dimanche 2 juin 2019

Le message du Père François

Évangile de Jésus Christ selon St Jean 17 20–26
« En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi : « Père saint, je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un : moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde. Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux. »
Nous voilà en présence de la grande prière que Jésus adresse à son Père. Elle se situe à un moment dramatique. Judas va le trahir, Pierre le renier et tous les autres vont s’enfuir. Jésus sent que la mission qui lui a été confiée par son Père a besoin de soutien. Alors il lui demande la grâce de l’UNITE qu’ils doivent construire entre eux, entre les peuples et les nations. Il sait que sans conciliation et sans unité il n’y a pas de progrès possible. Jésus compare l’unité souhaitée entre les hommes à celle qui est le fondement de sa relation à son Père.
Nous rêvons souvent d’une unité facile qui consisterait à ce que ceux qui ne pensent pas comme nous se rallient à nos idées. La véritable unité ne consiste pas à supprimer les idées, les coutumes, les options différentes, ce serait alors l’uniformité.
L’unité selon Dieu ne consiste pas à effacer les richesses différentes de chaque groupe et de chaque personne dans une sorte de fusion « gélatineuse » et sans saveur. C’est bien dans le respect des légitimes différences que l’Eglise doit construire son unité.
Pourquoi faudrait-il que toutes les races, toutes les cultures perdent ce qui fait leur originalité donnée par Dieu, comme un élément de l’harmonie universelle ?
Pourquoi faudrait-il qu’un type de piété s’impose à ceux qui prient autrement ?
Sommes-nous prêts à vivre l’unité du Dieu Trinitaire de notre baptême avec nos différences ?
Aujourd’hui, on parle facilement de pluralisme et d’unité : « la construction de l’Europe passe par là » disent certains. Mais dans les faits, allons-nous vers une écoute réelle de nos différences, vers un échange de nos richesses, vers le partage de nos cultures, vers un respect de l‘autre pour grandir ensemble ? La grandeur de l’Europe ne pourra être appréciée et reconnue que dans la mesure où elle fait place au respect des pays en difficultés.
Or cette unité profonde est le fondement de toute vie selon le message évangélique. Trop souvent nous nous interrogeons pour savoir quelles seraient les techniques et les meilleurs moyens pour que le monde croie, pour dynamiser la foi des jeunes et des adultes qui ont quitté l’Eglise sur la pointe des pieds.
Jésus n’a-t-il pas répondu à cette question ? « C’est l’unité qui évangélise ! »
Vivre comme frères et sœurs, voilà la 1ère conversion et le 1er acte missionnaire des croyants. Vivre comme des frères doit être une Bonne Nouvelle en actes, une action prophétique d’espérance pour tous les hommes. C’est un des plus grands défis lancés aux chrétiens d’aujourd’hui. Toute communauté chrétienne locale doit tendre à être un signe visible, lisible, social qui manifeste que le Christ est vivant, que son Règne, celui de l’Amour, s’est approché des hommes.
C’est bien à la qualité de nos relations, à la prise en compte collective des besoins et des préoccupations des hommes de ce temps que « le monde reconnaîtra que vous êtes mes disciples. »
L’évangélisation se fait d’abord par rayonnement, par contagion de la vie fraternelle, donner envie à d’autres de suivre le chemin du Christ : « Voyez comme ils s’aiment » c’est ce qu’on disait de la 1ère communauté chrétienne.
Que nos contemporains puissent en dire autant de nos communautés actuelles. Ce n’est pas évident, mais le projet mérite d’être soutenu, car il peut transformer la vie ensemble.


François, prêtre retraité