Évangile de Jésus Christ selon St Jean 10 27–30
« En ce temps-là, Jésus déclara : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes un. »
Ce quatrième dimanche de Pâques est traditionnellement, la journée mondiale de prières pour les vocations. Quand on parle de vocations, on pense habituellement aux vocations sacerdotales et religieuses. Or toute personne a à répondre à un appel, à une mission à accomplir. Il y a 50 ans, chaque petite paroisse avait son prêtre à demeure. De même, chaque agglomération avait son médecin, voire plusieurs. Des prêtres il y en a de moins en moins et certaines agglomérations n’ont plus de médecins, et c’est l’affolement : où trouver encore un médecin qui veut bien de moi !
Aujourd’hui l’évangile du Bon Pasteur, nous indique les qualités requises pour tous ceux qui ont une responsabilité dans la conduite et l’accompagnement du peuple de Dieu : « mens sana in corpore sano : un esprit sain dans un corps sain »
Jésus, en faisant la comparaison du bon berger, relié à ses brebis, nous parle aujourd’hui du lien fort qui doit se tisser entre les responsables de l’Eglise et les membres mêlés aux différentes activités et mouvements caritatifs, associatifs, politiques… Dans l’évangile, il n’est jamais question de domination, mais de confiance, de reconnaissance, de pardon et d’estime réciproque.
L’important pour les brebis, ce n’est pas ce que dit le berger ; c’est le son de sa voix. Il peut leur dire n’importe quoi, c’est l’intonation qui les rassure, les apaise et les rassemble. Jésus ne dit pas : « Mes brebis écoutent ce que je leur dis », mais : « Elles entendent ma voix ». C’est tout différent ! La voix est l’expression d’une présence ; les mots prononcés par cette voix disent une identité, selon qu’ils sont porteurs de compassion, de commandement, de tristesse, de reproche, d’encouragement, d’amitié.
Pour en venir à notre époque, si souvent, ballotée, chahutée, parfois écartelée, il est d’autant plus nécessaire de retrouver des lieux de confiance et des personnes sur qui on peut compter. Trop de drames, apparemment sans avenir, trop d’abus dans tous les domaines, ne peuvent déboucher que sur le désespoir, le chacun pour soi qui est chemin sans issue. C’est l’enfer à notre porte.
Et que dire des nombreuses images que nous donnent les « bergers », ceux qui sont responsables de nos sociétés ? Ils devraient être exemplaires. Le monde a besoin de personnalités fortes, libres, capables de prendre en main leur destinée. L’actualité nous montre suffisamment de bergers qui tondent et exploitent leurs moutons. Je pense à tous ces assoiffés de pouvoir qui conduisent leurs troupeaux comme on conduit des brebis à l’abattoir, là où coule le sang, ou encore ces politiciens qui se servent des électeurs comme marche pied pour mieux se dresser sur leur piédestal, ou encore ces financiers qui se servent de l’argent des plus pauvres pour se sucrer, ou même ces hommes d’Eglise pour qui le dogme, les principes et les lois comptent plus que les personnes. Et nous, comme des moutons, nous consommons la publicité, nous nous laissons pilonner par des informations tendancieuses ou répétons les slogans, les vérités toutes faites sans jamais rien vérifier.
Si Dieu appelle, c’est parce que rien de ce qui se passe dans l’humanité et dans le cœur des humains ne le laisse indifférent. Or, il avait déjà clairement décliné son identité à Moïse en lui disant : « J’ai entendu les cris de mon peuple, et je viens. » Et donc, comme il est avant tout un « Dieu compatissant ». Son but est de soulager les souffrances qui peuvent être soignées et de donner un sens à ce qui est sans remède.
Dieu n’a jamais cessé d’appeler, de mobiliser, de solliciter nos générosités pour embellir le monde et pour réajuster ce qui risque de tourner au néant.
Tout homme, toute femme est en mission pour l’humanité et pour la terre. Les talents que Dieu nous a confiés sont destinés à être partagés et mis au service de tous. Le désir du « Bon Pasteur », c’est de nous voir tous devenir pasteurs à sa suite
Je suis convaincu que Dieu ne cesse d’appeler les uns et les autres à une belle mission pour ce monde de ce temps. Mais qu’est-ce qui empêche, les uns et les autres, à accueillir cet appel de Dieu ?
Il faut reconnaître, que dans le contexte actuel, il est difficile de discerner la VOIX de Celui qui appelle discrètement, mais avec insistance. Trop encombrés par toutes les sollicitations qui nous dispersent, le Bon Pasteur nous invite à prendre du recul pour apporter le meilleur de nous-mêmes à la vie de nos communautés.
Prions, pour que naissent et grandissent des disciples de Jésus qui répondent à ses appels.
François, prêtre retraité