Évangile de Jésus Christ selon St Jean 20 19–23
C’était après la mort de Jésus ; le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »
Durant ces deux mois de confinement, nous avions la possibilité de réfléchir, d’aller en nous-mêmes et accepter de reconnaître nos limites, nos fragilités. Ce coronavirus n’est pas tombé comme cela du ciel, il est le résultat certainement de négligences ou de vouloir d’hommes. Il suffit de regarder le spectacle du monde qui n’est pas toujours très réjouissant, il semble que le bulldozer du mal écrase et anéantit tout le bien que l’on a mis tant de temps à construire. Je suis horrifié quand j’assiste impuissant face aux raids dévastateurs de villes entières comme en Syrie, Irak….des gens qui ont tout perdu y compris des vies humaines.
Bien des valeurs évangéliques sont battues en brèche : douceur, paix, joie, service, patience, humilité, fidélité, foi… Il y a de quoi désespérer de l’homme et de l’humanité.
Face au mal, le 1er réflexe est de se replier sur soi, s’enfermer, un peu comme les apôtres après la mort de leur maître. Or nous savons que l’enfermement va à l’encontre de tout développement et épanouissement de la personne. Jésus prévoyant ce qui allait se passer chez ses apôtres après sa mort, leur promet un défenseur : l’Esprit Saint.
Effectivement lorsque les apôtres reçoivent l’Esprit, la première chose que l’on observe, c’est qu’il les fait sortir, il fait disparaître, anéantir leurs peurs.
De quelles peurs s’agit-il ?
D’abord la peur de soi : Avoir peur de soi, c’est manquer de confiance en soi, se croire nul, incapable, bon à rien, croire que je ne suis pas aimable, que je ne compte pas aux yeux des autres. J’accompagne aujourd’hui des adultes qui sont encore traumatisés depuis leur enfance, parce que des parents ou des enseignants leur ont fait comprendre qu’ils sont bons à rien.
La conséquence de cette peur de soi, c’est qu’elle empêche toute relation vraie, profonde, enrichissante : Je vis dans ma bulle.
Il y a aussi la peur des autres : C’est croire qu’ils ne voient que mes limites, mes lacunes, croire qu’ils me veulent du mal, qu’ils se rient, se moquent de moi.
La conséquence de cette peur des autres c’est que je me protège, toujours prêt à mordre, à rebondir nerveusement. Je vis sur la défensive puisqu’il me semble que les autres sont méchants avec moi.
Il y a enfin la peur du monde et des événements. Peur de ce qui peut m’arriver, croire que ça n’ira jamais mieux. Combien sont tétanisés par cette pandémie, qui n’osent plus sortir, faire leurs courses, rencontrer les amis.
Ce qui a pour conséquence : la paralysie. Je n’ose rien, je n’entreprends rien puisque ça ne sert à rien, c’est fichu d’avance.
Or l’Esprit que Jésus promet à ses apôtres, c’est un Esprit non pas de peur, mais de liberté. Il nous libère de tout, même de la loi nous dit St. Paul.
L’Esprit de la Pentecôte me donne d’abord confiance en moi. Il m’autorise à croire que je suis quelqu’un d’unique, respectable, doué de talents et qu’au-delà de mes limites, je peux être aimé pour moi-même.
L’Esprit de la Pentecôte me rend libre par rapport aux autres. Il me donne l’audace d’aller vers eux et d’exprimer ce que je pense, ce que je crois. Il me permet de croire en eux, en leur sollicitude, amitié, fidélité.
Enfin l’Esprit de Dieu me rend libre devant les événements, devant le monde. Il me fait comprendre que l’histoire n’est pas écrite d’avance, qu’ensemble, nous avons le pouvoir de la modifier, d’influencer sa trajectoire. Et devant les événements que je ne peux changer, l’Esprit me donne la force, le courage de leur faire face.
Combien de femmes et d’hommes tout ordinaires, que rien ne semblait destiner à une vie hors du commun, grâce à l’Esprit qu’ils ont laissé agir en eux, ont réalisé des exploits et marqué le cours du temps. Pour ne citer : St François d’Assise, Mère Thérésa, Sœur Emmanuelle, l’Abbé Pierre, St Jean XXIII…ils ont osé, ils ont risqué, ils nous ont fait réfléchir pour oser à notre tour. Celui qui reste enfermé dans sa peur, son incertitude, dans ses « à quoi bon » … fait le jeu du malin. C’est ce que Jésus appelait le « péché contre l’Esprit ».
Mais se laisser habiter par l’Esprit de Pentecôte, c’est croire que moi, ici, maintenant, quel que soit mon âge, mes capacités…avec l’aide des autres, je suis apte à faire du neuf, à créer un monde nouveau, une humanité plus grande et plus belle où chacun est apprécié, encouragé à donner le meilleur de lui-même. Amen !
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Le pape François a annoncé, dimanche matin 24 mai, une « année spéciale Laudato si’» pour marquer les cinq ans de son encyclique et inviter à une conversion
Photo J.A.S.
La belle verdure qui entoure la grotte de Haspelschiedt
écologique du monde d’après la crise du Covid-19. « Le Covid-19 a clairement mis en évidence la profonde interconnexion et l’interdépendance qui existe entre nous tous. Pour commencer à imaginer un monde post-pandémique, nous devons tout d’abord adopter une approche intégrale », explique le dicastère pour le développement humain intégral qui rappelle le « tout est lié » de François dans son encyclique.
Une prière pour l’année Laudato si’
Pour cette année spéciale Laudato si’, le Dicastère pour le développement humain intégral propose une prière que le pape François inviter à prier.
« Dieu aimant, Créateur du ciel, de la terre et de tout ce qu'ils contiennent.
Ouvre nos esprits et touche nos cœurs, afin que nous puissions faire partie de la création, ton don.
Sois présent pour les nécessiteux en ces temps difficiles, en particulier les plus pauvres et les plus vulnérables.
Aide-nous à faire preuve de solidarité créative pour affronter les conséquences de cette pandémie mondiale.
Rends-nous courageux en acceptant les changements apportés à la recherche du bien commun.
Maintenant plus que jamais, que nous pouvons tous nous sentir interconnectés et interdépendants.
Assure-toi que nous pouvons écouter et répondre au cri de la terre et au cri des pauvres.
Les souffrances actuelles peuvent être les douleurs de l'accouchement d'un monde plus fraternel et durable. »
François, prêtre retraité