jeudi 11 août 2016

Le message du Père François


« En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ! Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ; ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. »


L'importance de l'unité de la  famille

Les paroles que nous venons d’entendre ne s’accordent pas bien avec ce que nous connaissons et attendons de Jésus. Tout son enseignement veut témoigner combien Dieu nous aime. Et ce passage de St Luc, nous parle de feu sur la terre, de division entre les plus proches et dans nos familles. Est-ce une parole d’un homme désabusé par les mesquineries rencontrées ? Ou au contraire, celle d’un prophète éclairé, qui part de ce qu’il y a dans le cœur de l’Homme ? Son message prend en compte le concret de l’existence humaine. Il n’invente pas les divisions, les affrontements, les violences, ils existent déjà.
Jésus est signe de division, parce qu’il a  un discours tourné vers Dieu et sa volonté. Il nous demande de faire de même et d’abandonner ce qui nous paralyse. Les valeurs de Jésus sont d'abord des valeurs de spiritualité qui doivent se refléter sur les valeurs humaines. L'être humain n'est pas un objet de convoitise. L'être humain est une personne à part entière, qui mérite respect dans son âme et dans son corps. Ainsi, Jésus invite chacun à dépasser les apparences qui l’emprisonnent.
Suivre Jésus, ça passe toujours par une transformation  de son cœur et de la société. Cette société ne se transforme que lorsque ses membres s’impliquent avec leur cœur. La société au temps de Jésus était bien malade. La nôtre aujourd’hui, l’est tout autant. Ce qui est remarquable dans la vie de Jésus, c’est qu’à aucun moment, il n’a jugé cette société. Il l'a prise comme elle était, il s'est attablé avec les pêcheurs, il est allé à la rencontre de tous les rejetés et les laissés pour compte. Jésus  aime son peuple et veut vivre en harmonie avec lui. C’est pour cela qu’il fait tout pour que soit respecté la justice, la vérité et l’amour du prochain. Lorsque ces valeurs étaient  remises en cause, y compris par les puissants de son temps, Jésus refusait d’utiliser les moyens violents que lui proposaient Jacques et Jean. Ils voulaient faire descendre le feu du ciel sur ce village de Samaritains pour forcer le passage. Jésus refuse de tels moyens et c'est cela aussi, que dit dans le passage d'Évangile d'aujourd'hui. Se mettre au service des valeurs du Royaume, c'est toujours dérangeant  et ça exige en permanence de faire la vérité, et sortir des habitudes et des jugements tous faits.
Quand Jésus évoque les tensions dans les familles, il souligne la place et la responsabilité de chacun pour : le vivre ensemble. Ça implique une attention, une écoute des autres en vue du bien commun. Or, combien d’enfants ne parlent plus avec leurs parents et réciproquement, parce qu’on se contente de suivre des façons de faire, sans s’expliquer sur ses raisons d’agir. Alors, on ne se sent pas respecté et on veut s’imposer.  Combien de divisions à partir des héritages.
Devant toutes ces difficultés, Jésus nous invite à porter cette même attention. Il s’agit de repérer les causes de ce qui va de travers dans le vivre ensemble. Que ce soit en famille, dans notre pays, dans les instances internationales, à tous les niveaux de la société, Jésus nous invite à chercher ensemble, des chemins de progrès. Mais nous savons également, qu’il y a de plus en plus de personnes, qui  se marginalisent ou qui ne s’occupent que de ce qui les arrange.
Et pourtant, au milieu de toutes ces tensions, incompréhensions, conflits, qui ont marqué les Français ces derniers mois, ce qui a émergé de beau, de grand et de fort ce sont les multiples rencontres inter-religieuses. C’est ce que le journal La Croix  du 5  août, a souligné :
« Cette vitalité, justement, ne s’est pas réalisée, si j’ose dire, par l’opération du Saint-Esprit ! Mais elle est due à un travail patient, depuis des années, sur le terrain, d’éducation, de transmission, par un réseau de croyants, qui agissent auprès des exclus, des jeunes, des gens en difficultés, et aussi pour le dialogue avec les autres religions, grâce à l’existence d’associations et d’institutions, et d’un travail de réflexion théologique. Une présence dans l’espace public, que les hommes politiques ont si vite tendance à contester aux religions. »
Je peux transformer la vie de ma famille,  transformer la vie de ma communauté et de la société, par l'engagement que je prends, par l'amour que j'y apporte, par les gestes de tendresse, d'amitié et de respect. 

François prêtre retraité