Les témoins sont assis au premier rang
Pour se faire comprendre, Joseph Sprunck précisa: « A Sarreguemines le maire André Rausch et le commandant américain se sont parlés en latin, à Meisenthal, les filles du maire Antoine Mass ont été les interprètes, à Manhoué, ce sont les travailleurs polonais qui se sont expliqués avec un Gi’s d’origine polonaise. De plus les Américains avaient un carnet avec des traductions de phrases courantes."
André Neiter, 85 ans de Lemberg témoigne de la vie des habitants lors de la libération de Lemberg
Humiliation des malgré-nous
Sylvain Lohmann évoqua la libération, l’évacuation et le sort des réfractaires: «Libéré le 14 décembre 1945 puis repris par les Allemands, Rimling est finalement libéré le 15 février 1945, date à laquelle les Américains évacuent la population à Altviller et Vibersviller. Je vivais chez mon oncle et ma tante qui avaient recueilli un prisonnier serbe. Je me souviens très bien de cette bataille qui pour moi commença le 6 décembre, jour de la libération de Sarreguemines. 51 réfractaires cachés à Rimling ont vécu l’humiliation. Ceux qui avaient porté l’uniforme allemand ont été emprisonnés par les Américains avec les Allemands et envoyés au camp de prisonniers de la Flèche le 14 décembre 1944. Ils ne seront libérés que le 24 mai 1945.»
Déminage de Bitche
Alphonse Botzong de Bitche relata des anecdotes et particulièrement la reddition des soldats allemands réfugiés dans une cave, les manoeuvres de l’unique tank Panther allemand qui se cachait à la porte de Strasbourg, de l’avion de reconnaissance américain surnommé "Storch" par les Bitchois, et la trouvaille de caisses américaines au Collège Saint-Augustin par des adolescents.
Fritz Benz et Herbert Schimm ont été faits prisonniers par les Français quand ils étaient sur le chemin du retour. «Nous avions 17 ans. Nous n’avons jamais rencontré les Américains, car nous étions chargés de défendre les ponts. Nous avons été faits prisonniers par les Français, alors que nous étions à 6 km de notre village. Après une longue marche, nous avons été emmenés à Metz puis envoyés à Bitche. Nous étions 120 prisonniers à Bitche pour déminer. 14 sont morts et une cinquantaine ont été blessés. Le week-end nous avons travaillé chez l’habitant qui nous a bien accueillis. Nous avons été libérés en octobre 1946.»
Photos et texte de Joseph Antoine Sprunck