2 Novembre 2022
Evangile de Jésus-Christ selon Jean (14, 1-6) :
« En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une place” ? Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. Pour aller où je vais, vous savez le chemin. » Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? » Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. »
Chers amis, le 2 Novembre toute l’Eglise se mobilise pour une grande et suppliante prière pour ses fils et filles qui ont franchi le seuil de l’éternité. Effectivement, l’Eglise ne tire pas un trait sur ses enfants disparus. Depuis le baptême jusqu’à la mort, l’Eglise accompagne ses enfants jusqu’à la rencontre ultime de l’être créé avec son Dieu. C’est Dieu qui donne la vie, et au soir de notre vie que Dieu est là pour nous accueillir. Et cette prière que nous faisons ce jour est nécessaire et efficace, bien sûr pour les défunts, mais plus encore pour nous les vivants qui sommes confrontés à toutes les tribulations douloureuses de la vie. Nous ne pouvons oublier aujourd’hui tous ceux et celles qui souffrent de l’absence plus ou moins récente d’un être cher. On ne se remet jamais totalement de la mort d’un être cher, il reste toujours une blessure.
La Parole de Jésus, que nous venons d’entendre, se veut être avant tout une force intérieure dans notre acte de foi: nous avons été créés pour la vie et non pour la mort. Et lorsque notre corps aura fini de lutter avec la vie, c’est à ce moment que se réalisera la promesse de Bonheur de Jésus: « Je viendrai vous chercher, et là où je serai, vous serez avec moi. » Quelle belle promesse, géniale, youpi, savoir que le Christ est là pour nous accueillir les bras grands ouverts. Chrétiens, c’est bien à cet acte de foi que nous sommes invités. La joie de Dieu, c’est de voir l’homme vivant, l’homme debout, l’homme épanoui.
C’est pourquoi nous ne pouvons accepter la destruction totale de l’être aimé. Que le corps puisse disparaître soit, mais tout ce riche potentiel de vécu dans la joie et la peine relève de l’essence même de notre existence sur terre. C’est légitime de douter et de se poser la question: y a-t-il vraiment quelque chose après cette vie ? En dehors d’une expérience intérieure, spirituelle par la prière, par l’Eucharistie et le souvenir partagé de leur passage au milieu de nous, il n’y a aucune autre manière d’entrer en contact avec nos défunts. Une fois le seuil franchi de l’éternité, il n’y a plus de retour possible. Soyons assez raisonnable pour nous contenter de ce que le Christ nous en dit de l’éternité, même s’il n’a fait que soulever un coin du voile.
La 1ère certitude de la foi est la suivante: nos défunts sont des vivants! « Il détruira la mort pour toujours ». Quand nous parlons de nos défunts, ne disons plus, nous les avons aimés, mais nous les aimons!
La 2° certitude, c’est qu’une joie extraordinaire leur est réservée. Le bonheur qui nous attend, dit St Paul, est sans comparaison avec les douleurs du temps présent. Le ciel, c’est l’entrée solennelle dans la joie même de Dieu. Et ce bonheur est de voir Dieu comme il se voit. C’est aimer comme Dieu aime, sans limite. La joie de l’éternité, c’est de vibrer avec tous les élus, avec tous ceux de sa famille de la terre, dans la contemplation commune du plus grandiose des spectacles.
Si l’homme est destiné à ce face à face éternel avec Dieu, il a besoin d’une purification pour approcher le Trois fois Saint, le Très-Haut. L’évangile nous parle d’un feu purificateur, c’est à dire un passage: hors du temps et de l’espace, d’un passage par le feu de l’amour de Dieu qui brûlera toutes les scories, tous les déchets de notre passé. Et cela se réalisera en un clin d’œil où nous passons de cette vie au bonheur promis par Jésus.
La 3° certitude est que nos défunts sont appelés à ressusciter dans leur corps. En nous basant sur les écrits de la résurrection du Christ et des différentes rencontres que le Christ ressuscité a eues avec ses apôtres, on constate que ce n’est plus le même corps. Ce corps ressuscité, spirituel comme dit St Paul, sera composé d’une matière nouvelle et nous reconnaîtrons en lui notre corps d’ici-bas.
Chers amis, lorsque nous allons sur les tombes de nos disparus, ne faisons pas simplement une prière. Mais prenons le temps de les écouter. Et ce qu’ils ont à nous dire, c’est: « Miser sur ce qui doit durer, à savoir l’Amour dans nos vies. Ne perdez pas votre temps dans l’illusoire. Investissez dans les efforts de paix, de justice, de partage, de vérité... Vivez intelligemment, comme si vous deviez paraître aujourd’hui devant Dieu. »
Chers amis, si la vie terrestre n’est que l’antichambre de la Vie Eternelle, il est sage d’en tenir compte. Laissons-nous, dès ici-bas, dès ce jour, purifier par l’amour, cet amour qui fait de nous des êtres destinés au bonheur sans fin.
François, prêtre retraité