samedi 12 octobre 2019

Le message du Père François

Évangile de Jésus-Christ selon St Luc 17 11–19
En ce temps-là, Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la région située entre la Samarie et la Galilée. Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent à distance et lui crièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous. » À cette vue, Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. » En cours de route, ils furent purifiés. L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c’était un Samaritain. Alors Jésus prit la parole en disant : « Tous les dix n’ontils pas été purifiés ? Les neuf autres, où sont-ils ? Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! » Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »
« Jésus arriva aux frontières de la Samarie et de la Galilée. »
Les frontières posent des problèmes à de nombreux pays. En Europe il faut se protéger des immigrés ou des réfugiés qui veulent nous rejoindre. En France, on parle de quotas, garder les meilleurs… En Terre Sainte on continue à occuper les territoires Palestiniens et on continue à ériger les murs par peur des attentats. En cela, les Américains ne sont guère mieux quand ils dressent des murs pour empêcher l’invasion des Mexicains. Et aujourd’hui, « le président turc a annoncé ce mercredi le début d'une nouvelle opération militaire, baptisée "Printemps de la paix", contre la milice kurde des Unités de protection du peuple. Des frappes aériennes ont visé plusieurs villes frontalières, des civils ont été tués, selon les forces kurdes ». Cette énumération nous fera mieux comprendre que la lèpre n’est pas seulement une maladie de la peau !
En marchant vers Jérusalem, Jésus traversait « la région située entre la Samarie et la Galilée ». Entre les Samaritains et les Juifs le voisinage était difficile. Les premiers étaient considérés comme impurs par les seconds. Entre les uns et les autres la cohabitation était impossible. On se rappelle l’étonnement de la Samaritaine : « Comment ! Toi qui es Juif, tu me demandes à boire ! » Ou encore la provocation de Jésus quand il valorise le bon Samaritain qui porte secours au blessé du chemin, alors que prêtre et lévite l’ignorent.
Le récit nous montre d’autres frontières. Entre ces lépreux qui s’avancent vers Jésus et le reste de la population, la séparation est plus grande que celle qui oppose deux régions. La mise à l’écart de ce genre de malades s’imposait. On y voyait une condamnation de Dieu. Le devoir d’un lépreux était de se présenter au prêtre qui, constatant le mal, le déclarait impur. Il avait alors à se soumettre aux interdits qu’on trouvait dans la Bible dont le premier consistait à vivre en-dehors de la société. En réalité, ce qu’on désignait comme lèpre n’était souvent qu’une maladie de peau dont on pouvait guérir. Dans ce cas on retournait auprès du prêtre pour qu’il constate l’intervention de Dieu et qu’ainsi il puisse retourner vivre auprès des siens. « Allez-vous montrer aux prêtres ! »
Une autre frontière est encore à considérer. Un des lépreux, « voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâces ». Il était le seul à dire merci. Il a reconnu que c’était Jésus, le Fils du Dieu vivant, qui l’a guéri. Une fois guéris, les neufs lépreux se sont repliés sur leur identité nationale : obéir avant tout à l’accomplissement de la loi. Ils n’ont pas vu plus loin que leur temple : c’était dommage.
Un lépreux, il fallait que ce soit encore un Samaritain, qui avait perçu que le monde ne tournait pas autour du Temple de Jérusalem ; il est revenu sur ses pas pour découvrir que Dieu était sur son chemin.
Devant le mal, Jésus a une démarche tout à fait nouvelle qui tranche avec la nôtre. Jésus n’a pas peur et ne fuit pas les lépreux. Au contraire, Il est la bonté même de Dieu, incarné dans le tissu humain. Il dialogue avec eux jusqu’à leur conseiller une démarche qui sera le chemin de leur guérison.
Aujourd’hui, si nous voulons suivre Jésus, il nous faut aussi chercher des chemins de guérison qui transforment nos mentalités et nos façons de voir et de vivre. Mais pour cela, il est indispensable de prendre du recul pour se laisser animer par l’Esprit de Dieu et savoir lui exprimer notre reconnaissance et la joie de le servir. Savoir lui dire aussi MERCI ! Sinon, c’est l’esprit du monde et du mal qui l’emportent. Prendre du recul pour un chrétien, c’est se familiariser davantage avec la Bonne Nouvelle que Jésus nous a donnée.

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« N’ayez pas peur ! » Seigneur, donne-nous la force et le courage d'être bon pour les autres, comme
toi tu l'as été pour les hommes de ton temps.

François, prêtre retraité