jeudi 8 janvier 2015

Savoir parler la langue du voisin en Alsace-Moselle



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Le bilinguisme français-allemand pour lequel nous nous engageons avec force, que l'allemand soit compris dans ses variétés dialectales comme dans son expression standard, nous oblige.

Tradition germanophone

S'impose à nous en premier lieu, le principe de réalité qui veut que nous prenions la situation telle qu'elle est aujourd'hui en Lorraine, espace transfrontalier à la tradition germanophone ancrée depuis plus d'un millénaire dans ses marges septentrionales, mais également espace ouvert à la mondialisation et à ses flux de personnes, de biens, d'informations. Il en résulte un espace multiple, loin de la situation observée au lendemain de la seconde guerre mondiale. L'allemand y a fortement reculé sous la pression politique d'une volonté assimilatrice de l’État qui imposait le français comme seule langue de référence, mais également sous l'effet de bouleversements économiques et socio-culturels sans précédent. Le conflit linguistique entre le français, langue dominante politiquement, économiquement, socialement, culturellement et l'allemand langue dominée, allait rapidement choisir son vainqueur. La situation actuelle de quasi monolinguisme renie le passé et hypothèque gravement l'avenir. Il importe aujourd'hui de réhabiliter une langue régionale qui est pour nombre d'entre nous notre langue ou celle des aïeux, pour d'autres la langue du voisin. Cette réhabilitation n'implique aucunement le retour à une situation préexistante mythifiée et magnifiée par un romantisme passéiste et parfois ethnocentriste, mais la volonté indéfectible de redonner des couleurs à la langue régionale tout en prenant en compte la complexité du monde actuel. Le retour au passé n'étant ni possible, ni souhaitable, il nous incombe de réinventer le bilinguisme du futur.
Le bilinguisme que nous appelons de nos vœux est ouverture sur l'autre, refus de toute frontière, acceptation de la différence, il rejette l'unicité au profit de l'altérité. Il ne saurait en aucun cas être mu par un quelconque repli sur soi, sur une seule communauté linguistique, culturelle ou religieuse, et ne saurait fonctionner selon l'opposition 
binaire :
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inclusion / exclusion, Eux / Nous. Il n'a ni tabou, ni totem. 

L’historienne Mona Ozouf disait récemment dans un interview donné à la revue Sciences Humaines (n°262, Les racines de la liberté) : « l'identité n'est pas une essence, elle est relation. Ce n'est jamais qu'une difficile composition à partir d'appartenances diverses ». Si la langue participe de la construction de l'identité individuelle et collective, les langues, en situation de bilinguisme ou de plurilinguisme, sont des fenêtres ouvertes sur le monde, elles sont un enrichissement personnel et collectif de tous les instants. En la matière, si la précocité de l'immersion dans une langue seconde et la culture y afférant est garante de succès, le bilinguisme se construit tout au long de la vie. Tous les acteurs et toutes les actions pouvant y contribuer, grandes ou petites, seront les bienvenues.

Faire avancer le bilinguisme

Le pragmatisme guidera notre action et notre investissement. Nous vous invitons toutes et tous, ami(e)s du bilinguisme à faire avancer notre cause partout où vous le pourrez. Au sein de la famille d'abord, qu'elle soit bilingue ou monolingue, où la confrontation à une autre langue dès le plus jeune âge est garante de fructueux progrès cognitifs. Au sein de l'entreprise qui, en ces temps de mondialisation galopante, ne peut plus rester confinée dans un marché unilingue mais doit s'ouvrir aux potentialités d'un marché transnational et global à portée de main. Au sein de l’Éducation Nationale qui a le devoir de multiplier les classes bilingues accessibles dès la maternelle, de créer des parcours cohérents et de former les ressources humaines susceptibles de mener à bien ces projets, d'autant qu'aujourd'hui, les dispositions législatives et réglementaires offrent toute latitude pour ce faire. Au sein du monde politique local, régional, national qui a le pouvoir de donner les impulsions et de prendre les décisions qui s'imposent. Les activités périscolaires, nouvelles venues dans le paysage, offrent à cet égard une opportunité supplémentaire. Au sein des associations militantes enfin qui, par-delà leurs divergences conceptuelles légitimes, doivent trouver un commun dénominateur afin de pouvoir peser efficacement sur les décideurs.

Pour promouvoir le bilinguisme français-allemand pour le plus grand bien de nos enfants et petits-enfants, adhérez à Culture et Bilinguisme de Lorraine !
Pour nous rejoindre, visitez notre site :
www.culture-bilinguisme-lorraine.org