Tatiana Henius,s’est classée seconde lors du concours lancé par TF1:L’addition, s’il vous plaît. Pour le Chef cuisinier de la ferme auberge du Hungerplatz à Andlau, ce fut un vrai challenge à remporter.
Photo D.R.
Comment se fait-il que vous ayez participé à cette émission?
Nous avons d’abord participé à un casting. Lorsque TF1 nous a annoncé que nous faisions partie des 4 restaurateurs sélectionnés en Alsace, nous étions surpris et heureux, car le casting était un challenge pour notre petite équipe : Marco au service et à l'accueil, Patrick qui amène un produit "de la graine à l'assiette" et moi-même pour mettre en scène et en goût ce produit à table !
D.R.
Comment avez-vous préparé ce concours?
Face à nos concurrents nous avons préparé cette émission avec un seul mot d'ordre : ne rien changer à ce que nous faisions habituellement et surtout rester nous-mêmes, car notre philosophie est d'aller ou de retourner à l'essentiel en toute simplicité.
Le monde paysan vous fascine-t-il?
Je dis toujours que dans mon précédent métier (accompagnatrice de voyage) j'ai fait le tour du monde et qu'aujourd'hui je tente de faire le tour d'un monde, le monde paysan et j'ai de quoi faire, car sa richesse est incomparable. Nous avions des messages à transmettre et à l'heure du bilan et au vu des retours fantastiques du public (France, Belgique, Suisse…) nous pensons que ces messages sont passés et en cela cette compétition aura été formidable.
DR
Au fait, quelle est votre philosophie gastronomique?
Prendre le temps d'être à table, maîtriser l'origine du produit que l'on porte à cette table, y ajouter l'énergie de l'amour du métier et du produit. Patrick dit toujours avec la passion dans l'expression, "tout vient de la terre et tout revient à la terre, et malheureusement aujourd'hui tout tend à nous le faire oublier"
Quelle est sa philosophie de paysan?
On oublie bien souvent que Tout vient de la terre, et sans être militant on peut tout de même affirmer qu’il nous faut revenir en arrière et avoir une prise de conscience collective du «bien manger». Dans un monde où tout est donné, où tout tend vers le virtuel, revenons à l’essentiel, car la tradition et les choses vraies sont sur la voie de l’oubli ou de l’indifférence. Ce qui fait une région, c’est sa terre, sa gastronomie, son économie. L’erreur aujourd’hui est à mon sens celle de s’éloigner de cette vérité, car on en oublie le sens des choses. Les nouvelles générations perdront leur identité et leurs repères. En mémoire et par respect de ce que nous ont donné les générations précédentes, perpétuons l’authentique! L’Alsace est forte d’une identité bien marquée, ne devenons pas un amalgame de traditions piochées dans le virtuel. Soyons porteurs de simplicité et faisons honneur à l’héritage de la terre.
Etiez nous d’accord avec les notes que vous avez obtenues?
Pour nous, la véritable surprise lorsque nous avons découvert l'avis des restaurateurs juges sur notre maison aura été au niveau de leurs appréhensions quant à l'hygiène dans le monde paysan... Nous sommes en 2014 et on pense encore qu'un paysan est peu soigné, voire sale ???... Je sais m'habiller pour aller en ville. J’ai eu une éducation soignée dans mon petit village de Lorraine ! Le linge de famille et tous les objets de temps révolus n'ont plus leur place. Mais c'est bien parce qu'il y a eu ce temps là qu'aujourd'hui est possible...Le passé a construit ce que nous sommes aujourd'hui. Pour certains c’est trop calme dans notre ferme, mais quelle richesse que le calme et le temps dans ce monde actuel où tout n'est qu'urgence et futilités !
Quelles furent les réactions de vos amis?
Pratiquement tous ont dit que j'ai été "trop gentille" dans la notation. Je pense que j'ai été juste, car trouver les défauts des autres c'est bien facile mais surtout, ce qui est plus compliqué, il faut savoir reconnaître le talent de l'autre, même s'il est meilleur que nous et c'est là où la compétition viendra fausser le jugement...
Je suppose que cette émission vous a fait connaître?
Bien sûr, demain j'accueille des restaurateurs de Nancy... hier on m'a porté du champagne de Reims, J'ai eu en ligne des gens de Cavaillon, de Bretagne, du Bitcherland, de Genève, d'Ardèche,...
Nous avons encore bien du chemin à faire pour valoriser notre engagement du "bien manger" avec une cuisine du coeur, une cuisine affective ! Vous savez, mamie Rèsel avait raison, elle exprimait le sujet tabou de l'amour avec des bons petits plats mijotés et aujourd'hui je tente de faire passer son message à travers ma cuisine.
Quelle leçon en avez vous tirée?
Ce jeu nous a donné la force de mettre en avant tout ce qui semble désuet aujourd'hui et nous croyons sincèrement et prenons le pari qu'un jour il y aura un retour aux vraies valeurs !
Joseph Antoine Sprunck
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Ferme Auberge du Hungerpltaz
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