Je suis une maison abandonnée
Je tombe en ruine
J'ai mal aux murs
Qui se fissurent
Et saignent
Qui se déchire
Et pleure
J'ai mal au toit
Qui tremble de froid
Et reste nu
Toute la nuit
Atteint de pneumonie
J'ai mal partout
Loin des hommes!
Je suis une maison abandonnée
Ma porte a rendu sa clé
Au serrurier
A l'expert comptable
Au seigneur de la cité
Et reste ouverte à la vie
Je n'ai rien à cacher
Rien à perdre
Rien à craindre
Mes fenêtres m'ont déserté
Pour l'éternité
Les courants d'air m'ont habité
Dans la tête
Ils ont fait la fête
Avec un vent de folie
Et quelque tempêtes
Des toiles d'araignée sont nées
Dans mes côtes
Dans mon crâne dégarni
La chouette a fait son nid
Et un serpent frileux et orphelin
Se promène dans tous mes recoins
En toute impunité
Bravant mon humidité
Violant mon intimité
Je tombe en ruine
J'ai mal aux murs
Qui se fissurent
Et saignent
Photos DR
J'ai mal au plafondQui se déchire
Et pleure
J'ai mal au toit
Qui tremble de froid
Et reste nu
Toute la nuit
Atteint de pneumonie
J'ai mal partout
Loin des hommes!
Je suis une maison abandonnée
Ma porte a rendu sa clé
Au serrurier
A l'expert comptable
Au seigneur de la cité
Et reste ouverte à la vie
Je n'ai rien à cacher
Rien à perdre
Rien à craindre
Mes fenêtres m'ont déserté
Pour l'éternité
Les courants d'air m'ont habité
Dans la tête
Ils ont fait la fête
Avec un vent de folie
Et quelque tempêtes
Des toiles d'araignée sont nées
Dans mes côtes
Dans mon crâne dégarni
La chouette a fait son nid
Et un serpent frileux et orphelin
Se promène dans tous mes recoins
En toute impunité
Bravant mon humidité
Violant mon intimité
Loin des hommes!
Je suis une maison abandonnée
Et je suis à l'abri
Des hommes
De leurs poisons
De leur félonie
Et de leur ignominie
Je me suis enfermé
Je me suis éloigné
Je me suis cloîtré
Je me suis protégé
Je me suis vacciné
Dans mes pensées
Et mes utopies
J'ai balayé l'espace
J'ai élargi le temps
Pour avoir de la place
Et plus de chance
De garder ma dignité
Et protéger ma liberté
J'ai déchiré ma carte d'identité
J'ai brisé mon chapelet
J'ai brûlé mes livres de théologie
D'histoire et de géographie
Je ne fais plus partie des érudits
J'ai choisi d'être maudit
Loin des hommes!
je suis une maison abandonnée
Je tombe en ruine
Comme mes dents
Mes rides creusant des sillons
Dans mon front
Et mes cheveux blancs
Les enfants de mon passé
Que je chérissais
Ne viennent plus danser
Dans mon jardin mort
Le jour de mon anniversaire
Je me souviens
Ils étaient beaux et débonnaires
Je suis une maison abandonnée
Et je suis à l'abri
Des hommes
De leurs poisons
De leur félonie
Et de leur ignominie
Je me suis enfermé
Je me suis éloigné
Je me suis cloîtré
Je me suis protégé
Je me suis vacciné
Dans mes pensées
Et mes utopies
J'ai balayé l'espace
J'ai élargi le temps
Pour avoir de la place
Et plus de chance
De garder ma dignité
Et protéger ma liberté
J'ai déchiré ma carte d'identité
J'ai brisé mon chapelet
J'ai brûlé mes livres de théologie
D'histoire et de géographie
Je ne fais plus partie des érudits
J'ai choisi d'être maudit
Loin des hommes!
je suis une maison abandonnée
Je tombe en ruine
Comme mes dents
Mes rides creusant des sillons
Dans mon front
Et mes cheveux blancs
Les enfants de mon passé
Que je chérissais
Ne viennent plus danser
Dans mon jardin mort
Le jour de mon anniversaire
Je me souviens
Ils étaient beaux et débonnaires
Maintenant ils ont peur
De mon olivier
Il est noir et épuisé
Il ne donne plus de fruits
N'abrite plus les moineaux et leurs nids
Il meurt d'ennui
Et chaque nuit
Ses branches penchent
Il prie
Je ne l'arrose plus
Mon sang est contaminé
Pollué, avarié, périmé
Qu'il meure en paix
Debout
Loin des hommes!
Je suis une maison abandonnée
Une maison qui se meurt
J'entends à peine battre mon cœur
Et je n'ai pas peur
Mes vestiges me donnent le vertige
Mes mirages me donnent le tournis
Mon passé me donne la nausée
Mes souvenirs me donnent l'insomnie
Je suis en panne
Et j'aime mon automne
Suffocant et monotone
Pesant et aphone
Ce néant effrayant
Attise ma rancune
Mon amertume, ma haine
Loin des hommes!
Je suis une maison abandonnée
Malade et squelettique
Laid et pathétique
Aigre et mélancolique
Mais je refuse votre gériatrie
Je préfère m'isoler
Crever dignement
En admirant le soleil couchant Debout
De mon olivier
Il est noir et épuisé
Il ne donne plus de fruits
N'abrite plus les moineaux et leurs nids
Il meurt d'ennui
Et chaque nuit
Ses branches penchent
Il prie
Je ne l'arrose plus
Mon sang est contaminé
Pollué, avarié, périmé
Qu'il meure en paix
Debout
Loin des hommes!
Je suis une maison abandonnée
Une maison qui se meurt
J'entends à peine battre mon cœur
Et je n'ai pas peur
Mes vestiges me donnent le vertige
Mes mirages me donnent le tournis
Mon passé me donne la nausée
Mes souvenirs me donnent l'insomnie
Je suis en panne
Et j'aime mon automne
Suffocant et monotone
Pesant et aphone
Ce néant effrayant
Attise ma rancune
Mon amertume, ma haine
Loin des hommes!
Je suis une maison abandonnée
Malade et squelettique
Laid et pathétique
Aigre et mélancolique
Mais je refuse votre gériatrie
Je préfère m'isoler
Crever dignement
En admirant le soleil couchant Debout
Comme un éléphant
Loin des hommes!
Je suis une maison abandonnée
On ne m'habite plus
On ne me visite plus
On ne me restaure plus
On ne me téléphone plus
On ne me reconnaît plus
On m'oublie
Et pourtant
Je vis!
Je suis une maison abandonnée
Poème de Mostafa Houmir...
Loin des hommes!
Je suis une maison abandonnée
On ne m'habite plus
On ne me visite plus
On ne me restaure plus
On ne me téléphone plus
On ne me reconnaît plus
On m'oublie
Et pourtant
Je vis!
Je suis une maison abandonnée
Poème de Mostafa Houmir...