mercredi 25 octobre 2023

Le message du Père Fraçois


 

Évangile de Jésus-Christ selon St Matthieu 22 34–40

« En ce temps-là, les pharisiens, apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent, et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? » Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »

 

Comme dimanche dernier, l’évangile de ce jour nous met en présence des opposants à Jésus. Leur démarche n’a qu’un seul but : trouver un piège pour l’éliminer. Mais Jésus n’entre pas dans cette polémique, car le cœur de sa vie c’est de nous révéler l’Amour du Père.                                                                                                    

 

Aimez-vous les uns, les autres.

Déjà la première lecture, l’Exode, nous présente l’attachement de Dieu à son peuple.  Il rappelle l’importance des droits de ceux qui sont les plus exposés à l’injustice, c'est à  dire : les isolés : immigrés, veuves, orphelins et les démunis : les pauvres, les endettés. Cet extraordinaire extrait de la Loi est plein d’humanité. Il nous révèle que, pour ce peuple, la Loi est avant tout une affaire de relation. C’est pourquoi on lui donne ce beau titre « d’Alliance », car Dieu est très proche de son peuple. La relation d’Alliance est le contraire de la loi du plus fort, qu’on appelle, la loi de la jungle.  Dieu se révèle comme le « tout compatissant ». Il est donc logique que les membres de son peuple aient le même type de relations entre eux. C’est ainsi qu’ils se protégeaient contre les dangers d’une société à deux vitesses. Cette façon de vivre était vraiment une révolution dans les comportements sociaux. Comme aujourd’hui, devant la recrudescence du Covid, se laver les mains régulièrement, porter le masque dans certains endroits… est un signe que je respecte, que je témoigne mon amour pour mon prochain et que je ne veux pas être porteur de virus. Il en va de même quand je respecte le tri collectif et que je ne jette pas n’importe où mes déchets, c’est également une preuve d’amour : càd j’aime la nature que le Seigneur m’a confiée et je respecte ceux qui doivent ramasser le fruit de mon égoïsme et du je-m’en-foutisme !                                                                                        

 

Aujourd’hui aussi, notre existence concrète est traversée par de nombreuses difficultés et drames. Cette recommandation de droit et de justice, présentée par Dieu à Moïse, mérite de rester au cœur de toutes les décisions concernant la vie en société. C’est la clé de l’avenir. Dans l’Evangile de ce jour, Jésus va encore plus loin. Il prend l’Homme comme partenaire et comme son égal : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur…. et le second qui lui est semblable : tu aimeras ton prochain comme toi-même. »                                                                                                                                 

 

Reste la question essentielle : c’est quoi aimer ? C’est quoi aimer quelqu’un qui m'a fait du mal ? C’est quoi aimer un conjoint qui papillonne ?  C’est quoi aimer une personne injuste ou mensongère ? C’est quoi aimer, quand il y a une montée de violence au point de décapiter un professeur d’histoire et hier un professeur de lettres à Arras ? C’est quoi aimer quelqu’un qui, sous mes yeux, fait du mal à un enfant ou à une personne handicapée ? Questions combien difficiles, auxquelles seule la conscience peut répondre ! 

 

Depuis Jésus, on enseigne dans l’Eglise, et ce fut confirmé par le Concile Vatican II, que la conscience passe avant toutes les lois de l’Eglise ou de la société. Avant toutes les lois ! Ainsi, quand nous avons à choisir entre deux attitudes, s’il importe de me demander ce que dit la loi à ce sujet, il y a surtout à me demander : que me dit ma conscience ? En d’autres mots : à quoi m’appelle Jésus maintenant, vu mes limites, mes fragilités ? Pour entendre la réponse de ma conscience, qui n’est jamais évidente, il faut m’imposer une vraie réflexion, demander conseil à des personnes de confiance, prier. Car, bien sûr, ma conscience ne va pas dans le sens de mes caprices, elle doit être éclairée. En tout cas, on enseigne régulièrement dans l’Eglise que ce que dit ma conscience prime toute loi. Bien sûr que ma conscience doit se référer aux dix commandements et à l’enseignement de Jésus contenu dans les 4 évangiles. Ce qui est étonnant, c’est que Jésus va jusqu’à donner priorité à l’amour du prochain : « Si tu te souviens, au moment d’aller au Temple pour prier, que ton frère a un grief contre toi, fais demi tour, va d’abord te réconcilier avec lui. » Notre Dieu est un Dieu amoureux de l’Homme. Il a lié son destin au nôtre. Il s’identifie à chacun : « Ce que tu auras fait à l’un de mes frères, c’est à moi que tu l’auras fait…. Mais quand donc Seigneur ? » Dieu est humilié dans l’Homme humilié ; il est bafoué dans l’Homme bafoué. Dieu crève dans l’Homme affamé… »                                                                                                         

 

Pour un chrétien, la première préoccupation est de mettre tout en œuvre pour que chacun puisse retrouver sa dignité, parce que chacun est aimé de Dieu. Cela suppose une attention renouvelée à toutes les personnes que nous croisons sur nos chemins.


François, prêtre retraité