de la mettre déjà en œuvre dans nos liens et dans nos familles. C’est encore beaucoup plus difficile et tellement nécessaire entre les peuples. Pensons à la Syrie, à la Palestine, au Centre Afrique et à plusieurs autres pays d’Afrique : trois soldats tués ces jours-ci au Mali. On attend, et les victimes s’ajoutent.
Tous les vœux que nous avons formulés reposent sur des observations concrètes. Ils méritent certainement d’être mis en œuvre, mais bien souvent nous en restons à une formulation superficielle. L’étoile a conduit les Mages à des découvertes et à des retournements. A leur suite, nous devons prendre garde à la cohérence de nos actes avec nos « belles paroles ».
La fête de l’Epiphanie met en valeur deux aspects importants de notre humanité qui ont leur source en Dieu. En se manifestant d’une façon inattendue et impensable en son Fils Jésus, Dieu rappelle que chaque être humain est unique et doit être respecté comme tel. Et le deuxième aspect : Jésus vient sauver toute l’humanité, de même chacun est invité à apporter le meilleur de lui-même à la société. Ces deux aspects exigent pour leur mise en œuvre, une attention permanente et un grand respect de l’évolution de chacun.
Comme les Mages, les chrétiens sont, en permanence, des « chercheurs de Dieu » !
Bonne et Sainte Année 2021
À vous tous !

François, prêtre retraité