mardi 20 décembre 2016

Le camp méconnu «l’enfer de Queuleu»






Les Amis du Moulin d’Eschviller  ont  tous découvert pour la première foisle fort Queuleu à Metz où près de 1800  résistants mosellans ont été maltraités et torturés durant la dernière guerre. Le président Jean-Pierre Burger, fils de Jean Burger, résistant enfermé au fort,  a assuré la visite guidée avec beaucoup de passion et émotion.

Entre août 1943 et début septembre 1944, le camp de concentration de Natzweiler-Struthof installe une annexe dans le fort de Queuleu,   construit par les Français entre 1867 et 1870.   Il devient le 12 octobre 1943 un  camp spécial d'internement ou (SS Sonderlager) « Feste Goeben ». 
Il dépend uniquement de la Gestapo et voit l'internement de nombreux résistants mosellans,  notamment les membres du groupe Mario dirigé par Jean Burger; des passeurs accusés de faire passer la frontière à des prisonniers de guerre, des réfractaires et déserteurs à l’incorporation de force dans l’armée allemande, des otages,etc. «Un résistant a raconté, le Struthof était presque un lieu de repos par rapport à Queuleu» nous confie-t-il.


L’enfer de Queuleu

Le camp, surnommé « l’Enfer de Queuleu », est un camp d’interrogatoire, destiné à trier les détenus. Une fois la période d’interrogatoire terminée, les détenus étaient transférés vers le camp de Schirmeck pour les femmes, et vers le camp de concentration de Natzwiller-Struthof pour les hommes.   Jusqu’à son évacuation, entre 1 500 et 1 800 hommes et femmes s'y sont succédé. Trente-six personnes y décèdent, victimes des interrogatoires ou de sévices, les autres seront envoyées dans des camps de concentration, où 400 y trouveront la mort   Quatre personnes arrivent à s’évader le 19 avril 1944. Il s'agit de la seule évasion avérée du camp. Après avoir fonctionné dix mois, le fort est évacué le 17 août 1944   la plupart des détenus envoyés vers les camps du Struthof, de Schirmeck  de Dachau ou de Ravensbrück. Le bâtiment dans lequel les Mosellans ont été enfermés, est resté dans l’état avec le mobilier, tel que les résistants l’ont habité, sans jamais le voir.


Deux Volmunstérois  y ont séjourné 


Joseph Schaff et son frère Denis tous deux originaires de Volmunster y sont internés  le 27 décembre 1943. A l’arrivée, on leur bande les yeux,  les passe sous une douche glaciale où on les brosse durant une heure. Ils garderont la bandage mouillé pendant cinq semaines sans pouvoir le défaire une seule fois.  Les SS leur lient les pieds et les mains,  ils doivent rester assis sur des bancs durant toute la journée. Ils  dorment attachés sur des châlits  de 1,60 de long, tête-bêche et la nourriture est très restreinte.  Après son interrogatoire, ils sont méconnaissables. Joseph est mordu par un chien à la jambe droite, sa blessure non soignée mettra neuf mois pour guérir. Le 17 mars  ils sont transférés au Struthof puis à Dachau. Ils reviendront le 1er juin 1945.  Ils ont été arrêtés, car ils faisaient partie d’une chaîne d’évasion d’insoumis avec   le père Haller, curé de Kerprich. qui sera également interné à Dachau. A leur retour, ils sont très maigres et affaiblis. Joseph, rouvre sa charronnerie à Ormersviller et Denis son garage à Metz, route de Magny.

Joseph Antoine Sprunck