mercredi 26 octobre 2016

Le message du Père François

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Jésus était entré dans Jéricho et traversait la ville. Or il y avait là un homme du nom de Zachée, un homme fort riche qui était chef des collecteurs de l’impôt. Il voulait absolument voir qui était Jésus, mais il ne le pouvait pas car il était de petite taille et il y avait beaucoup de monde. Il courut donc en avant, là où il devait passer, et il monta sur un sycomore afin de le voir. Quand Jésus arriva à cet endroit, il leva les yeux et lui dit : “Zachée, dépêche-toi de descendre, car c’est chez toi que je dois m’arrêter aujourd’hui.”  Zachée aussitôt s’empressa de descendre, et c’est avec grande joie qu’il le reçut. Voyant cela, tous murmuraient et l’on disait : “Il s’est arrêté chez un pécheur de bonne condition !” Mais Zachée faisait le pas et disait au Seigneur : “Je vais donner aux pauvres la moitié de mes biens, Seigneur, et si j’ai extorqué quelque chose à quelqu’un, je vais rendre quatre fois plus.” Jésus dit alors, pensant à lui : “Aujourd’hui le salut est entré dans cette maison ; n’est-il pas lui aussi fils d’Abraham ?   Le Fils de l’Homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.”


Essayons de revivre la rencontre de Jésus avec Zachée.
Zachée avait une renommée bien établie : un voleur, un profiteur, un malin qui a l’habitude de profiter de la faiblesse de ses débiteurs. Il a entendu la renommée de Jésus, et il veut vérifier par lui-même. Luc parle de sa petite taille, mais il doit surtout avoir  la peur  d’être lynché par la foule. Il se cache dans le sycomore pour passer inaperçu, et voilà que Jésus le démasque en disant : « Zachée descend vite, car aujourd’hui je viens habiter chez toi. »
À l’époque de Jésus, les collecteurs d’impôts travaillent pour les Romains qui occupent le pays. Il plume et extorque les gens de son peuple, au lieu de les protéger. L’occupation du pays par les Romains est vécue comme une tragédie par les juifs. Ils veulent en être libérés, et le collecteur d’impôts profite de la dépendance et l’aggrave. Zachée est considéré comme impur et indigne de son peuple à cause  de sa compromission.
L’évangile nous dit que Zachée cherchait à voir qui était Jésus. Il ne veut pas prendre de tels risques par simple curiosité? Malgré sa grande richesse, Zachée se rend compte qu’il lui manque quelque chose d’important… ou quelqu’un. Et ce manque va le mettre en route, le faire courir, grimper, faire preuve d'astuce pour répondre à ses interrogations. C’est ce qui le fait sortir de ses sécurités.
Ce Jésus, dont il a tellement entendu parler, il cherche à savoir qui il est. Il en sera comblé au moment même où Jésus passait par là. Franchement, il ne s’attendait pas à entendre: « aujourd’hui je viens chez toi ! » La foule est scandalisée de voir Jésus aller loger chez un pécheur ! Ainsi Dieu n'est pas celui qu'on croit. Dieu est celui qui vient, non pour les bien-portants, mais pour les malades et les pécheurs. Il a fallu une démarche peureuse d'un homme qui exprimait son manque et son désir.  Dieu, en Jésus Christ, se dévoile comme le Tout-Autre. Il est le Tout-Proche. Contrairement à tout ce qu’il croyait de Dieu, Zachée découvre que Dieu est tout proche de lui, tel qu'il est, avec sa misère et son péché, au point de loger chez lui.                                                 
Alors, tout va basculer très vite. Jésus ne dit rien. Pas un mot. Il pose un regard d’estime sur Zachée. Sa simple présence, son regard, sa proximité suffisent, pour qu’instinctivement, il manifeste à Jésus son désir de conversion. Il découvert un aspect nouveau : se savoir aimé de Dieu et pouvoir y répondre sans mesure en donnant bien au-delà du mal qu’il a fait aux autres. Sa rencontre avec Jésus, fait découvrir à  Zachée la valeur inestimable du prochain.
La profession de Zachée, collecteur d’impôts, est toujours actuelle. A l’automne, il n’y a pas que les feuilles qui tombent, mais aussi les impôts. A chaque information, on nous parle d’impôts. En soi, ils sont indispensables pour assurer une solidarité  nécessaire à toutes les collectivités et à la vie de l’humanité. Dans les débats sur les impôts : locaux, régionaux, nationaux, les décisions sont prises pour choquer le moins possible ceux qui devront payer, mais en réalité il n’y a aucune transparence, comme si on voulait nous rouler dans la farine. Depuis le temps de Jésus, que de changement dans ce domaine, mais en réalité, il y a toujours des profiteurs qui cherchent des cachettes ou des paradis fiscaux pour échapper à l’impôt. On donne comme absolu, que l’argent gagné est propriété personnelle. Avec une telle mentalité, l’argent est notre Dieu. Ainsi, on est incapable d’entrer dans la démarche que le Dieu de Jésus nous propose.
En effet, nous ne pouvons pas comprendre l’amour de Dieu et du prochain sans changer notre manière de penser et les systèmes de valeurs qui nous habitent. C'est difficile de prendre du recul, de changer ses habitudes, de quitter ses idées toutes faites.
Une conversion, pour être sincère, doit pouvoir se lire dans la vie. Zachée, quand il a reconnu Jésus, renonce à ce qui était jusqu'alors le plus précieux pour lui: sa fortune. Et il s'engage par des actes concrets. St Paul, une fois les« écailles » tombées des yeux de son esprit, devient l'apôtre de Jésus. Charles de Foucauld, touché par la grâce, renonce à sa vie de plaisirs pour découvrir un amour sans commune mesure avec ce qu'il appelait de ce nom auparavant.
Nous ne sommes pas tous capables de changements aussi radicaux. Mais tous, nous sommes appelés à opérer des progrès dans notre tête, dans notre cœur et dans nos comportements. Il importe d’être le plus libre possible, pour répondre à l’appel de Jésus : « …Aujourd’hui, je viens habiter chez toi. »
 François, prêtre retraité