A 250 mètres de la frontière franco-allemande et de la « Koenigstrasse » une ancienne voie romaine venant de Sarre-Union, à une altitude de 374 m, la chapelle Saint-Joseph d’Ormersviller a été construite au lieu die « Burg » Elle est très fréquentée par les pèlerins, les randonneurs et les touristes et particulièrement le 15 août, où l’on fête l’Assomption
La colonne et la chapelle Saint-Joseph
« Pour les uns, la chapelle Saint-Joseph est un lieu de prière et de ressourcement, pour les autres un lieu de rencontre et d’amitié entre les peuples » disait l’abbé Gérard Henner.
Qui était Saint Joseph?
Joseph était de la descendance de David. Mais, tout en ayant cette ascendance royale, il a vécu dans des conditions très modestes. Il a exercé le métier de charpentier. Joseph a été un homme simple, pauvre, silencieux, humble et doux, patient et fort, plein de bonté, de piété, de fidélité à la volonté de Dieu. Joseph a été un homme juste, époux de Marie, la mère de Jésus. Il a veillé comme un père sur Jésus. Il a accompli fidèlement, avec beaucoup d'amour, son humble devoir de chaque jour. Ses actions ordinaires ont été valorisées par un grand amour de Dieu et du prochain.
Pour quelle raison, la chapelle a-t-elle été construite?
L’abbé Michel Kuhn, curé d’Ormersviller, de 1865 à 1899, originaire de Waldwisse, aimait monter sur cette colline pour y lire son bréviaire. C’est là qu’il a eu l’idée d’ériger une colonne surmontée d’une statue de Saint-Joseph afin de réduire le décès des parturientes, c’est à dire les femmes lors des accouchements. En effet, huit jeunes femmes entre 26 et 36 ans sont décédées en couches en très peu de temps. Comme Saint Joseph est le patron des familles, mais aussi des causes difficiles, de la bonne mort, des artisans et des travailleurs, il a fait ériger une statue de Saint Joseph sur une colonne.
La colonne Saint-Joseph
La colonne de cinq mètres de haut a un diamètre de soixante centimètres. La statue et la colonne ont été taillées dans un bloc de grès des Vosges provenant d’une carrière d’Urbach. C’est l‘oeuvre de Louis Bruhl (1833-1904) et de son apprenti Nicolas Bruhl (1860-1943). La colonne et la statue sont tombées lors du dynamitage de la chapelle le 20 septembre1939 à 3 h 45, réalisé par les sapeurs du génie militaire, appuyés par les soldats du 32 ème Régiment d’Infanterie de Tours. Au retour des habitants, de la chapelle il ne restait que le sol et une voûte en béton armé. Les militaires ont mis tellement de dynamite que toutes les pierres se sont éparpillées dans les champs environnants. Elle a été dynamitée, car elle servait de repère pour l’ennemi comme le clocher de l’église paroissiale d’Ormersviller. La colonne tomba à terre ainsi que la statue. La colonne a pu être érigée, mais la statue de Saint-Joseph brisée a été remplacée par une en bronze.
La première Chapelle
La Chapelle a été construite à l’instigation du curé Michel Kuhn. Les maçons ont utilisé les pierres calcaires, issues des nombreuses carrières de la Burg. Elles servaient pour la construction des maisons du village et l’aménagement des chemins d’exploitation agricole.
Elle a été bénite le 9 mai 1895 par Mgr François-Louis Fleck (1824-1899), 97 ème évêque de Metz. La Chapelle est dédiée à la Sainte Famille. Quatre vitraux, représentant les épisodes de la Sainte famille ornaient les quatre fenêtres. Par lettre en date du 14 novembre 1895, le curé a été autorisé d’y célébrer la messe une fois par semaine. Actuellement la messe n’y est célébrée que trois fois par an pour la Saint-Joseph le 19 mars, le 1 er mai et le 15 août, jour du pèlerinage.
La cloche de la chapelle
Une cloche a été acquise avant 1939 par le conseil de fabrique. Comme elle était trop grande pour le clocheton, elle n’a jamais sonné à la chapelle. Afin qu’elle ne soit pas détruite durant les combats, avant le départ en Charente, elle a été enterrée dans la tombe de Fridolin Meyer, fils de Jacques Léonard Meyer, qui est mort en bas âge. Après la guerre, elle a été déterrée, et posée sur un chevalet en bois près de l’entrée de l’église. Elle a servi pour annoncer les offices jusqu’à l’acquisition des nouvelles cloches. Les anciennes ont toutes été descendues et prises par les Allemands pour réaliser du matériel de guerre.
