jeudi 7 juillet 2016

Le message du Père François

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Cette parabole prend une valeur particulière en cette année de la Miséricorde. Le passage de St Luc, que nous venons d’entendre, met l’accent sur la bonté, la miséricorde, le soin du blessé, l'accueil des païens et de tous les exclus.
Selon son habitude, Jésus n'y va pas de main morte pour dénoncer le scandale de l’indifférence à l’égard des souffrances humaines.  Jésus choisit des gens honorables, deux biblistes, deux spécialistes de la parole et du service de Dieu, qui trouvent des échappatoires à leur devoir. Il met en comparaison le Samaritain, celui qui prend soin du blessé de la route. Pour les gens qui écoutent Jésus, il s’agit d’une provocation, d’un scandale, parce que le Samaritain est l’ennemi le plus méprisé des juifs. Aujourd’hui, nos tribunaux condamneraient « ces gens bien » pour  non-assistance à « personne en danger ».
Cette parabole nous redit que le souci des pauvres et des blessés de la vie est prioritaire. Le Prêtre et le Lévite ont choisi les rites, les encensoirs, ils ont choisi le temple avant de choisir l'Homme. Le Samaritain était un étranger ; il est devenu le prochain du malheureux parce que, pris de pitié, il s'est approché de l’Homme pour le secourir. Le prêtre et le lévite sont passés à côté de l'essentiel. C’est précisément ce que le Pape François veut éviter.
Il est allé au-devant des naufragés de Lampedusa, des prisonniers de Rome et on pourrait multiplier les démarches qu’il entreprend en faveur des exclus de la société. Par-là, le Pape veut réveiller la dignité et la grandeur de tout être humain.
Le signe de la venue du Royaume et de la proximité de Dieu, ce n'est pas seulement une manière d’appliquer une loi ou un règlement, ce sont de nouvelles relations entre les hommes. Des relations, non plus de domination mais de service mutuel, où se révèle la tendresse du Père. En Jésus, Dieu s'est approché des Hommes, non en seigneur et en dominateur, mais en serviteur et en frère.
A la question : «Et qui donc est mon prochain ? » Jésus se mit à raconter cette parabole. Si tu veux être le prochain, il faut s’approcher de lui. Alors je deviens son prochain. Le prochain, ce n'est plus l'Homme qui m'est proche par telle ou telle qualité, par le sang, par la race, la classe ou la religion... Le prochain c'est tout homme dont je m'approche dans un mouvement de compassion et de tendresse. Cette nouvelle notion du prochain renferme tout le mystère de Dieu, tel que Jésus l'expérimente et le vit au plus intime de lui-même et tel qu'il l'actualise dans le 
monde : Dieu, dans sa grande compassion, s'est approché de l'Homme blessé ; il est devenu le prochain de l'Homme, afin qu'à son tour l'Homme se fasse le prochain de ses semblables. Le Royaume de Dieu que Jésus proclame consiste essentiellement dans cette nouvelle qualité de relation. Jésus ne fait pas de différence entre les hommes, chacun est l’égal de son frère. Et ce qui rend humain, c’est la qualité de ma présence à tous les marginalisés. Il s’agit d’une qualité où passe le souffle de la tendresse de Dieu pour tous les humains..
Cet Évangile suscite donc la question de la proximité de Dieu aux hommes et des hommes entre eux.
Dans le contexte de cette parabole, Être chrétien, c'est exigeant, et ça dérange. Reconnaissons, c’est une exigence qui remet en cause nos façons habituelles de juger et de nous comporter. Jésus nous demande de ne pas rester sur les habitudes et les jugements tout fait, mais d’en vivre dans les réalités concrètes. L'Évangile est radical, il parle d’un Homme, et quand c'est un Homme, il m’invite à être présent et à me faire proche de lui.
C'est exigeant d’aimer, c'est exigeant d’être chrétien. Mais quand on en vit, c’est épanouissant, ça rend heureux, et en cela, c’est vraiment une Bonne Nouvelle du Royaume.

 François, prêtre retraité