mercredi 8 janvier 2020

Le message du Père François

Évangile de Jésus Christ selon St Matthieu 3 13–17
« Alors paraît Jésus. Il était venu de Galilée jusqu’au Jourdain auprès de Jean, pour être baptisé par lui. Jean voulait l’en empêcher et disait : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi ! » Mais Jésus lui répondit : « Laisse faire pour le moment, car il convient que nous accomplissions ainsi toute justice. » Alors Jean le laisse faire. Dès que Jésus fut baptisé, il remonta de l’eau, et voici que les cieux s’ouvrirent : il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et des cieux, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie. »
C’est au bord du Jourdain, là où Jean baptisait, que Jésus quand prend sa place dans la file des pécheurs et des marginaux qui attendent leur tour pour être baptisés par Jean. Il faut savoir que le Jourdain se jette dans la mer morte à 400m en dessous du niveau des océans ! C’est très symbolique. Dans cette démarche, Jésus vit un abaissement où il rejoint l’humanité dans tout ce qui est dur à vivre et qui fait souffrir. Le baptême de Jésus doit être compris comme un geste de solidarité, comme un choix délibéré. Il est l’envoyé de Dieu, annoncé par Isaïe : « Voici mon serviteur…. en qui j’ai mis toute ma joie. » Il rejoint tous ceux qui sont en recherche de paix, de justice et de solidarité. Il rejoint tous ceux qui se rebellent contre l’injustice, la domination, le mépris. Jésus est envoyé par son Père pour redonner VIE et ESPERANCE à tous ceux qui peinent et qui parfois désespèrent. Même si la vie est dure, elle reste toujours le lieu privilégié de la rencontre, du partage et de la fraternité.
Par ce baptême, Jésus entre dans le réseau de tout le monde. Il manifeste un acte positif de solidarité. C’est une solidarité voulue, assumée et désirée. Mais la solidarité de Jésus a aussi un visage d’avenir. Il est proche de ceux qui peinent et il a un sens de l’engagement pour ne pas laisser les choses en l’état. La descente dans le Jourdain s’accompagne d’une remontée. Jésus est donc uni aux autres dans la souffrance et le désespoir - pas pour y demeurer, pour y croupir - mais pour amorcer une remontée, une libération. Jésus prend la douleur du monde et son tragique pour aller plus loin. Il refuse de laisser pourrir une situation.
Aujourd’hui, chacun peut se laisser interpeller par la phrase du pape Jean Paul II à Paris : « France, Fille aînée de l’Eglise, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême?» Le baptême n’est pas inscription dans un registre, acceptation d’un carcan dogmatique, pas plus qu’il n’est assurance magique contre les mauvais esprits. Le baptême, c’est un engagement à suivre Jésus sur la voie qu’il nous a tracée – un engagement des parents à guider les enfants sur cette voie, à les équiper pour la vraie Vie. Au baptême, Dieu vient habiter au milieu de nous, en nous.
La plupart d’entre nous ont été baptisés en étant bébé. Certes, nous n’en avons aucun souvenir, mais la transmission de la vie et de la foi a été portée par nos parents, nos familles, nos amis, nos églises.
Qu’en est-il pour nous aujourd’hui en 2020?
Le baptême apparaît trop souvent comme un geste privé, qui mobilise la famille et un petit cercle d’amis. Bien souvent, il est célébré après la messe dominicale. C’est la dimension communautaire qui fait défaut dans notre manière de voir et de célébrer. Oui, l’homme d’aujourd’hui se détourne de plus en plus des taches d’intérêt général. Il cultive son jardin, il se replie sur sa maison, sur sa vie privée, son jogging… Il y a un essor de l’individualisme qui débouche souvent sur la solitude et la démobilisation. Combien de gens se plaignent de la solitude et de la morosité alors que c’est le résultat de nos façons habituelles de vivre.
La nouveauté du baptême chrétien, c’est la manifestation de l’amour de Dieu visible et reconnaissable dans l’existence humaine. « Ce que tu fais à ton frère, c’est à moi que tu le fais. » Les baptisés ont à suivre le Christ. Il est chemin de Vérité, de Justice, d’Amour et de Paix où les Hommes sont invités à vivre leur solidarité en toutes circonstances. Le cœur de l’Homme est trop grand et trop vaste pour se contenter d’un minimum vital. Chacun aspire à une vie plus fraternelle, plus ouverte qui l’aide à s’arracher à sa solitude. En s’intéressant à ce que vivent les autres, leurs problèmes, leurs façons de voir, leurs perspectives, on peut trouver plus facilement des réponses à nos problèmes, et surtout à les relativiser. C’est relier sa vie à toute la création qui aspire à être sauvée.
Le baptême nous invite à discerner les souffrances, à entendre le cri des hommes et à entrevoir des possibilités pour prendre des chemins nouveaux. Le baptisé ne peut rester indifférent ni au drame vécu par les Australiens, ni à la tension (guerrière ?) entre l’Iran et l’Amérique, encore moins à cette longue grève des travailleurs quant à leur retraite.


N’est-ce pas à cette mission là que nous appelle notre baptême ? Suivre le chemin que nous propose le Christ : chemin de Vérité, de Justice, d’Amour et de Paix où les Hommes sauront manifester leur solidarité en toutes circonstances. Nous sommes heureux de le suivre sur les chemins de notre vie, par la qualité de présence et de service à tous nos frères.
Aide-nous Seigneur, à comprendre que c’est une belle aventure d’être baptisés dans la mort et la résurrection du Christ et de vivre en communion avec tous nos frères.
François, prêtre retraité