Évangile de Jésus Christ selon St Jean 10 27–30
« En ce temps-là, Jésus déclara : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes un. »
Ce 7 mai s’est ouvert le conclave, où les cardinaux sont appelés à choisir un nouveau Pape, un bon berger pour l’Eglise universelle. L’évangile du Bon Pasteur, nous indique précisément les qualités requises pour tous ceux qui ont une responsabilité dans la conduite et l’accompagnement du peuple de Dieu. Jésus, en faisant la comparaison du bon berger, relié à ses brebis, nous parle aujourd’hui du lien fort qui doit se tisser entre les responsables de l’Eglise et les membres mêlés aux différentes activités et mouvements. Dans l’évangile, il n’est jamais question de domination, mais de confiance, de reconnaissance, de pardon, d’humilité, de miséricorde, de pauvreté et d’estime réciproque. Voilà les qualités que nous souhaitons au futur pape.
LL’important pour les brebis, ce n’est pas ce que dit le berger ; c’est le son de sa voix. Il peut leur dire n’importe quoi, c’est l’intonation qui les rassure, les apaise et les rassemble. Jésus ne dit pas : « Mes brebis écoutent ce que je leur dis », mais : « Elles entendent ma voix ». C’est tout différent ! La voix est l’expression d’une présence ; les mots prononcés par cette voix disent une identité, selon qu’ils sont porteurs de compassion, de commandement, de tristesse, de reproche, d’encouragement, d’amitié.
Pour en venir à notre époque, si souvent, ballotée, chahutée, parfois écartelée, trop de violence, il est d’autant plus nécessaire de retrouver des lieux de confiance et des personnes sur qui on peut compter. Mon père disait souvent : « Wo sind denn unser Männer ? » Où sont nos hommes responsables sur qui on peut compter ? Trop de drames, apparemment sans avenir, trop d’abus dans tous les domaines, ne peuvent déboucher que sur le désespoir, le chacun pour soi qui est chemin sans issue. C’est l’enfer à notre porte.
Et que dire des nombreuses images que nous donnent les « bergers », ceux qui sont responsables de nos sociétés ? Ils devraient être exemplaires. Le monde a besoin de personnalités fortes, libres, capables de prendre en main leur destinée. L’actualité nous montre suffisamment de bergers qui tondent et exploitent leurs moutons. Je pense à tous ces assoiffés de pouvoir qui conduisent leurs troupeaux comme on conduit des brebis à l’abattoir, là où coule le sang, ou encore ces politiciens qui se servent des électeurs comme marche-pied pour mieux se dresser sur leur piédestal, ou encore ces financiers qui se servent de l’argent des plus pauvres pour se sucrer, ou même ces hommes d’Eglise pour qui le dogme, les principes et les lois comptent plus que les personnes.
Si Dieu appelle, c’est parce que rien de ce qui se passe dans l’humanité et dans le cœur des humains, ne le laisse indifférent. Or, il avait déjà clairement décliné son identité à Moïse en lui disant : « J’ai entendu les cris de mon peuple, et je viens. » Et donc, comme il est avant tout un « Dieu compatissant », son but est de soulager les souffrances qui peuvent être soignées et de donner un sens à ce qui est sans remède. Dieu n’a jamais cessé d’appeler, de mobiliser, de solliciter nos générosités pour embellir le monde et pour réajuster ce qui risque de tourner au néant. « Sauve mon peuple » demande-t-il à Moïse. « Sauve cette femme que deux vieillards lubriques veulent faire lyncher » dit-il à Daniel. « Sauve mon Eglise » demande-t-il à François d’Assise. « Sauve ma planète » dit-il par la bouche du Pape François.
Il faut reconnaître, que dans le contexte actuel, il est difficile de discerner la VOIX de Celui qui appelle discrètement, mais avec insistance. Trop encombré par toutes les sollicitations qui nous dispersent, le Bon Pasteur nous invite à prendre du recul pour apporter le meilleur de nous-mêmes à la vie de nos communautés.
Prions pour que naissent et grandissent des disciples de Jésus qui répondent à ses appels. Dans cet esprit accueillons le nouveau pape que l’Eglise nous donne.
Pas d’homélie pour ce 57ème dimanche de Pâques !