vendredi 18 janvier 2019

Le message du Père François

Évangile de Jésus Christ selon St Jean 2 1–11
« En ce temps-là, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures (c’est-à-dire environ cent litres). Jésus dit à ceux qui servaient : « Remplissez d’eau les jarres. » Et ils les remplirent jusqu’au bord. Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau. Alors le maître du repas appelle le marié et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. » Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui. »

Avec les noces de Cana, l’Eglise met en valeur la dimension festive de la vie !
Jésus vient d'appeler ses premiers disciples. Ceux-ci ont quitté Jean Baptiste pour le suivre. Or voilà qu'au moment où il commence son ministère, il ne trouve rien de mieux que de la fête à une noce, quelle surprise ! En effet, avec Jean Baptiste, on ne faisait pas la fête. On se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Mais Jésus commence sa mission de cette manière, parce qu'il a un message important à transmettre.
Ce passage d’évangile proposé aujourd’hui, ne doit pas être regardé comme une simple chronique de journaliste. L’eau changée en vin est bien sympathique, ainsi les convives peuvent continuer la fête. Mais si on en reste là, on manque l'essentiel de l'évangile. Saint Jean, l’évangéliste ne nous parle pas de "miracle" mais de "signe", et ce n'est pas la même chose. Il nous faut donc prendre le temps pour lire entre les lignes et découvrir ce qui est sous-entendu.
En effet, au-delà du mariage de Cana, il y a un autre symbole : C'est l'alliance du Christ et de son Eglise. Comprenons bien : Toute la Bible nous montre un Dieu qui s'adresse aux hommes en termes d'amour et d'alliance. C'est cela qu'il faut mettre en valeur dans cet évangile. Il s’agit de la nouvelle alliance entre Dieu et les Hommes. Le mariage des époux aujourd’hui est aussi « signe » de l’Alliance de Dieu et des Hommes. Et ce signe ne peut être parlant que dans la mesure où chacun s’y engage avec le meilleur de lui-même, pour une vie nouvelle.
Au-delà du manque de vin, l'évangile nous invite à prendre conscience de tous nos manques, manques d'amour, manque de raisons de vivre et d'espérer. A Cana, Jésus se mêle à l’humanité qu’il veut « épouser ». Cette humanité est conditionnée par les habitudes, les règles. C’est avec ces limites et ces enfermements, dans ces situations concrètes que Jésus veut rejoindre cette Humanité. Marie, mère attentionnée voit tout cela et lui dit : "Ils n'ont plus de vin" Puis « elle dit aux servants : Faites tout ce qu'il vous dira."
Pour en revenir à l’actualité, depuis novembre dernier, de nombreux rassemblements autour des « Gilets jaunes » ont révélé la pauvreté et la misère de nombreux citoyens en France. Aux ronds-points, les gens se retrouvent et échangent, alors ils retrouvent l’espérance. Comme aux Noces de Cana, il se passe quelque chose d’important : la confiance renaît et prend le dessus. On découvre l’urgence de pouvoir compter sur les uns et sur les autres. Cet élan, qui a mobilisé tant de bonnes volontés, mérite d’être entretenu et développé au service de tous ceux qui peinent aujourd’hui. Il ne suffit pas d’attendre les drames pour chercher des remèdes. La misère a réveillé le drame de tant de personnes qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Avant toute critique négative, n’oublions jamais la misère de ces personnes vécue au jour le jour.
Comme Jésus commence sa mission par sa présence active aux noces, cet évangile nous invite à une attention nouvelle. Il importe d’écouter, d’essayer de comprendre, de repérer, comme Marie, « les vrais manques, les vrais besoins » qui empêchent d’être pleinement Homme dans le monde d’aujourd’hui.
Dans le même sens, le pape François prend le relais de l’enseignement de Jésus en renvoyant chacun vers les « périphéries », c-à-d, vers ceux qui manquent toujours de l’essentiel pour une vie digne. Et en même temps, « la Miséricorde » est au cœur de son action. Avant toute déclaration ferme ou définitive, il faut commencer par Aimer les gens qui sont en difficultés. Et pour les aimer, il faut chercher à les connaître et à découvrir en eux des fils de Dieu. C’est à ce titre qu’ils ont droit au même respect que chacun d’entre nous, parce qu’ils font partie de notre famille humaine. On ne rejette pas un membre de sa famille.
Sachons nous rendre disponibles à la Parole de Dieu. Elle peut nous éclairer sans dicter les choix à faire. C’est pourquoi, toutes les eucharisties, les rencontres, les débats, les temps de prières pour l’unité des chrétiens sont autant d’occasions pour nous préparer à la joie des noces éternelles.

François, prêtre retraité