jeudi 8 juin 2017

Le message du Père François

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (3, 16‑18)

« Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. »

La fête de la Pentecôte nous a invités à considérer que l’Esprit de Dieu est à l’œuvre au cœur de notre vie. De la même façon, la fête de la Trinité, nous invite à rendre le plus concret possible, la présence du Dieu Sauveur. Trop souvent, nous utilisons des mots, sans connaître le contenu. Tous les peuples ont inventé leur langage, à partir de leur expérience. De même, chaque personne doit donner un contenu au mot qu’il utilise, sinon, c’est une tromperie. On soigne la présentation, l’emballage sans rien y mettre. Dans toutes les activités humaines : travail, politique, religion, l’emballage des mots ne suffit pas. Il est obligatoire de passer au concret. Se contenter de la description de la matière, ne rend pas compte du mouvement qui donne des capacités nouvelles.

Photo La vie

 Prenons l’exemple du nouveau gadget « hand spinner » c-à-d la toupie du doigt. « Prenez en main l’objet et observez ses trois branches, séparées et pourtant liées entre elles en un seul objet. Faites-le désormais tourner : l’élan donné par le roulement à billes de l’axe central fait que vous ne voyez plus entre vos mains qu’un seul disque complet. Mus par l’élan perpétuel de l’amour divin, Père, Fils et Esprit ne sont qu’un seul et même Dieu.» Cet article de La Vie Catholique nous dit, que ce nouveau jouet peut nous aider à comprendre « un seul Dieu en trois personnes. »
La Trinité, en effet, ce n’est pas comme on le dit volontiers, un mystère insondable qu’on laisserait aux théologiens... une affaire si compliquée qu’on ne pourrait la comprendre. Si on parle justement de mystère de la Trinité, c’est pour signifier qu’on n’a jamais fini de découvrir l’immensité de l’Amour de Dieu. Le croyant s’émerveille sans cesse devant cet amour. Devenu Fils de Dieu par le Baptême, il confesse Dieu comme, Père plein de tendresse. Un Dieu qui nous a créés pour partager sa vie avec nous. Un Dieu fidèle qui fait route avec nous.                                                                       Surtout, n’oublions pas que le Christ nous a rejoints au plus profond de nos déchéances. Il a fait l’expérience de la souffrance qui défigure tant d’hommes et de femmes en ce monde, tout près de nous la pauvreté, le chômage, la solitude, les violences familiales ou sociales, les attentats, la guerre, les inondations, les feux, la famine, les réfugiés... Le Christ a traversé cette souffrance et la mort, en gardant le cap de la confiance en son Père. Et il nous aussi par-là, toute la tendresse qu’il nous porte. Au-delà de toutes déchéances, l’homme reste un enfant aimé de Dieu, et en toutes circonstances l’amour aura le dernier mot. Trop souvent, nous avons l’impression de faire l’expérience contraire, que la haine, le profit, la violence, la maladie, la fatalité l’emportent en dernier recours, comme si la mort avait le dernier mot. Or au matin de Pâques, c’est la victoire de la Vie sur la Mort, Dieu a ressuscité son Fils bien aimé. Plus encore, le Christ ressuscité nous a donné son Esprit en partage. Cet Esprit fait de nous des frères en Jésus-Christ et nous fait dire à Dieu «Notre Père ». L’Esprit Saint, l’Esprit du Père et du Fils, l’Amour qui les unit étroitement dans une harmonie parfaite, a été répandu dans nos cœurs. Nous sommes  devenus les héritiers du Père. Voilà le motif de notre joie et de notre espérance.                                                                                                                  
La Trinité, c’est un programme « politique » qui nous oblige à vivre l’unité dans la diversité. La Trinité, c’est le remède à tous les totalitarismes qui enferment l’homme dans un concept ou une idéologie. La Trinité, c’est l’audace de l’Evangile, qui empêche les hommes de s’emmurer dans des nationalismes étroits ou de satisfaire leur besoin de consommateurs repus. La Trinité, c’est l’invitation à construire une Eglise, reflet du visage d’amour du Dieu Père, Fils et Esprit Saint. C’est un programme de vie fraternelle : la joie de l’accueil et de la rencontre. Au-delà de nos étroitesses, l’Esprit du Christ ressuscité nous stimule à vivre de l’esprit des béatitudes, ce chemin de trop d’amour, ce chemin de folie qui clame le bonheur de ceux qui ont faim de la justice, de ceux qui sont persécutés, de ceux qui pleurent car ils sont en attente de la réalisation du projet de Dieu.                                                                                                                                                            Humblement mais sûrement, nous sommes les amis du Dieu Trinité, des artisans de ces béatitudes qui annoncent l’Evangile, en multipliant les engagements pour un monde plus juste et plus fraternel. Nous avons besoin des autres pour voir où l’humanité est fragilisée. Nous avons besoin des autres pour comprendre et faire face aux situations délicates. Nous avons besoin des autres pour mettre en œuvre l’Evangile. Seul, on ne peut pas être chrétien. Les autres ont besoin de nous dans nos multiples engagements et responsabilités pour construire une société, où l’Homme est premier en toutes choses. Ainsi se transmet la Vie de Dieu qu’on appelle Amour. La mission des chrétiens est de déceler la présence du Royaume au milieu des aléas de l’histoire.                                                                                                 
Notre eucharistie préfigure le banquet des noces éternelles, où chacun est attendu. Qu’elle renouvelle nos forces pour vivre plus intensément l’accueil de l’autre et la complémentarité entre les groupes humains différents. L’avenir n’est pas au repli sur nous-mêmes, l’avenir est dans la mise en œuvre avec l’apport de chacun. A l’image de la « Toupie » qui n’est toupie que lorsqu’elle est en mouvement, de même, un être humain n’est vraiment humain, que lorsqu’il est en mouvement avec les autres en lien avec l’Amour de Dieu.

François, prêtre retraité