Le chanoine Marcel Schneider, après ses études secondaires, accomplit l’Arbeitsdienst, puis il est incorporé de force. Il déserte l’armée l’allemande, est fait prisonnier par les Américains, puis termine la guerre en tant que militaire français.
Marcel Schneider, 90 ans, est né le 28 mars 1923 à Guiderkirch. Ses parents tenaient un café-restaurant situé à côté de la chapelle Sainte-Anne. Il fit ses études secondaires chez les Pères du Saint-Esprit à Neufgrange, puis à Saverne. Le 1er septembre 1939, il accompagne ses parents en Charente et à son retour en 1940, il passe son baccalauréat (Abitur chez les Allemands).
Incorporé de force
Puis il accomplit avec la classe 1923 son Abeitsdienst à Oberhausen pendant six mois. «Espérant obtenir un sursis , je m’inscris à l’université de Strasbourg. Hélas arrive la convocation pour l’armée à Koenigsberg en Prusse orientale. Je rejoins après mes classes un régiment de chars d’assaut “Les tigres” à Modin en Pologne.» m’explique-t-il. Il sera engagé dans les grandes batailles contre la Russie. Il ira ensuite en Lituanie, où il réussira à sortir de son char en feu en septembre 1944. Blessé, il sera soigné dans un hôpital en Silésie.
Déserteur, puis prisonnier
“Presque guéri, début novembre 1944 je réussis à rejoindre clandestinement ma famille à Guiderkirch qui était sans nouvelles depuis six mois. Comme beaucoup d’autres malgré-nous, j’y vivais caché. Lors de la libération de Guiderkirch en décembre 1944, les Américains rassemblent tous les “Malgré-nous “ du village et emmènent tous ceux qui ont déserté l’armée allemande dans le camp de prisonniers allemands de Sainte-Mère-l'Eglise. Je suis libéré en mars 1945, puis je m’engage dans l’armée française à Evreux. Après ma libération, je rejoins ma famille à Guiderkirch, puis j’entre au grand séminaire de Metz.”
Curé-archiprêtre
Marcel Schneider est ordonné prêtre le 2 juillet 1950 en la cathédrale de Metz. II sera nommé vicaire à Sarralbe, devient en 1960 aumônier du Lycée Charlemagne et des équipes Notre-Dame au niveau régional. En 1964, il crée et anime le Centre diocésain des vocations et en janvier1967.
Il succède au chanoine Henri Auer. Il est installé curé-archiprêtre de Volmunster par le vicaire général avec la responsabilité pastorale du Bitcherland et en 1971 il ajoute à ses fonctions celle de vicaire épiscopal de la zone Sarreguemines-Bitche. Avec son sourire constant, il a le contact facile avec les jeunes comme les seniors. Il était apprécié par toute la population, et tout le monde regretta son départ pour Sarralbe.
Curé novateur
Il mettra en place les décisions de Vatican 2 qui se termine le 8 décembre 1965. Elles sont favorablement admises par les paroissiens de Volmunster, car chaque fois, il expliquait les raisons de ces changements. C’était un grand pédagogue. A la messe, le latin est remplacé par le français et les laïcs interviennent au niveau des lectures et de la distribution de la communion. Il introduira la célébration pénitentielle avec absolution collective à chaque grande fête.
Lors d’une rencontre avec Jean-Marie Pelt, ce dernier lui pose la question en ma présence: «Marcel, pourquoi tout fout le camp dans la religion, pourtant, dans à toutes mes conférences, je fais référence à Dieu?
- Joseph, dit-il, tu te souviens quand j’ai introduit la célébration pénitentielle, l’église était comble. Avec la suppression de l’absolution collective, les chrétiens les désertent et ils ne veulent plus la confession individuelle. Il ne faut jamais faire marche arrière quand quelque chose marche bien.
- C’est exact.» répondis-je?
Début 1974, la messe télévisée sera diffusée à partir de l’église Saint-Pierre de Volmunster. Comme il aimait les belles cérémonies, cette messe fut préparée avec beaucoup de soin.
En 1976, il est nommé curé-archiprêtre de Sarralbe tout en gardant la fonction de vicaire épiscopal. Il célèbre les confirmations pendant 20 ans dans toute la région. En 1980, il est nommé chanoine honoraire de la cathédrale de Metz.
Curé de la cathédrale
En 1994, il quitte Sarralbe pour Metz, devient chanoine titulaire et exerce la responsabilité de grand-coûtre, curé de la cathédrale et membre de l’équipe des formateurs du grand séminaire. En 2001, à l’âge de 78 ans, il prend sa retraite tout en restant Juge au tribunal épiscopal de Metz. En 2006 il rejoint la maison de retraite des Petites sœurs des Pauvres à Metz. Le 9 juillet 2000, il célèbre le jubilé d’or en l’église Saint-Maurice de Guiderkirch et en juillet 2010 son jubilé de diamant à Sarralbe. «Il y a 60 ans le Seigneur m'a appelé à participer à son projet d'amour sur le monde, et j'ai répondu avec joie: "Me voici!" et il m'a envoyé au service de son Église, ici en pays de Moselle, il m'a fait confiance et j'ai essayé d'être fidèle. Toute fidélité solide a besoin de racines, et je n'ai pas oublié mon origine d'un petit village du Bitcherland» me confia-t-il. En effet, il a su garder les pieds sur terre, et ses homélies étaient toujours bien structurées. Il savait toujours très bien faire une liaison appropriée entre la vie et les événements d'actualité en rapport avec les textes du jour. Ce qui convenait très bien aux fidèles.
Il est décédé le vendredi 28 juin à Mercy. La messe d’enterrement a été célébrée par l’évêque de Metz , Mgr Jean-Christophe Lagleizel le mardi 24 juin à 15 h à la Chapelle des Petites sœurs des Pauvres à Metz. Une délégation de Guiderkirch et de la paroisse de Volmunster ont participé aux obsèques.
De nombreux prêtres, dont le curé de Volmunster, ont concélébré l’Eucharistie. Ce fut le chanoine Raymond Poirson qui retraça le parcours de la vie du chanoine Marcel Schneider.
J.A.S.