vendredi 20 mai 2016

Le message du Père François



Nous faisons l’expérience, qu’à certains moments, nous avons de la peine à trouver les mots capables de transmettre la richesse des sentiments éprouvés. Par exemple, le mot Amour est utilisé dans tous les domaines de la vie, au point qu’on le met à « toutes les sauces ». Mais il est parlant à ceux qui sont animés de nobles sentiments.
Parfois la poésie, une parabole, la musique, la peinture, l’art en général prennent le relais de nos limites de langage et expriment mieux tout ce que nous ressentons vraiment.

            L’expérience chrétienne se heurte à la même difficulté lorsqu’il s’agit de rendre compte de sa foi et de son Dieu. Le langage ne suffit pas et des témoins, par leur vie, parlent plus que toutes les paroles dites sur Dieu.

Ainsi, Saint François d’Assise a sans doute parlé de Dieu de façon originale et compréhensible. Il a mis la pauvreté au centre de sa vie et de sa contemplation. Et le Pape François a choisi son nom à cause de cette mise en valeur. Lui, qui habitait, un bidonville de Buenos Aires, avait appris à reconnaître les qualités humaines qui émergeaient de la misère. C’est là qu’il reconnaissait les signes de la tendresse d’un Dieu qui aime tous les Hommes. La vie exemplaire de tant de saints, mêlée à l’histoire humaine  reste toujours un beau témoignage  pour dire Dieu…. Et surtout, pour dire que Dieu est Amour.
Dire que Dieu est AMOUR, c’est dire qu’en Dieu il n’y a pas de possession, de domination. C’est ce que nous essayons de vivre, parfois maladroitement, quand nous aimons. Oui, pour Dieu, la seule richesse, c’est se donner. L’amour de Dieu est un amour éternellement donné, jamais possédant. Ce don radical se vit de toute éternité, dans une communion que connaissent le Père, le Fils et l’Esprit.

Alors que retenir pour nous aujourd’hui ?

A la lumière de la Sainte Trinité, nous découvrons que l’Homme, créé à l’image de Dieu, est un être de relation qui a besoin d’aimer et d’être aimé. L’humain n’existe pas par lui-même, il est le résultat de l’échange qui le rend capable d’aimer, de donner la vie à d’autres. C’est pourquoi la solitude, le drame du chômage, par exemple, qui touchent des millions d’hommes et de femmes de par le monde, ne peut pas être considéré comme un simple avatar socio-économique. Mais bien comme un crime psychologique, spirituel qui tue l’identité profonde de l’homme dans son besoin de créer, de donner et d’échanger.  Car l’Homme est fait à l’image de Dieu, créateur.
A la lumière de la Sainte Trinité, nous découvrons le fondement et les exigences de la fraternité universelle. Toute relation vraie, créatrice, suppose ce don total de soi, cet accueil respectueux de l’autre, cet échange confiant.
Dans un couple, dans une communauté et même dans les relations internationales, si ce sont toujours les mêmes qui donnent, il n’y a pas de véritables relations humaines.  
A la lumière de la Sainte Trinité, nous devons donc lutter, dans nos familles, au sein de la société et de l’Eglise, dans les relations entre peuples et entre cultures, contre toute forme de marginalisation et de domination. Mais aussi contre tout paternalisme qui, plus ou moins subtilement, méprise, écrase et engendre des êtres infantilisés ou assistés et non des hommes debout.
Seul l’amour, à tous les niveaux des relations humaines, permet de donner sans asservir… et de recevoir sans s’aliéner.
Oui, chaque fois que nous donnons, que nous recevons, que nous échangeons avec amour, nous faisons l’apprentissage de l’Amour qui se vit dans la Trinité, le Père, le Fils et
l’Esprit !
Enfin, souvenons-nous, que dans sa célèbre icône de la Sainte Trinité, le peintre russe Andrei Roublev nous montre les trois personnes divines assises autour d’une même table, invitant l’homme à occuper la quatrième place. N’est-ce pas le mystère de notre eucharistie d’aujourd’hui où le Christ nous redit : « Si quelqu’un m’aime, mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui et nous ferons chez lui notre demeure. »
François, prêtre retraité