samedi 24 juin 2017

Le message du Père François

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Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (10, 26‑33)

« En ce temps-là, Jésus disait à ses Apôtres : « Ne craignez pas les hommes ; rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est caché qui ne sera connu. Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en pleine lumière ; ce que vous entendez au creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits. « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps. Deux moineaux ne sont-ils pas vendus pour un sou ? Or, pas un seul ne tombe à terre sans que votre Père le veuille. Quant à vous, même les cheveux de votre tête sont tous comptés. Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux.
« Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. Mais celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux. »

Quand Jésus utilise le mot : « Géhenne », il fait référence à ce qui était, en son temps, la pire des déchèteries. C’est là où on jette, où on brûle, où on fait disparaître tout ce qui fait obstacle à la vie. Le mot « Géhenne » ne nous dit pas grand-chose. Par contre, ce qui fait peur aujourd’hui, c’est d’être atteint du cancer, du sida, des maladies nosocomiales, ou orphelines… Toutes ces affections nous font terriblement peur, au moment du verdict. C’est un fait que ces dernières années, la médecine a progressé considérablement, en même temps, il faut reconnaître ses limites. Nous prenons conscience de l’importance de nos façons de vivre, pour être bien dans sa peau ! De plus en plus de gens font attention à mener une vie plus équilibrée, une nourriture plus saine, et on redécouvre les bienfaits des plantes et de la nature. Mais n’oublions pas de souligner aussi : l’importance de la dimension spirituelle en chacun de nous. Cette dimension est essentielle, même si elle paraît secondaire et laissée dans l’ombre.  En effet, « Aimer son prochain » c’est essentiel, c’est ce qui nous rend humain. Alors nous pouvons dire OUI « La santé sous tous ses aspects ! », celle du corps et celle de« l’âme ». C’est vrai aujourd’hui, c’était également vrai hier au temps du Christ. Jésus ne voulait pas passer pour un « guérisseur ». 
Lorsque Jésus guérissait, il ne se bornait pas à rendre la santé physique. Il réintégrait d’abord, ceux qui en étaient exclus dans la société. Pour Jésus, la vraie guérison qu’il est venu apporter, c’est de permettre à chacun, de découvrir que Dieu est Père.  La maladie, considérée comme la conséquence d’un péché personnel ou héréditaire, faisait perdre certains droits et conduisait vers une citoyenneté de seconde zone. Or dans le royaume de Dieu, il n’y a pas d’exclus, de bannis, de parias. 
Améliorer la santé, c’est la regarder sous tous ses aspects. C’est bien sûr combattre les maladies et réduire les handicaps et les dégâts… Mais c’est aussi, lutter contre toutes les exclusions engendrées par notre société. Là encore, n’ayons pas peur d’en parler. Je pense à tous les handicapés que la législation veut soutenir et prévoit un pourcentage d’embauche. Certaines entreprises préfèrent payer l’amende plutôt que d’améliorer les conditions de travail. Il y a aussi des services sociaux, qu’on utilise souvent à autre chose, que d’améliorer leur place, à  ceux qui en souffrent.
Travailler pour la santé, c’est tout faire pour soulager ceux qui souffrent par la maladie, mais aussi par le racisme, le chômage, le manque de logement, etc…
Le but des élections est d’organiser la société en vue du bien commun. Les récentes élections nous montrent que plus de la moitié des citoyens français ont déserté les urnes. Chacun avait ses raisons, mais où se trouve la conscience du bien commun ? En France, nous avons la chance de pouvoir exprimer nos préoccupations et nos choix. N’est-ce pas comme pour la santé, on a besoin de spécialistes pour comprendre les difficultés, mais c’est aussi à chacun d’assumer sa responsabilité.
Revenons à l’Evangile qui nous est proposé aujourd’hui : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps…. Craignez plutôt ceux qui peuvent faire périr dans la géhenne l’âme et le corps. » 
Perdre notre âme, c’est renoncer à nos raisons de vivre humainement : c’est ne plus avoir des raisons d’espérer, d’adhérer à un idéal, à des valeurs supérieures.
Qu’en est-il aujourd’hui des valeurs comme l’honneur, la solidarité, la citoyenneté, le bien commun, les droits de l’homme…. ? Dans quel état se trouve aujourd’hui notre conscience, notre âme ?
Comment luttons-nous contre tous ces fléaux qui dégradent la personne humaine ? Sommes-nous réduits à être des consommateurs qui n’ont pas  d’autre projet de vie ? 
Certes, il importe de garder la forme et d’avoir une bonne santé. Mais sachons encourager et nous réjouir de voir tous ceux qui mettent leur force, leur dynamisme, leur joie de vivre, leur foi en Dieu, au service des autres, dans la société et dans l’Eglise.

François, prêtre retraité