mercredi 17 mai 2023

Message du Père François

 Évangile de Jésus Christ selon St Jean 17 1–11

 

« En ce temps-là, Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie. Ainsi, comme tu lui as donné pouvoir sur tout être de chair, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. « Moi, je t’ai glorifié sur la terre en accomplissant l’œuvre que tu m’avais donnée à faire. Et maintenant, glorifie-moi auprès de toi, Père, de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde existe. J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé ta parole. Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m’as donné vient de toi, car je leur ai donné les paroles que tu m’avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé. « Moi, je prie pour eux ; ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donnés, car ils sont à toi. Tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi ; et je suis glorifié en eux. Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi. »

Photo  DR
 

Permettez-moi d’exprimer mon émotion après ce récit que nous venons d’entendre. A l’heure de sa Passion, à l’instant, où Judas va le vendre, et où Pierre va le renier, au moment même où Jésus s’est donné comme pain de vie à ses apôtres, le Christ fait cette étonnante prière à son Père. C’est comme une confidence, un dialogue intime et unique qu’un Fils peut avoir avec son Père. Il nous livre là son testament. Chose étonnante, c’est bien de nous qu’il s’agit dans cette prière : que personne ne soit perdu et que tous puissent accéder à la joie de la vie éternelle : « La vie éternelle, c’est de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. »  Il n’y a pas de plus belle promesse. Il nous promet la fête de la vie éternelle, où nous serons tous réunis, hommes et femmes de toutes conditions, de race, de culture, de religion ; là il n’y aura plus de cris, de larmes de deuils, mais que bonheur éternel ! 

 

En ces mois de mai-juin, mois des grandes fêtes de l’Eglise, fêtes familiales, fêtes d’associations…, belle occasion pour nous demander quelle place accordons-nous dans nos vies à la fête ? Concrètement, quelles sont nos vraies raisons de faire la fête ? Il y a des fêtes de convenances où il nous faut être présent. Bien souvent lié à la famille, à l’emploi, à la responsabilité…. Et puis, il y a les multiples fêtes qui proposent des animations de tout genre, où tout est orchestré d’avance avec des clameurs et des applaudissements. 

 

Avec l’attrait de l’argent, il y a les soldes, les vides greniers, les braderies qui jouent à la fête pour attirer du monde et en tirer profit. Dans toutes les fêtes, nous n’avons pas le même intérêt et nous n’y mettons pas la même implication. Pour qu’une fête soit réussie, il faut que tous les participants se sentent concernés. Et pourquoi est-ce si important de fêter quand il y a tant de malheurs, de méchancetés, d’injustices ? N’avons-nous pas la même raison que Jésus ? En effet, la veille de sa mort, au cours de la fête de la Pâque Juive, au moment où tout semble anéanti, Jésus invite à un nouveau passage, à une nouvelle Pâque, à une nouvelle vie, à une nouvelle fête. Grâce à ce temps fort, cette fête de la nouvelle alliance, les apôtres ne seront pas dominés et enfermés dans les contraintes et les pressions des puissants y compris de la mort. 

Avant son arrestation, nous dit l’évangile de ce jour, Jésus dans une grande prière adressée à son Père, nous parle de la vie et du bonheur éternel. Le Christ nous promet pour l’éternité d’être rassemblé dans la joie. Cette promesse de la fête éternelle s’adresse à des gens de tous bords. Ainsi nos fêtes humaines prennent tout leur sens parce qu’elles s’inscrivent dans l’espérance de cette ultime et définitive fête qui se réalise déjà pour nous aujourd’hui dans le banquet de l’Eucharistie. Quelle merveille de Dieu pour l’humanité ! Quelle Eglise festive pour les hommes de ce temps!

 

La fête donne à notre vie la dimension de l’homme total qui n’est pas seulement fait pour le travail mais aussi pour le temps libre, le loisir, le temps de la prière, de la méditation de l’Evangile ; les vacances qui lui permettent de se ressourcer, se refaire, et faire de la fête un temps de plénitude dans la rencontre de l’homme avec son Dieu. S’aimer soi-même pour être en capacité d’aimer les autres à la manière du Christ. Ça nécessite les efforts, les dépassements intérieurs d’un chacun pour apporter le meilleur de soi-même, pour que la fête soit vraiment une fête réussie. 

Sur cette route difficile et que Jésus a bien connue, il donne les moyens de ne pas désespérer et de renouveler son courage et sa foi par la communion. C'est pour cela que chaque eucharistie est une fête. Ceux qui partagent ce pain et qui s'en nourrissent doivent retrouver une vitalité et une espérance nouvelle, car ils savent que même si leurs yeux ne voient pas, Dieu est déjà là. 

 

Jésus veut nous placer au cœur de l’existence, sur ce qui donne du sens, du goût à la vie et qu’on appelle l’Amour. Jésus lui donne le beau nom de : l’Esprit Saint, l’Esprit de Dieu donné à chacun. 

Aujourd'hui communier au Christ mort et ressuscité, c'est entrer dans la même perspective que Lui : c'est accepter de prendre ses risques et de ne pas rester étranger quand il y a un enjeu humain.

 

Soyez des hommes et des femmes courageux et audacieux pour l’annonce de la Bonne Nouvelle, la fête est à ce prix là !


François, prêtre retraité