vendredi 25 septembre 2020

La BD « La Moselle déracinée » est historique et émouvante.

 



Charly Damm et François Abel  ont réussi dans la BD « La Moselle  déracinée », non seulement à raconter la tragique histoire de la Moselle de 1939 à 1945, mais aussi celle  des familles qui ont vécu cette douloureuse période et souffert dans leur chair.  Cela commence par l’évacuation en 1939, les expulsions, les déportations, les incorporations de force et cela se termine par la libération en 1945, suivie du retour de tous les déplacés et la reconstruction des maisons détruites. La BD sera présentée lors de la Foire Internationale de Metz.

 

L’évacuation en septembre 1939


Le scénario de Charly Damm illustré par François Abel, met le lecteur en situation réelle de cette triste période.

Cette évacuation a très souvent été commentée durant les veillées d’hiver après guerre. Quitter sa maison avec 30 kg alors que le mari est mobilisé pour rejoindre la Vienne ou la Charente, en chariot, puis en train à bestiaux est une  grande épreuve. Être logés dans des maisons, sans toilettes et devoir cuisiner dans un chaudron est une déception inoubliable pour toutes les femmes, dont beaucoup étaient devenues chèfes de famille. Cet exode se déroule devant les yeux du lecteur comme un film et nous remet en situation réelle.  De plus, la plupart  ne pouvaient pas communiquer correctement avec leurs hôtes ne sachant pas parler le français.  Et pourtant, à la fin, ils ont sympathisé et se sont aidés mutuellement.  


Une période instable et dangereuse


A leur retour en 1940, les Alsaciens-Lorrains sont contrôlés à Saint-Dizier, certains sont refoulés, car ils sont indésirables. Après le retour,  c’est la grosse surprise, ils redeviennent allemands et sont sous la coupe de Josef Burkel , administrateur de la la Moselle. Les enfants suivront la classe en allemand.

Burkel veut aprivoiser les Mosellans, éliminer l’influence de l’église, briser l’unité  de l’Alsace Lorraine, l’agrandir et germaniser tout le territoire. Tous ceux qui ne suivent pas sa consigne, il les expulse. Il en est ainsi de l’évêque de Metz, de nombreux prêtres, des francophones, des Français de l’intérieur, des juifs, des assistés, tous ceux qui critiquent Hitler…





Pérégrination d’une famille du Bitcherland


A la fin de  l’ouvrage, Charly Damm, raconte l’histoire vraie de la famille d’Antoine Sprunck d’Ormersviller.  Elle est  évacuée en Charente alors qu’Antoine, père de cinq enfants, est mobilisé. Il laisse à la maison son épouse Agathe, Yvonne 14 ans, René 13 ans et Joseph 6 mois.   Marie-Thérèse 10 ans et Valérie 7 ans,  sont en vacances en Alsace et seront séparés de leurs parents pendant tout le séjour en Charente. Après sa démobilisation à Noël 1940, Antoine va travailler à l’usine à Ruelle, puis en septembre c’est le retour au pays. Surprise, le train s’arrête à Sarrebourg, mais Antoine et d’autres retournent au Bitcherland. En novembre, les militaires allemands  expulsent près de 9 400 habitants de 18 communes dans le Saulnois et la région messine. Ils  devront remplacer les francophones expulsés.   Antoine devient gérant d’une ferme  à Manhoué. En 1944, son fils René est incorporé de force à 18 ans. Le 30 septembre 1944, la famille est évacuée à Nancy où elle passe l’hiver, puis  le 15 mars 1945 elle rejoint Dieuze où Antoine va travailler  dans une scierie. La famille ne pourra rentrer  à Ormersviller que le premier avril 1946, et habitera dans des baraquements jusqu’en 1954 et Antoine doit recommencer à zéro son exploitation agricole.


Joseph Antoine Sprunck