mercredi 14 septembre 2022

Message du Père François

 Évangile   de Jésus Christ selon St Luc 16 1–13

 

« En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Un homme riche avait un gérant qui lui fut dénoncé comme dilapidant ses biens. Il le convoqua et lui dit : “Qu’est-ce que j’apprends à ton sujet ? Rends-moi les comptes de ta gestion, car tu ne peux plus être mon gérant.” Le gérant se dit en lui-même : “Que vais-je faire, puisque mon maître me retire la gestion ? Travailler la terre ? Je n’en ai pas la force. Mendier ? J’aurais honte. Je sais ce que je vais faire, pour qu’une fois renvoyé de ma gérance, des gens m’accueillent chez eux.” Il fit alors venir, un par un, ceux qui avaient des dettes envers son maître. Il demanda au premier : “Combien dois-tu à mon maître ?” Il répondit : “Cent barils d’huile.” Le gérant lui dit : “Voici ton reçu ; vite, assieds-toi et écris cinquante.” Puis il demanda à un autre : “Et toi, combien dois-tu ?” Il répondit : “Cent sacs de blé.” Le gérant lui dit : “Voici ton reçu, écris 80.” Le maître fit l’éloge de ce gérant malhonnête car il avait agi avec habileté ; en effet, les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière. Eh bien moi, je vous le dis : Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles. « Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance aussi dans une grande. Celui qui est malhonnête dans la moindre chose est malhonnête aussi dans une grande. Si donc vous n’avez pas été dignes de confiance pour l’argent malhonnête, qui vous confiera le bien véritable ? Et si, pour ce qui est à autrui, vous n’avez pas été dignes de confiance, ce qui vous revient, qui vous le donnera ? Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. »

 



En écoutant cet Evangile, vous avez peut-être eu l’impression que Jésus encourage les trafics, les magouilles et les combines, que certains utilisent, hier comme aujourd’hui, pour leurs affaires. Or, Jésus est un remarquable conteur. Il sait se servir des événements de la vie quotidienne pour annoncer la nouveauté du Royaume de son Père. Aujourd’hui, c’est toujours vrai ! Les journalistes se servent aussi des scandales de l’actualité, pour attirer la curiosité de ceux à qui ils s’adressent. Une personnalité bien placée détourne des sommes importantes pour se faire des relations utiles en cas de coup dur! L’objectif des journalistes: c’est de bien se vendre, alors que Jésus, pour sa part, se sert de l’actualité pour mieux faire découvrir le Royaume de Dieu.        

Bien sûr, le Christ ne cautionne pas ici les malversations de ce gérant malhonnête. Il souligne simplement son habileté en concluant: « Ah! Si mes disciples pouvaient montrer autant de prévoyance, de savoir faire, d’imagination pour gérer les richesses de l’Evangile! »  - Jésus veut que nous soyons des disciples avisés : des chrétiens qui sachent discerner et user d’intelligence pour gérer, non seulement les biens de ce monde qui passe, mais aussi, et surtout, pour gérer les biens essentiels, éternels que Dieu nous confie: l’amour, la paix, la justice....Le Seigneur ne condamne pas l’argent tant que nous en faisons un serviteur, un bon usage et non une idole. A nous de l’utiliser comme des fils de lumière, en lui donnant une destination bienfaisante. Je crois sincèrement que Jésus n’a pas voulu encourager le vol ou la tromperie mais qu’il a voulu attirer notre attention sur le fait que “celui qui est digne de confiance dans une toute petite affaire est digne de confiance aussi dans une grande.”

 

Cette règle s’applique à nous, tout au long de notre vie et jusque dans les choses les plus insignifiantes. Reconnaissons que notre société a remplacé Dieu par l’argent. Les règles qui régissent la société sont utilisées pour accumuler le maximum d’argent. Et tant pis pour ceux qui restent sur la touche : ils n’intéressent personne ! On met en valeur des aspects qui ne sont pas mauvais en soi : comme les assurances et la prévoyance, la santé, le confort et tout ce qui peut permettre à l’homme d’être plus libre, plus responsable et créateur. Or, derrière les plus belles propositions, il y a d’abord un intérêt financier. Et même aujourd’hui, il est courant de voir des entreprises rentables, qui sont fermées par des actionnaires toujours plus gourmands. Il suffit aussi de regarder l’actualité pour se convaincre qu’avec l’argent, beaucoup d’argent, on peut se procurer beaucoup de choses mais aussi s’acheter des hommes. On achète bien des footballeurs… mais aussi des arbitres. On peut acheter des indicateurs, des démarcheurs, des travailleurs… et même des tueurs !

Même dans l’Eglise il fut un temps, on faisait croire que l’on pouvait acheter son salut en payant des indulgences.

Mais sans aller si loin, l’argent est aussi trompeur dans notre quotidien, lorsque nous sommes prêts à sacrifier les valeurs essentielles de la vie, nos relations en famille, avec notre conjoint ou nos enfants… pour gagner toujours plus d’argent.

Le comble c’est que l’argent trompeur, non seulement nous permet d’acheter les autres, de les mettre à notre solde, mais il risque de nous emprisonner nous-mêmes.

 

Quand Jésus propose le Royaume de Dieu, c’est pour mettre de la Lumière, de l’Estime, de la Fraternité et de l’Amour dans le quotidien. Il ne condamne pas les erreurs humaines, mais il rejette l’hypocrisie, le faux semblant. Or, cela se cache dans notre existence à tous. 

La conversion demandée par Jésus est d’être vrai et responsable. Chacun doit utiliser toutes ses qualités pour servir et faire grandir la Bonne Nouvelle de Jésus.

Pas d’homélie dimanche prochain :


François, prête retraité