mercredi 8 mars 2017

Message du Père François



Évangile de Jésus-Christ selon St  Matthieu 17 1–9

« En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmena à l’écart, sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière. Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui. Pierre alors prit la parole et dit à Jésus : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre, et voici que, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! » Quand ils entendirent cela, les disciples tombèrent face contre terre et furent saisis d’une grande crainte. Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : « Relevez-vous et soyez sans crainte ! » Levant les yeux, ils ne virent plus personne, sinon lui, Jésus, seul.
En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. »


           Jésus se rend compte très vite, que son message d’amour et de miséricorde est contesté. Il y a des autorités qui cherchent à le piéger et certains lui en veulent à mort ! Et même parmi ses disciples, certains l’abandonnent. Jésus, connaissant leur fragilité  veut  donner à ses proches, les moyens de faire face à la grande épreuve qu’ils vont connaître : son arrestation et sa mort. Alors il emmène Pierre, Jacques et Jean sur la montagne pour leur faire comprendre le pourquoi de cette marche vers Jérusalem. L’événement qui se passe sur cette montagne, c’est ce qu’on appelle  la TRANSFIGURATION. C’est un moment de lumière, de prise de conscience qui va  dynamiser Pierre, Jacques et Jean. Ils en auront bien  besoin, lorsqu’ils devront subir de plein fouet les événements de la passion, de l’arrestation et la mort de Jésus sur la croix.
Aujourd’hui, le CCFD-Terre Solitaire, au nom de l’Eglise de France, nous propose le mot « COMPRENDRE ». Il s’agit de regarder les chances et les  difficultés de notre existence d’aujourd’hui. Chacun d’entre nous est mobilisé par ses préoccupations et ses soucis. A cela s’ajoutent les images à répétition qui nous montrent des horreurs impensables et insupportables : les drames en Syrie, en Irak, et chez nous….il  y a aussi toutes les remises en question de la santé, de l’emploi, et le contenu de ce qu’on peut transmettre à nos enfants. Il y a aussi la grande question qui préoccupe les Français en ce moment : pour qui voter et pour quel avenir ?
Dans notre esprit, n’y a-t-il pas comme un raz de marée qui gêne toute réflexion et qui nous empêche de prendre notre responsabilité d’être Humain ? Si Dieu appelle chacun « mon enfant », c’est qu’il compte sur chacun, car nous sommes tous capables d’apporter notre part, au bonheur des autres. 
Essayons de mieux comprendre et d’entrer dans la démarche de Jésus qui se situe lui aussi dans une histoire concrète.
Avant lui, il y avait d’autres libérateurs : Moïse, Elie… des hommes qui avaient su cristalliser l’espérance  de leur peuple, ainsi que leur soif de bonheur et de liberté. Alors ce passé prestigieux est une invitation à continuer aujourd’hui, à regarder l’avenir, à se donner du courage, pour continuer, malgré la grisaille  qui ne facilite pas l’espérance.
Au sommet de la montagne, Jésus ne veut pas s’arrêter pour oublier, pour s’évader, pour fuir son destin. Il veut simplement faire le point de sa mission avec ses plus proches. Il veut aussi partager dès à présent, des perspectives, un horizon, une direction pour ne pas se laisser détourner par les multiples sollicitations et les découragements. De fait, les 3 apôtres ont plus envie de savourer le moment présent, de s’installer, de profiter de ce bonheur pour rester sur place et : « dresser trois  tentes » dira Pierre.
Bien souvent, nous sommes tentés de nous satisfaire des petits bonheurs passagers. Le monde entier est bouleversé par les nombreux événements produits par la nature et par les hommes. Les choses les plus sûres sont brutalement remises en cause par l’imprévu et les certitudes fragilisées. Tous ces chamboulements ne sont-ils pas aussi une chance offerte pour retrouver l’essentiel, et qui est appelée à traverser l’histoire. Comment repérer, aujourd’hui, les bourgeons d’espérance qui se manifestent déjà dans les cris des Hommes ? En disant que Dieu est Amour, nous affirmons l’essentiel. Mais comment donner racine à cet Amour dans les chantiers de notre existence ?
La transfiguration veut être pour nous ce rayon de lumière, cette lueur d’espoir au milieu de ce que nous pouvons connaître de très dur à vivre et à surmonter ! Que de gens vivent au jour le jour, des jeunes sans projet pour leur avenir professionnel ou sentimental… sans motivation, ni élan, ne sachant pas à quoi se raccrocher !
Oui, la mission actuelle de l’Eglise est de redonner l’espoir, la confiance, le sens de l’avenir et de rappeler la responsabilité de l’Homme qui est engagé dans la création.
Tant de chrétiens sont blasés comme le tout-venant. Ils n’attendent plus rien de la vie, de leurs semblables, de l’Eglise, voire même de Dieu. Alors comment leur permettre d’espérer, d’ouvrir ce qui semble fermé ? Il faut trouver ce petit déclic qui me fait redécouvrir que la vie vaut le coup d’être vécue ! Que ce souffle  de vie qui m’habite est quelque chose de la Lumière de Dieu en nous ! C’est une question de motivation et de foi !
Au Mont Thabor, Jésus manifeste la lumière qu’il portait en lui depuis son origine, sans que personne ne la perçoive avant cet instant de découverte. De même, chaque homme porte en lui une lumière que nous ne savons pas voir. Et pourquoi ? On n’est plus suffisamment  à l’écoute de l’autre pour l’apprécier, le COMPRENDRE et l’aimer dans ce qu’il vit aujourd’hui.  C’est bien cette lumière : présence vivante et aimante de Dieu, qui nous aide à tenir dans certaines circonstances de la vie, surtout dans l’épreuve de la maladie, de l’échec et de la mort. Jésus a laissé entrevoir son ouverture  vers le Père. Au moment de la grande épreuve, il importe de se souvenir de la résurrection de Jésus au matin de Pâques. Victoire de l’Amour sur toutes les forces du mal.
Nous aussi, pour tenir, nous avons besoin des uns et des autres pour vivre l’espérance qui vacille à certains jours.
Seigneur apprends-nous à contempler dans le visage de chacun, les reflets de ta Lumière.

François, prêtre retraité