Il y a 80 ans en septembre 1939, 302 700 Mosellans habitant sur la zone frontalière allemande doivent quitter leur maison, leurs terres, leur village pour rejoindre la Charente ou la Vienne.
A Volmunster, le 1er septembre 1939, les gendarmes apportent l’ordre d’évacuation dans l’après-midi. Vers 17h les caravanes de voitures attelées de vaches et de chevaux prennent la direction de Diane Capelle où les bestiaux sont vendus et le 10 septembre ils partent en train.
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Le wagon à bestiaux
On a seulement le droit d’emmener 30 kg de bagages par personne. Ils voyagent durant 48 h dans des wagons à bestiaux. Le train s’arrête dans les grandes gares où la croix rouge leur servait à manger. A la gare de Jarnac, les vignerons viennent chercher les réfugiés en tombereaux.
Cohabitation avec les Sigognais
Les Volmunstérois sont logés dans les chambres et les logements inoccupés. Certains sont engagés dans des fermes, d’autres deviennent métayers, et d’autres vont travailler dans des usines. Quand les Sigognais découvrent ces Lorrains, dont beaucoup ne parlent que le dialecte francique, surtout ceux qui ont fréquenté l’école allemande durant l’annexion de la Moselle de 1871 à 1918. Ils sont surpris. Quand les hommes mobilisés viennent en permission en tenue militaire française, très vite ils se rendent compte que ces Lorrains sont français et de bons patriotes.
Expulsion par les Allemands
En septembre1940, les Allemands demandent aux réfugiés de retourner à Volmunster. La plupart ont repris le train jusqu’à Sarrebourg. Certaines familles restèrent en Charente jusqu’en mai 1946. Hélas l’autorisation de retourner à Volmunster ne sera jamais accordée durant la guerre. Pourtant certains y retournent, réparent les dégâts aux maisons et s’y installent.
Le grand camp de Bitche
Le 11 novembre 1940, tout le monde est transplanté dans le Saulnois et la région messine. Les Allemands expulsent manu militari les habitants revenus dans 18 communes du Bitcherland pour agrandir le camp de Bitche. Volmunster ne sera libéré que le 16 mars 1945 par les Américains.
Habiter dans des baraquements
Les baraquements dans la rue Emile Gentil
Après la libération, les habitants ont trouvé leur maison en ruines, certains décident de loger provisoirement dans les caves avant de mettre la maison hors d’eau. A partir de novembre 1945, l’Etat implante les premiers baraquements sans aucun confort, il n’y a ni eau courante, ni électricité. Les habitants doivent chercher l’eau aux abreuvoirs et l’électricité ne viendra que début 1946. Ce ne sera que le 16 janvier 1946 que l’école de Volmunster est rouverte par André Schutz. En mai 1946, les “restés” en Charente prennent un train spécial pour revenir à Volmunster où ils habiteront dans des baraquements situés dans la rue du stade. Alors qu’en Charente ils vivaient confortablement dans des maisons, ils devront habiter ces baraquements inconfortables plusieurs années. La reconstruction des maisons ne se terminera qu’en 1960.
Joseph Antoine Sprunck