jeudi 12 janvier 2017

Le message du Père François

Évangile de Jésus Christ selon St Jean 1, 29–34

« En ce temps-là, voyant Jésus venir vers lui, Jean le Baptiste déclara : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ; c’est de lui que j’ai dit : L’homme qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était. Et moi, je ne le connaissais pas ; mais, si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour qu’il soit manifesté à Israël. »
Alors Jean rendit ce témoignage : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui. Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : “Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint.” Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. »

           Dans l’histoire de chaque personne, chacun et tous, nous avons besoin de soutien, de réconfort, de compréhension et d’éclaircissement pour progresser et donner sens à notre existence. Ainsi on peut construire sa vie avec plus de sérénité. Le passage d’Isaïe que nous venons d’entendre  est une parole forte et dynamisante: « Oui, j’ai du prix aux yeux du Seigneur, c’est mon Dieu qui est ma force…. tu comptes pour moi… »
A propos de ce même passage d’Isaïe, à la maison de nos frères handicapés «  les Tournesols » à Marly,  une handicapée, Anita, me parlait avec une flamme extraordinaire dans les yeux. « Quand je lis dans la bible, que Dieu s'adresse à moi personnellement et dit : «  Tu as du prix pour moi, tu comptes beaucoup à mes yeux et je t'aime. » Eh bien, je vous assure, des paroles comme ça, pour moi, ça marche et ça m'aide à être une femme. Je n'ai pas perdu la joie de vivre, même si à certains jours, je n’en peux plus. » Anita est ravie des rencontres occasionnées par les célébrations. Ça lui donne une force qui, pour elle, est toujours nouvelle. Les paroles d’Anita sont semblables à celles de Jean le Baptiste dans l’évangile de  ce jour : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui. Et moi, je ne le connaissais pas……Moi j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui, le Fils de Dieu.»
Par sa famille, Jean le Baptiste  devait connaître Jésus. Comme enfants, ils ont dû jouer ensemble et se retrouver en famille aux grandes fêtes. Mais dans l’évangile, quand Jean dit « Je ne le connaissais pas », il explique qu’il ne connaissait pas Jésus, en tant que Messie et Fils de Dieu. C’est au moment du baptême  de Jésus, que Jean  Baptiste découvre qu’il est le « Fils bien-aimé du Père. »
Nous sommes tous à la même enseigne : à savoir que nous ne connaissons les gens qu’au fur et à mesure que nous les côtoyons. C’est la fréquentation et  l’échange qui nous permettent de découvrir des choses nouvelles en toutes personnes. Ce travail permet aussi, de nous améliorer dans nos jugements et nos comportements. Ainsi, on grandit les uns par les autres. C’est l’Esprit de Dieu qui est à l’œuvre.
La foi ne résout pas le mal, la souffrance, le chômage ou l'échec qui s'abat sur certains et qui les fait crier dans leur cœur: « pourquoi ça m’arrive à moi ? » Dans l’épreuve, nous avons de la peine à accepter le silence de la Parole de Dieu.
Pour comprendre le sens de ce que nous vivons aujourd’hui, il faut prendre patience pour relire sa vie et les événements qui surviennent. 
Soyons-en convaincus: Dieu respecte le rythme de notre vie. Il utilise le temps et les événements pour mieux se faire connaître. Dieu se tait pour qu'on l'écoute et il nous laisse libre. Dieu ne parle pas seulement avec des mots. Il parle par tous ceux que nous rencontrons, par ceux qui souffrent et qui sont déchirés par la vie, par tous ceux qui vivent un passage difficile : l’échec, le chômage, la dépression, la solitude. Dieu parle également par tous ceux qui prennent soin de tous ceux qui souffrent.
Après les festivités de Noël qui manifestent que Dieu est à nos côtés, il nous faut revenir au concret de la vie humaine et prendre le temps de la réflexion et du partage. Il importe de permettre que les personnes soient accueillies, respectées et aimées  pour elles-mêmes. Ainsi, elles peuvent découvrir que la parole du prophète Isaïe est toujours d’actualité. C’est aujourd’hui que Dieu manifeste son amour, par les gestes et l’attention de ses disciples.
Dans notre société, on a tendance à enfermer les gens dans un aspect de leur vie, de les montrer du doigt et de leur coller des étiquettes. Il est important de rappeler cet aspect essentiel : l'Homme ne peut pas être enfermé dans sa culture, sa religion, son emploi, ni sa situation sociale, ses chances et ses limites. La valeur de notre personne ne peut pas se réduire à un handicap, à une situation momentanée et apparemment sans issue. Jésus met le doigt sur le cœur de chaque personne, à savoir sa foi et sa confiance.
Nous avons tous des fragilités, des handicaps, des faiblesses de corps, d'esprit et de cœur. Ce qui est moteur de la vie humaine, ce qui peut faire naître un avenir, c’est notre capacité d’aimer et d’être aimé. Et la foi de chacun peut alimenter cette capacité.
Dans l’évangile de ce jour, Jean nous interpelle comme Jean Baptiste a été interpellé : « L’homme sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est celui-là qui baptise dans l’Esprit Saint. ‘ « Oui, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le fils de Dieu. » A notre tour de reconnaître l’Esprit de Dieu à l’œuvre aujourd’hui, pour en témoigner.
François, prêtre retraité