mercredi 21 décembre 2016

Le message de Noël du Père François

DR

Évangile de Jésus-Christ selon St Luc 2 1–14
En ces jours-là un édit de César Auguste ordonna de recenser toute la terre. On en fit le “premier” recensement lorsque Quirinus était gouverneur de Syrie. Tous commencèrent à se déplacer, chacun vers sa propre ville, pour y être recensés. Joseph aussi, qui habitait le village de Nazareth en Galilée, monta en Judée jusqu’à la ville de David dont le nom est Bethléem, car il était de la descendance de David.  Il alla se faire recenser avec Marie, son épouse, qui était enceinte.
Or, pendant qu’ils étaient là, le jour où elle devait accoucher arriva. Elle enfanta son fils, le premier-né ; elle l’emmaillota et l’installa dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Il y avait dans la région des bergers qui restaient aux champs et se relayaient pour garder leurs troupeaux durant la nuit. Un ange du Seigneur se trouva soudain devant eux, en même temps que la Gloire du Seigneur resplendissait tout autour. Ils furent saisis d’une grande crainte. L’ange leur dit : “Ne craignez pas, c’est une bonne nouvelle que je vous apporte, et qui fera la joie de tout le peuple. Aujourd’hui, dans la ville de David vous est né un Sauveur. C’est le Messie, le Seigneur. Et voici son signalement : vous trouverez un nourrisson emmailloté et déposé dans une mangeoire.” Tout à coup se joignit à l’ange une multitude d’esprits célestes qui louaient Dieu en disant : “Gloire à Dieu dans les cieux, et sur la terre paix aux hommes, car il les prend en grâce.

En cette nuit de Noël, nous chantons l’événement qui a eu lieu, voici plus de deux mille ans. Mais en même temps, nous ne pouvons oublier toutes les victimes de la barbarie qui sévit dans tous les coins du monde : la Syrie, Berlin, la Turquie. Nous sommes noyés dans une inquiétude qui se renouvelle tous les jours. Néanmoins, comme nous le relate l’évangile, c’est au temps du règne de l’empereur César Auguste qu’est né Celui que nous vénérons comme « le Prince de la Paix. ». Pourtant, ce n’est qu’en 1223, que St François d’Assise mettra en valeur la crèche qui nous rassemble aujourd’hui. François, le « poverello » a donné à cet  événement banal et passé inaperçu, une dimension incontournable pour notre foi et pour notre vie de chrétiens. Notre attachement à cette fête est aussi conditionné par la façon dont nous l’avons vécu dans notre jeunesse. Pour François d’Assise, l’enjeu de cette fête est d’abord, lié à la Résurrection du Christ. Pâques est le cœur  de la  vie chrétienne. En effet,  il ne peut pas y avoir de résurrection, sans naissance.
Pour un chrétien, la banale naissance de Jésus, il y a 2000 ans, est toujours une réalité qui s’inscrit dans l’aujourd’hui. Depuis que Dieu a donné la Vie,  à l’image de la semence  jetée en terre, il y a un trésor qui habite cette terre. C’est l’OR de Noël qui est caché en chaque être humain. Cette richesse mérite toute notre attention, un regard neuf pour mieux apprécier, au-delà du banal et de l’habitude, ce qui nous fait vibrer encore aujourd’hui. Cette capacité est à la portée de chacun. Profitons de ces fêtes qui nous rassemblent en famille, pour chercher ensemble toutes les valeurs cachées dans notre existence. Ne restons pas figé sur ce qui s’est passé pour Jésus, il y a deux mille ans.
C’est la même humanité, faite de la même pâte, avec ses riches et ses pauvres, ses privilégiés et ses chômeurs, ses héros et ses lâches, ses saints et ses profiteurs. La même humanité ! Là où il y a de l’homme, il y a de la grandeur mais aussi de « l’hommerie » et de la mesquinerie.
Dans Jérusalem, la grande ville, il ne devait pas y avoir plus de ferveur religieuse que dans nos paroisses. Et la classe des possédants devait certainement faire ripaille pour fêter la nuit la plus longue de l’année. Cette agitation et cette indifférence n’a pas empêché Dieu, de prendre place parmi les humains. Sans tambour, ni trompette. Il est venu dans ce monde comme nous y venons tous, enfanté par sa maman. Il n’est pas né dans un château,   mais sur la paille, comme tant d’enfants de par le monde.
Cette naissance banale est donnée comme signe de ce qu’il y a de plus précieux dans la vie. Plus qu’un trésor, l’OR de Noël, c’est le Messie, le Sauveur de toute l’humanité qui réveille en chacun des capacités d’AIMER. Ce signe est offert en priorité à quelques bergers qui gardaient leurs troupeaux dans les environs.
L’histoire ne se renouvelle pas, un signe a été donné pour les générations à venir, c’est celui de l’enfant de Bethléem. Mais d’autres signes sont donnés pour le présent, pour la vie telle qu’elle va en cette fin d’année 2016. Ils sont nombreux, variés, étonnants, simples, bouleversants tous les signes tellement proches de la mangeoire et du bébé couché dedans.
- Une ETOILE s'allume dans la nuit, quand des hommes se pardonnent, quand les frontières s'ouvrent, quand des accords de désarmement sont signés entre peuples qui – hier se faisaient peur et veulent une nouvelle aube de paix:.
- C’est  Noël tous les soirs, quand Michel, récupère les pains non vendus pour nourrir les gens de la rue. On peut  y voir un geste fraternel : pour eux, ça peut être un geste qui leur parle de Noël !
- C'est NOEL,  quand un médecin volontaire, une infirmière, des associations, épris d’humanisme, pataugent dans la boue des camps de réfugiés, signes de solidarité, du don de soi. Une ETOILE  s'allume au milieu de notre nuit!
C’est dans tous ces gestes, et dans tant d’autres, que se transmet la noblesse de Dieu. Dieu continue à se manifester, sans se  décourager, comme à Bethléem du côté de ceux qui ne possèdent rien.
Dieu continue à nous faire signe, grâce à toutes celles et ceux qui, comme les bergers, ont compris que ça valait la peine de se mettre en route vers l’espérance.
Derrière les multiples représentations de cet événement, on peut contempler le vrai trésor de Noël : Jésus le Sauveur, Lumière pour toutes les Nations.
Joyeux Noël !

François, prêtre retraité

Cette homélie, je vais la proposer, dans la nuit de Noël à Bethléem, à 21 pèlerins que j’accompagne en Terre Sainte jusqu’au 30 décembre. Ne vous attendez pas à une homélie pour le premier janvier !