Reconstruction de la chapelle
Elle a été reconstruite en 1962/1963 sur dommages de guerre par l’entreprise Jules Beck de Nousseviller-lès-Bitche. La murs latéraux sont en pierres calcaire issues de la carrière de Victor Klein ( 1892-1974), située en face de la chapelle. La carrière a été fermée et comblée pour y construire des toilettes et créer un parking.
Pour le choeur, les pierres proviennent de la carrière de Jaumont près de Metz, les mêmes que celles avec lesquelles on a construit la cathédrale de Metz. Les vitraux, dont la couleur bleue est supérieure aux autres, ont été réalisés par l’Atelier Bassinot de Nancy.
La chapelle Saint Joseph a été bénite le 2 juillet 1967 par Mgr Georges Klein, vicaire général du diocèse de Metz. Afin qu’on puisse y accéder, à l’instigation du maire Roger Sprunck, la commune a chargé l’entreprise Hantz de Sarreguemines en 1979 pour aménager le chemin d‘accès. Afin que les pèlerins individuels puissent pique-niquer une aire a été aménagée en contre-bas de la chapelle en 1982 sous la direction de Hervé Pérès, ingénieur du Génie rural. Comme on a un magnifique point de vue sur le Bitcherland et sur l’Allemagne, dans les années 1990, les Amis de la chapelle ont fait
installer une table d’orientation, ce qui permet à chacun de se repérer.
Lancement du pèlerinage
C’est le 15 août 1980, que l’abbé Paul Jung, curé d’Ormersviller, a organisé le premier pèlerinage à la chapelle Saint-Joseph. Ce sont surtout les habitants d’Ormersviller qui y ont participé. Comme on pouvait y monter en voiture, les personnes âgées ont pu y assister. L’année suivante, les pèlerins étaient plus nombreux. Une association des Amis de la chapelle a été créée en décembre 1981 et Alfred Faber a été le premier président fondateur. Ce sera seulement en 1982, que les Amis de la chapelle ont mis en place une buvette et de la petite restauration. Au fil des ans, les pèlerins ont augmenté, et il a fallu louer un chapiteau pour servir le repas du pèlerin.
Un pèlerinage qui perdure
Le pèlerinage marial est un acte de dévotion accompli auprès de la Vierge Marie, comme étant celle qui intercède volontiers auprès de son fils Jésus. Il consiste à se rendre, à pied ou autrement, en un lieu où, pour des raisons historiques ou spirituelles, la présence et force spirituelle de la Vierge Marie est pressentie de manière plus vive. De tout temps, les chrétiens ont construit des chapelles dédiées à St Wendelin, à St Roch ou St Sébastien, au moment où les fièvres aphteuses et les pestes de bétail sévissaient sur toute une région. On invoquait St Côme et St Damien, les patrons des médecins ou les 14 saints Auxiliaires du temps où les habitants n’étaient pas assurées.
Rencontre des anciens combattants
En 1973, les anciens combattants du 32 ème régiment d’infanterie de Tours sont revenus sur les lieux des combats en 1939 où d’après André Gouge, président national des anciens combattants du 32 ème R.I qui ont eu lors des combats 63 soldats sont tués, 159 blessés et 11 disparus. Puis ce fut la rencontre avec les adversaires allemands 127 ème régiment de l’infanterie de Zweibrücken dont 70 à 80 sont tués durant toute la guerre et particulièrement en Russie. Ces deux rencontres ont été facilitées grâce Roger Sprunck, maire d’Ormersviller et Dieter Schmidt, maire de Brenschelbach (Sarre). Grâce à ces différentes rencontres, une véritable amitié s’est créée entre les élus lorrains et allemands des villages de part et d’autre de la frontière.
Lieu de souvenir et de l’amitié franco-allemande
Sur le mur droit du perron, le mémorial mis en place par la Section de Bitche de Société d’histoire et d’Archéologie de Lorraine (SHAL) rappelle l‘expulsion de plus de 9 000 Bitcherlandais en novembre 1940 dans le sud de la Moselle et dans la Région messine.
La Croix aux éclats d’obus, ramassés par le Dr Hermann Wesely et son épouse sur la zone de combats de la Burg, a été réalisée par un forgeron d’art d’Odenwald. Elle rappelle les nombreux jeunes soldats tombés au cours de la guerre de 1939/1945.
L’aire de pique-nique
L’aire de pique nique a été aménagée à l’instigation du maire Roger Sprunck, il a été agrandi en 2019. L’entretien de la chapelle et des abords est assuré par les Amis de la chapelle. Depuis plusieurs années la chapelle Saint-Joseph est sur le circuit du chemin Saint-Pirmin et des randonnées d’excellence du Bitcherland. Ce site est très apprécié non seulement par les pèlerins qui y viennent pour pour prier, mais aussi par les randonneurs.
Joseph Antoine Sprunck