Avec son regard tendre et son sourire généreux qui illuminent son visage heureux, Catherine Peter a offert à son ancien instituteur un tableau en signe de reconnaissance. Parcours difficile pour elle qui réussit grâce à la persévérance et la collaboration étroite de la famille et des enseignants.
Samedi dernier, Catherine Peter, 32 ans, a invité son ancien directeur d’école Joseph Sprunck pour lui remettre un tableau «Au bout du monde» qu’elle avait peint. Elle lui a en même temps remis une lettre où elle écrit: «Je t’offre ce tableau pour te remercier pour ce que tu as fait pour moi. Je te dis merci. Je n’oublie pas les souvenirs d’école quand j’étais avec toi. Ils restent dans ma mémoire et dans mon coeur» Signé Catherine Peter. A la lecture de cette lettre, notre instituteur retraité a été très ému.
Un début difficile
Pour comprendre ce geste de reconnaissance, il faut expliquer son parcours. Catherine est née le 25 septembre 1982.. Elle est affectée de trisomie 2. Ses parents Nicole et Jean-Marie, en sont affectés, mais l’élèvent comme les trois autres enfants. Christophe, Isabelle et Laurence s’occuperont également de leur petite soeur. A trois ans, elle entre à l’école maternelle de Volmunster et elle est suivie par un orthophoniste durant toute sa scolarité. Elle
s’adaptera assez bien et elle évolue positivement très bien. A huit ans, les parents demandent l’inscription à l’école élémentaire. Le directeur demande l’avis du médecin scolaire et de la psychologue scolaire et de l’inspecteur de l’éducation nationale. Tous les trois donnent un avis très défavorable. Par contre, le conseil des maîtres suit celui du directeur. «Si les parents sont d’accord, nous allons essayer, et nous pourrons voir si cela pose un problème particulier à Catherine et aux autres élèves. Mon père disait: «Probieren gent über studieren» (Essayer est supérieur à l’étude)." Les parents acceptent. Il paraît que Catherine était la première trisomique 21 à fréquenter l’école élémentaire en Moselle. Après un an de cours préparatoire, le conseil des maîtres propose aux parents de la faire redoubler, car les connaissances de la lecture, du calcul sont fondamentaux. Elle passe ensuite dans toutes les classes sans problème.
Un parcours semé d’embûches
A la fin du CE2, Catherine a 12 ans. L’inspecteur rappelle au directeur que d’après la loi, tout élève à 12 ans doit entrer au collège. Le directeur contrôle personnellement les connaissances de Catherine. Elle a bien acquis les connaissances du cours élémentaire. Il propose au conseil des maîtres et aux parents de la garder à l’école afin qu’elle puisse faire les deux années de cours moyen comme tous les autres élèves. Pour Joseph Sprunck «chaque élève a le droit de rester six ans à l’école primaire. A certains il faut six ans pour être prêt à affronter la classe de sixième.Il est indispensable que chaque élève sache faire les quatre opérations et lire intelligemment » Avec l’avis favorable du conseil des maîtres, les parents font appel. La commission suit l’avis de l’école et Catherine restera deux années supplémentaires. A 14 ans, elle entre au collège Jean-Jacques Kieffer et à 16 ans, elle entre à l’IMPRO des Sarreguemines. A sa sortie elle est embauchée à la Ruche où elle aime travailler. Ce qui a été important dans cette évolution positive chez Catherine, c’est qu’elle a été acceptée par sa famille, ses enseignants et les élèves.
Respecter le rythme de chacun
Catherine est une fille épanouie, qui a son compte en banque, sa carte bancaire, son téléphone portable, son ordinateur. Tous les matins elle lit le journal et fait le compte-rendu à sa mère. Elle envoie des textos et des courriels. Ses passe-temps favoris, c’est la danse classique et moderne, écouter la musique, s’adonner à la gymnastique. Elle fréquente l’école de peinture de Lorette Jung. Elle aime écouter les chanteurs, dont elle connaît les paroles par coeur. Le 11 octobre prochain, elle participe à la vente des brioches de l’amitié.
«En somme, chaque enfant est différent. A certains, il faut plus de temps pour comprendre et assimiler qu’à d’autres. Ce qui est important c’est de respecter le rythme de chacun et de donner de bonnes bases à chacun, être exigent et de savoir les faire persévérer. Avec de mauvaises bases, l’enfant n’arrive pas à suivre en sixième et alors il n’aimera plus aller en classe. Les enseignants de l’école Adolphe Yvon ont appliqué ces principes et Catherine Peter est le fleuron de leur réussite.» martèle Joseph Sprunck