mercredi 13 juillet 2016

Le message du Père François

 En cours de route, Jésus entra dans un village et une femme nommée Marthe le reçut chez elle. Elle avait une sœur, du nom de Marie, qui s’était assise aux pieds du Seigneur et restait à écouter sa parole. Marthe, pendant ce temps, était absorbée par tout le service. À la fin elle se tourne vers Jésus et lui dit : “Seigneur, ne vois-tu pas que ma sœur me laisse seule avec le service ? Dis-lui donc de m’aider !”  Mais le Seigneur lui répond : “Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour tant de choses ! Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas retirée.”   (Bible des Peuples)


DR

Cet évangile de Marthe et Marie a souvent été utilisé pour nos usages habitudes. A l’image d’Abraham dans la première lecture, Marthe pratique l'hospitalité, et cela est tout à son honneur. Elle se donne beaucoup de peine pour bien accueillir Jésus dans sa maison et cela, mérite le respect. Heureusement pour elle, Jésus l’interpelle et lui demande de respecter le choix de Marie. Traditionnellement on a souvent utilisé ce passage pour valoriser la vie contemplative par rapport à la vie active - la vie de prière plutôt que l’action caritative. Ça n'a pas de sens. Jésus n'a jamais fait de telles distinctions, et ce texte n'a aucunement cette signification.

Savoir recevoir les invités

Lors d’une invitation à souper chez des amis, la maîtresse de maison dit : « J’ai préparé un Baeckeofe pour rester avec vous toute la soirée.». Nous avons passé une belle soirée à partager nos préoccupations et la joie de la rencontre. Cette expérience, que chacun peut vivre, est une belle illustration de ce passage d’évangile. Encore aujourd’hui, dans nos rencontres les plus quotidiennes, Jésus nous invite à être attentifs aux personnes rencontrées. C’est dans la qualité d’écoute, l’attention à la vie des autres et dans les échanges que se joue notre humanité. C’est là le terrain qui va nous permettre de grandir ensemble. C’est là qu’on apprend le respect, la valeur des autres et le sens de la solidarité.

Savoir partager

Ce que Jésus reproche à Marthe, ce n'est pas son hospitalité, mais la main mise qu’elle veut exercer sur sa sœur. Elle va même jusqu’à interpeller  Jésus : « Dis-lui donc de m’aider. » Marthe se laisse prendre par son travail, au point d'oublier le but de la rencontre. « Marthe, n'oublie pas l'essentiel, je suis là. Viens t'asseoir, viens partager. »
Comprise de cette manière, la leçon est claire et peut rejoindre chacun de nous. Nous nous agitons beaucoup. Dans nos invitations, nous sommes naturellement portés par les convenances et les bonnes manières.  Jésus nous invite à être vrais dans nos comportements et bien souvent nous nous contentons de faire comme tout le monde. Même si on se donne du mal pour respecter les convenances, on n’engage pas nécessairement sa personne, mais on veut utiliser les autres pour nos projets. Si on ne partage que la banalité du quotidien, on risque de passer à côté de l’essentiel. La recherche de biens matériels, le souci de notre confort, de notre aisance peut nous enfermer  dans l'absurde : travailler et peiner beaucoup dans l'espoir de trouver un repos que nous n'aurons jamais le temps de prendre. Prenons l’exemple d’un couple, dont le cœur de l’engagement est de construire leur vie ensemble. Or ce souci peut n’être qu’un vœu pieux. On en parle et on passe à autre chose. Pris par l’âpreté au gain et à la réussite professionnelle, l’échange quotidien, y compris la tendresse, sont renvoyés à un plus tard qui ne vient jamais. Cette attitude prépare le lit de la séparation, voir du divorce. Là encore, il y a l’impasse sur l’essentiel qui est de progresser ensemble.

Ne pas oublier l'essentiel

Jésus nous interpelle aussi dans la façon de conduire notre vie. « N'oubliez pas l'essentiel. Je suis là avec vous. Donnez-vous du temps pour échanger avec  moi. Je suis le chemin, la vérité et  la vie…. Sans moi, vous ne pouvez rien faire. »
Pour bien des gens, méditer l’évangile et prier ne semblent pas être des activités importantes. Pour certains, c’est même perdre du temps. Pourtant, peut-on être disciple de Jésus, le savoir présent dans notre vie, sans lui donner du temps. Pour cela, il faut  lui parler et le laisser nous parler? Comme à Marie et à Marthe, il nous parle. Il nous parle dans les  événements de notre vie. Et nous ne pouvons l’entendre que dans les moments de silence et de recueillement que nous lui consacrons.
Profitons de ce temps de vacances pour faire la vérité sur notre façon d’être avec les autres et avec Dieu.

François, prêtre retraité