vendredi 9 mars 2018

Le message du Père François

Evangile de Jésus-Christ selon St Jean 3, 14-21

« En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « De même que le ser­pent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. « Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. « Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »

Dans l’Evangile de ce jour, Jésus fait référence au serpent de bronze que Moïse a fait élever au désert. Aujourd’hui, ce symbole est mis en valeur par les caducées qui signalent  les pharmacies, les ambulances, les infirmiers, les médecins…Il est bien vrai que le venin de certains serpents peut être mortel, mais aussi source de guérison.                                                                           
Les hébreux, après leur fuite de l’Egypte, ont connu la fatigue et la faim, lors de leur marche au désert, sans ombres, sans eaux, sans refuges. Comble de malheur, à toutes ces épreuves,  s’ajoutent des morsures mortelles de serpents. Ceux qui sont les plus faibles, sont les premières victimes. Il y a de quoi désespérer. Jésus relie cet événement à son engagement, en disant à Nicodème : « le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi  faut-il que le Fils de l’Homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. »  Dieu rappelle qu’il faut regarder les difficultés en face et les prendre à bras le corps. Bien souvent, la première réaction devant l’épreuve, c’est la fuite, on baisse les bras. Réagir, c’est la meilleure façon de faire face à tous les dangers. Dieu n’a pas créé l’homme pour qu’il désespère, mais pour qu’il cherche et trouve ce qui ouvre l’avenir, ce qui est porteur d’espérance. Le remède n’est  jamais de s’enfermer sur soi-même ou encore de se plaindre de son sort. C’est ensemble que nous avons à alerter, à sensibiliser et à chercher les remèdes les plus appropriés pour faire face à tout ce qui empoissonne notre existence. Pour ce faire, méfions-nous de la peur qui est toujours mauvaise conseillère. Il importe de regarder plus haut, plus loin et plus large au lieu de rester paralysé par la difficulté.   
Jésus se propose lui-même comme repère entre la vie et la mort, entre la lumière et les ténèbres. Suivre le Christ n’est pas sans difficultés. On n‘échappe pas aux épreuves, comme lui-même, qui a connu la trahison, le reniement et la mort sur la croix !  A l’image des Hébreux dans le désert qui regardaient le serpent de bronze, les chrétiens se renouvèlent et se dynamisent lorsqu’ils regardent la force d’Amour du ressuscité qui est mort sur la croix : « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime. » Donner sa vie, donner le meilleur de soi-même pour la « vie ensemble », c’est la seule façon de mettre en valeur les intérêts et les possibilités de chacun et de l’ensemble. Il suffit de regarder l’histoire du 20° siècle. Elle confirme  que l’euphorie qui a suivi l’armistice de la première guerre mondiale est retombée brutalement avec le chômage et la crise financière. Cette profonde déception mondiale a laissé la place au nazisme qui s’est engouffré dans cette illusion. Et ce fût le berceau d’une nouvelle guerre mondiale avec de nouvelles atrocités. Ce n’est qu’après coup, qu’on constate les erreurs et les dégâts. On se comporte comme des adolescents qui sont surpris des résultats de certains actes : « je n’avais pas pensé à ça ! », mais quand c’est fait, on ne peut plus revenir en arrière. Aujourd’hui,  face aux difficultés de l’existence, ne sommes-nous pas dans la même ambiguïté que certains adolescents  qui jouent à la « roulette russe » ? Regardons l’évolution de l’Europe : tous les pays de cette communauté ont connu  des périodes très difficiles qui les ont marqués.  Après avoir choisi la communauté européenne pour partager l’espoir et préparer l’avenir, chaque pays semble se replier sur lui-même. A  ce jeu-là, on va droit vers de nouvelles atrocités.  
Le temps du carême, n’est pas fait pour les privations, mais pour réfléchir et à regarder où on va, et à quoi on sert en vérité. Affrontés à des événements imprévus comme la maladie, la mort, le chômage, le divorce, la perspective d’une vie meilleure nous paraît fermée. Malgré tous nos efforts, l’impuissance semble avoir le dernier mot. Devant les grandes interrogations du monde d’aujourd’hui, le réchauffement planétaire, la crise monétaire mondiale, le sida, les bruits de guerre et les massacres de tant d’innocents en Syrie, chacun et chaque peuple se sent impuissant. Les blessés de la vie ont besoin de soutien et de secours pour faire face aux  difficultés. Dans un accident de la route, avant de chercher les causes et de faire le constat, il faut d’abord porter secours. Devant le nombre de gens qui ont faim à cause de la misère qui s’aggrave, les Restos du Cœur et ceux qui les soutiennent, organisent des collectes pour faire face. Eux aussi se sentent impuissants devant les besoins toujours plus grands, alors que les donateurs ont eux aussi moins de moyens. Au de-là de tous ces drames, la peur ne fait que grandir et entraîne au repli sur soi. Il faut bien sûr apporter secours et soutien à ceux  qui restent sur le « carreau ». Il est encore plus urgent d’éviter que se poursuive la cause de tous ces malheurs. Les combines internationales ne s’arrêtent pas avec les  beaux discours. C’est comme la gangrène qu’il faut éradiquer en éliminant toute contagion. L’évangile est clair quand il nous dit : « Dieu a envoyé le Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé. »                                                                                         Ce carême de 2018 prend une couleur particulière avec l’actualité, et nous sollicite pour vivre cette mutation dans notre vie d’homme et de chrétien. Si le Christ est ressuscité, on peut lui faire confiance, car il nous conduit sur le chemin de l’Avenir.

François, prêtre retraité