Évangile de Jésus-Christ selon St Jean 14 1–12
« En ce temps-là, Jésus disait à ses
disciples : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une place” ? Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. Pour aller où je vais, vous savez le chemin. » Thomas lui
dit : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? » Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. » Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. » Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père” ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres. Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes. Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père.
Je suis le chemin de la vie.
« Ne soyez donc pas bouleversés ! » vient de nous dire Jésus. Or dans le contexte actuel, beaucoup sont dans l’incertitude : de quoi sera fait demain ? Ce n’est pas seulement la santé des uns et des autres qui est préoccupante, mais tous les autres problèmes qui en découlent :
l’économie, le vivre ensemble, l’école, plus de 10 millions de français vivent sous le seuil de pauvreté, et la misère qui en découle. Il est grand temps de prendre garde à ce que toutes les décisions soient réfléchies et prises pour le bonheur et l’épanouissement de l’Homme et de tout Homme.
Face à tout ce qui nous bouleverse, saurons-nous envisager, ensemble, une nouvelle manière de vivre les uns avec les autres et de mettre en route une nouvelle société? Que nous le voulions ou non, nous sommes à un tournant important que ce soit: politique, économique, sociétal et religieux. Dans la période qui s’ouvre, nous devrons tous faire appel à l’intelligence plutôt qu’à l’instinct, au discernement plutôt qu’à la seule spontanéité, à la sérénité plutôt qu’à la peur. »
Au nom de la foi et de la conception de l’homme qui nous anime, Jésus nous invite à être vigilants. Ce qui est au cœur de notre vie chrétienne, c’est tout ce qui touche à la dignité de la personne humaine. Une réflexion sur le rôle et le fonctionnement de la vie politique, de la vie religieuse, de la vie professionnelle et de la vie associative s’impose. Car ce sont là des aspects qui engagent la vie de chacun.
Notre époque nous pousse à l’individualisme, à l’oubli, de plus en plus on perd le sens de l’histoire. L’histoire devrait nous rendre plus sage, plus éveillé pour qu’on ne tombe plus dans les mêmes travers. Nous n’avons pas le droit de jouer avec le sérieux de la vie. Les fêtes du 1er Mai et du 8 Mai nous ont rappelé que des hommes et des femmes ont donné leur vie pour plus de dignité, de paix et de justice. Nous avons le devoir de soutenir, tous ceux et celles qui aujourd’hui prennent des risques pour faire avancer le respect, la dignité, la fraternité et la paix. Combien de pays nous envient le droit de vote et les règles qui donnent à chacun les mêmes droits. Malheureusement, trop de citoyens qui ont ces droits ne les honorent pas. Il me semble que 57% de français ne se rendent plus aux urnes. Et ce sont encore, certainement, les mêmes qui ont des reproches à faire. C’est comme dans chaque famille, il est important que chacun assume ses responsabilités. Chacun, avec ses moyens, doit contribuer à la réussite de la vie ensemble. Et ça commence par la table familiale où on partage la nourriture et la parole. La parole me semble aussi importante que la nourriture : ça passe par l’écoute, le dialogue, les confrontations d’opinions…
Dans l’Evangile de ce jour, Jésus nous appelle à un sursaut de discernement, de mobilisation autour de ce qui est important pour tout homme. C’est-à-dire : vivre en harmonie les uns avec les autres. Son argument fondamental, c’est que nous n’avons qu’un seul et même Père. Pour ce faire, il est nécessaire de promouvoir des chemins de rencontre pour bâtir la paix et la justice entre les hommes et les peuples. Jésus se présente à nous comme étant le « chemin, la vérité et la vie » qui mène l’homme au vrai bonheur, à savoir vers son Père. En quelque sorte, l’Evangile est pour nous la carte routière que Jésus nous a laissée pour découvrir Dieu comme un Père qui nous aime. Toutes les paroles de Jésus, ses commandements, sa manière d’accueillir les pauvres, de pardonner aux pécheurs ou de secourir ceux qui souffrent, c’est notre GPS pour marcher avec Lui.
Croire en Jésus, ce n’est pas simplement croire à tout ce qu’il a dit et fait il y a deux mille ans, c’est croire qu’il est ressuscité, toujours vivant avec nous et qu’il est toujours capable de faire encore maintenant ce qu’il faisait jadis : pardonner, redonner confiance, accueillir, guérir les malades. Encore maintenant, il est toujours capable de nous faire renaître à l’espérance et à la confiance dans l’avenir. Encore maintenant, quand une épreuve trop lourde vient nous écraser, il est toujours prêt à nous faire dépasser nos doutes et nos peurs, et à nous faire renaître à la foi.
L’Evangile, c’est un peu comme une belle lettre d’amour que Jésus nous a laissée pour que nous nous nourrissons de son esprit. « Je suis le chemin, la vérité, la vie ». Avec Jésus, nous sommes sur le bon chemin pour parvenir à la vraie vie que Dieu veut partager avec nous.
François, prêtre retraité