Le samedi 5 juillet, la petite ville de Cannobio, dans la région du Piémont en Italie, a été frappée par une nouvelle bouleversante: don Matteo Balzano, prêtre du diocèse de Novare, a été retrouvé sans vie dans le logement paroissial. Âgé de 35 ans, il s’est donné la mort, laissant derrière lui une communauté profondément choquée.
Ses obsèques célébrées ce mardi 8 juillet en la collégiale San Vittore de Cannobio, suivies ensuite inhumé à Grignasco, son village natal. Dans un message empreint de pudeur, le vicaire épiscopal, don Franco Giudice, a écrit: «Seul le Seigneur, Celui qui scrute les cœurs et connaît chacun de nous, peut comprendre les mystères les plus impénétrables de l’âme humaine.» Mais au-delà du choc et de la tristesse, ce drame a réveillé une conscience douloureuse: celle de la solitude et de la souffrance silencieuse que peuvent vivre certains prêtres. Le père Rodrigo Rodrigues, prêtre brésilien, a partagé sur les réseaux sociaux une méditation poignante. Sans avoir connu personnellement don Matteo, il a su mettre en mots ce que beaucoup ressentent sans pouvoir l’exprimer. Voici un extrait de sa réflexion, traduite en français :
«Aujourd’hui, la nouvelle est tombée: un prêtre s’est suicidé. Le père Matteo Balzano, 35 ans. Un autre cri qui n’a pas été entendu. Une autre âme écrasée dans le silence. Nous sommes prêtres, mais nous sommes des hommes. Et le ministère fait parfois mal.
Il fait mal de célébrer la joie des autres avec un cœur épuisé. Il fait mal de sourire à l’autel et de pleurer dans sa chambre. Il fait mal d’écouter mille confessions sans avoir personne à qui confier sa propre douleur. Il fait mal d’être vu comme fort alors qu’on ne tient plus qu’à un fil. Il fait mal d’entendre des exigences… et presque jamais un «comment vas-tu?»
L’Église que nous appelons notre maison paraît parfois aussi froide qu’un protocole. La fraternité est devenue une formalité. L’écoute, une exception. La souffrance, un scandale à dissimuler. Les prêtres ne font plus confiance aux prêtres. Il y a de la compétition là où il devrait y avoir de la compassion.
Et les laïcs, pour la plupart, nous veulent sous forme de statue: toujours debout, toujours souriants, toujours disponibles. Ils veulent des bénédictions, ils veulent des messes, ils veulent des réponses. Mais presque jamais ils ne demandent: «Tu vas bien?»
Nous vivons dans un système qui valorise la productivité mais méprise l’âme. Qui exige un don total, mais offre peu d’attention. L’obéissance est devenue une excuse pour imposer le silence. Et la solitude est devenue la compagne fidèle de bien des autels.
Matteo n’est pas mort de faiblesse.
Il est mort d’abandon.
De surcharge.
D’invisibilité.
Et demain… tout continuera comme avant. Parce qu’au fond, il est plus facile de louer les morts que de prendre soin des vivants.
P. Rodrigo Rodrigues »
Ces mots, partagés des milliers de fois, ne sont pas une simple réaction émotive. Ils posent une question essentielle à l’Église d’aujourd’hui: voulons-nous des prêtres infaillibles ou des hommes aimés, écoutés, soutenus?
La mort de don Matteo Balzano ne peut rester un fait divers. Elle doit devenir un appel. Un appel à bâtir une Église plus fraternelle.