mercredi 22 mars 2017

Le message du Père François

Évangile de Jésus Christ selon St Jean 9 1–41



« En ce temps-là, en sortant du Temple, Jésus vit sur son passage un homme aveugle de naissance. Il cracha à terre et, avec la salive, il fit de la boue ; puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle, et lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » – ce nom se traduit : Envoyé. L’aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait. Ses voisins, et ceux qui l’avaient observé auparavant – car il était mendiant – dirent alors : « N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? » Les uns disaient : « C’est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. » Mais lui disait : « C’est bien moi. » On l’amène aux pharisiens, lui, l’ancien aveugle. Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux. À leur tour, les pharisiens lui demandaient comment il pouvait voir. Il leur répondit : « Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et je vois. » Parmi les pharisiens, certains disaient : « Cet homme-là n’est pas de Dieu, puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat. » D’autres disaient : « Comment un homme pécheur peut-il accomplir des signes pareils ? » Ainsi donc ils étaient divisés. Alors ils s’adressent de nouveau à l’aveugle : « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu’il t’a ouvert les yeux ? » Il dit : « C’est un prophète. » Ils répliquèrent : « Tu es tout entier dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? » Et ils le jetèrent dehors. Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors. Il le retrouva et lui dit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? » Il répondit : « Et qui est-il,
Seigneur, pour que je croie en lui ? » Jésus lui dit : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. » Il dit : « Je crois, Seigneur ! » Et il se prosterna devant lui. »


Dans la première lecture, on nous présente un jeune homme appelé David : « Il avait de beaux yeux », c’est le 8° fils de Jesse, qui garde le troupeau.
Mais il n'est pas n’est l'élu du Seigneur pour ses beaux yeux. En effet, « Dieu ne regarde pas comme les hommes qui se contentent de l'apparence, alors que le Seigneur regarde le cœur.» Quelle leçon pour nous, qui sommes plongés dans une société de l'image, où l'apparence fait loi. Ce qui importe le plus souvent, c'est l'extérieur, la surface, ou comme on dit- le look - qui doit suivre la mode. On vous considère en fonction de vos références, de vos titres, de vos relations, de votre compte en banque. Mais rarement apparaît, ce qui se passe dans le cœur. Nos murs, nos écrans, notre société ne met en valeur que ce qui s’étale, séduit et attire.
Dans l’évangile de ce jour, la foule qui suivait Jésus, était attirée par ses paroles et sa manière d’être. Ce que nous savons, c'est qu'il ne laissait personne indifférent. La beauté du Christ n'est pas dans ses traits extérieurs, mais dans les gestes qu'il accomplit et la Bonne Nouvelle qu’il leur annonce. La beauté d’un être humain, n'est pas dans l’apparence, mais dans ce qu'il permet et transforme. Le Christ était LUMIERE, il invitait les gens à vivre comme des enfants de lumière. L'apôtre Paul nous dit: « Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d'entre les morts et le Christ t'illuminera ». Alors ta vie sera : bonté - justice et vérité.
Ces 3 mots, trop souvent utilisés pour tout et n’importe quoi, méritent qu’on s’y arrête. En effet, dans le concret de notre existence, les moments de bonté sont limités. Il y a des jours où les circonstances nous rendent plus généreux et d’autres jours où on est fermé comme une huître. Combien d’injustices nous échappent par indifférence, par aveuglement ou simplement, parce que ça nous gêne et on ne veut pas être dérangé ! C’est vrai aussi quand nous sommes confrontés au mensonge, certains jours on est prêt à en découdre et après, devant l’obstacle et la difficulté, on préfère ne rien voir. Ainsi, il arrive que nos yeux soient fermés sur les injustices et que nos pensées pactisent avec le mensonge.
Alors Jésus nous invite à prendre le chemin de la guérison, comme l’aveugle de naissance. Sa guérison n’est pas seulement pour ses yeux, mais aussi pour ouvrir son cœur. Jésus lui fait découvrir, qu’il est à la source d’une lumière bien plus grande : « Je suis la lumière du monde; celui qui vient à ma suite ne marchera pas dans les ténèbres. Il aura la lumière de la vie. » Et encore: « Qui fait la vérité vient à la lumière ».
Dans l'Evangile, il y a l'admirable simplicité de celui qui était aveugle et qui voit encore plus loin, qu'avec ses yeux tout neufs. Il voit et découvre que Jésus est un prophète. Et sur SA parole, il ouvre les yeux de son cœur à la confiance totale: « JE CROIS SEIGNEUR. »
L’évangile de ce 4° dimanche décrit toutes les ambiguïtés de la vie concrète. La guérison de l’aveugle est entourée par la trahison des pharisiens et des notables qui cherchent à éliminer Jésus. Il y a aussi la peur des parents de l’aveugle, la question des apôtres : « d’où vient le mal, qui a péché ? » A partir de ce texte d’évangile, chacun est invité à découvrir les réalités de son temps. Il importe de chercher comment aujourd’hui je suis conditionné par la vie de notre temps. En quoi je suis complice de ceux qui ne cherchent que leurs intérêts personnels ? En quoi j’essaye de mettre en valeur ce qui est parlant de la bonté, de la justice et de la vérité ?
En France, il se trouve que nous vivons, la campagne présidentielle. Les médias nous signalent que beaucoup de Français ne veulent plus voter et ne mesurent pas leur aveuglement et tout ce qui en découle. C’est le contraire de l’aveugle de l’évangile qui a vécu le drame d’être marginalisé, dépendant, isolé et qui veut voir et prendre sa place au milieu des siens.
La conversion aujourd’hui se joue sur le concret de notre existence et la remise en cause des idées toutes faites. Le CCFD-Terre Solidaire nous invite à agir, à transformer les situations d’injustices. Ça commence par dénoncer et s’attaquer aux racines du mal. Pour ce faire, il faut prendre le temps de réfléchir ensemble sur notre façon de vivre, en lien avec les autres. Sommes-nous prêts à regarder autrement les gens de notre entourage, les associations où nous sommes impliqués ? D’autre part, le CCFD-Terre Solidaire invite également à un effort financier qui peut se réaliser le 5° dimanche de Carême en paroisse ou dans les « soupes de carême ».

Aujourd’hui, prions Jésus de nous donner sa lumière et des yeux neufs pour bien discerner ce qui peut nous conduire à la bonté, à la justice et à la vérité. Ainsi nous serons plus à même de prendre notre place, dans cette grande marche vers un royaume de paix, de justice et d’amour.

François, prêtre retraité