vendredi 4 novembre 2016

Le message du Père François

« Alors s’approchèrent quelques Saducéens — ces gens-là nient qu’il y ait une résurrection —  et ils lui posèrent cette question : “Maître, Moïse nous a mis ceci dans l’Écriture : Si un homme marié meurt sans enfants, son frère doit prendre la veuve et donner ainsi une descendance à celui qui est mort. Or il y avait sept frères. Le premier s’est marié et il est mort sans enfants. Le deuxième, puis le troisième ont pris la veuve, et de même les autres jusqu’au septième : ils sont tous morts sans laisser d’enfant. Ensuite la femme est morte. S’il y a résurrection, duquel d’entre eux sera-t-elle la femme, puisqu’elle l’a été des sept ?”
Jésus leur dit : “Les enfants de ce monde prennent mari ou femme ;  mais ceux qu’on a trouvés dignes d’avoir part à l’autre monde et à la résurrection des morts, ne prennent pas mari ou femme.  Par ailleurs ils ne peuvent plus mourir, mais ils sont comme des anges. Eux aussi sont fils de Dieu, puisqu’ils sont nés de la résurrection.
Quant au fait que les morts ressuscitent, Moïse lui-même l’a insinué dans le passage du Buisson Ardent, là où il appelle le Seigneur : Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac et Dieu de Jacob.  Il n’est pas un Dieu des morts, mais bien des vivants : tous vivent pour lui. »

La fête de la Toussaint et le jour « des défunts » nous ont invités à penser à tous ceux qui nous ont précédés dans l’histoire et à ce qu’ils sont devenus. Par le fait même, l’Eglise nous invite à penser à notre propre destinée. Devant le départ d’un être cher, nous sommes bousculés dans nos affections humaines et dans nos façons de croire. On ne supporte pas que la mort anéantisse les plus beaux projets, les plus belles réalisations, et fasse disparaître tout ce qu’on a aimé. De même on ne supporte pas toutes les formes de violence : le terrorisme, la maladie et les catastrophes naturelles comme les dernières semaines en Italie et l’ouragan qui a fait plus de mille morts en Haïti début octobre. Ainsi, c’est inacceptable et incompréhensible qu’on puisse tuer au nom de la religion, que ce soit le prêtre Jacques Hamel durant la messe et tant d’autres chrétiens et non chrétiens. C’est insupportable que des terroristes utilisent des innocents en guise de bouclier.       
Nous vivons à une époque où le corps est remis à l’honneur. On redécouvre à présent l’unité de la personne humaine, et le corps retrouve toute sa dignité. Mais au-delà des belles paroles et des beaux discours sur la dignité des personnes, il faut reconnaître qu’il y a de plus en plus de gens qui sont en marge de la société. Se nourrir, se soigner, se cultiver, s’abriter et préparer l’avenir de ses enfants est de plus en plus facilement remis en cause. Petit à petit les grands projets humanitaires sont grignotés au profit des paradis fiscaux et d’intérêts mesquins.  En même temps, les hommes ressentent profondément la valeur incontournable du corps, et répugnent à l’idée de le voir disparaître, entraînant de la sorte, la ruine de leur personne tout entière. N’empêche que 50% des Français ne croient à aucune survie après la mort. Ce n’est pas nouveau: déjà les Sadducéens ne croyaient pas à la résurrection après la mort et tournaient en dérision ceux qui y croyaient. Le tout est de s’entendre sur le mot : « résurrection ». Que voulons-nous dire au juste quand nous affirmons dans notre Credo: « Je crois à la résurrection de la chair.... j’attends la résurrection des morts ? »                                                      
Il serait ridicule d’y voir un phénomène biologique qui nous enfermerait dans les lois de la matière. Et de ce fait, pourquoi vouloir revivre les mêmes peines, les mêmes souffrances ? C’est contraire au bon sens. La foi ne nous demande pas de croire à des absurdités. Il serait tout autant absurde de se représenter la vie de ressuscité sur le modèle de notre vie sur terre. Jésus n’en a pas parlé, pour la simple raison, qu’on n’a pas les capacités de l’expérimenter avant d’y parvenir. Le Christ, par sa résurrection au matin de Pâques, nous laisse entrevoir une vie à la fois tout à fait nouvelle et en lien avec l’histoire. Et la foi chrétienne repose sur cet événement capital.
 La résurrection des morts relève uniquement de notre foi en Dieu: c’est un passage définitif dans la vie de Dieu. C’est un accomplissement en Dieu de notre vie d’ici-bas toujours fragile et limitée. On ne peut en parler que par images, et les images sont toujours  approximatives, symboliques et parfois trompeuses. Mais que ce soit celle du festin, celle des noces, ou celle de la graine qui meurt en terre pour donner une autre vie au printemps, toutes ces images évoquent  la joie d’une merveilleuse aventure. Ces images sont porteuses d’une vie nouvelle de communion d’amour et de vie qui dépasse notre entendement. C’est un don gratuit de Dieu !
Notre foi en la résurrection est liée au vrai Dieu qui est amour et vie, qui n’est pas le Dieu des morts mais des vivants, qui n’est pas le Dieu de la mort mais le Dieu de la vie. Son projet d’amour est de nous faire partager la plénitude de sa vie et de son amour manifesté au matin de Pâques.


Puisque toute la vie de Jésus fut un chemin d’amour et que Dieu est amour, notre résurrection est liée à notre capacité d’aimer et de servir nos frères au jour le jour. « Quiconque aime, est né de Dieu. Le signe que nous sommes passés de la mort à la vie et que nous sommes des ressuscités, c’est que nous aimons nos frères ». L’amour est plus fort que la mort !
François, prêtre retraité