mardi 13 février 2018

Le message du Père François

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 1, 12‑15
 
« En ce temps-là, Jésus venait d’être baptisé. Aussitôt l’Esprit le pousse au désert et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient. Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ; il disait : « Les temps sont accom­plis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »
 
 
« L’Esprit le pousse au désert ». 
Ceux qui sont passés par le désert, à l’occasion d’un pèlerinage, savent que c’est  un lieu d’hostilité, de solitude, de dépaysement. Le désert oblige à revenir à l’essentiel, à se concentrer sur le cœur de l’existence. Le désert est un temps d’épreuve qui nous fait prendre conscience de nos limites, de nos fragilités. Il nous oblige à réagir pour chercher et trouver des chemins d’avenir. Il nous oblige à entrer en nous-mêmes pour faire la vérité sur la conduite de notre vie.
L’homme moderne n’a pas  besoin d’aller dans un désert géographique, mais il a  besoin de retrouver le silence, le calme, le recueillement. Agités et noyés par tous les bruits, distractions et sollicitations de notre environnement, pouvons-nous encore être attentifs, pour discerner  ce qui mérite nos soins dans notre vie avec les autres ?  Pour cela, il est important de faire la clarté avec soi-même en vue d’entreprendre une conversion. 
La foi au Christ exige un engagement, une marche en avant. Jésus nous invite à chercher des chemins nouveaux, à regarder ce qu’on sert réellement. N’est-ce pas le contraire de nos vieilles habitudes ? Il est urgent de se rassembler et de chercher ensemble  ce qui mérite nos soins, nos efforts au service de l’avenir de l’humanité. Depuis plusieurs années les diocèses proposent un temps de réflexion par le carême à domicile. De même, l’Eglise de France, par le CCFD – Terre Solidaire (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement) invite largement à se retrouver pendant le carême pour  « Mieux se connaître, pour mieux partager ». 
En ce temps de carême, nous avons besoin de voir grand, nous avons besoin de respirer. Nous avons besoin de faire une cure de désintoxication, comme ceux qui sont dépendants à l’alcool ou à la drogue. Nous avons  besoin de nous libérer, de rompre avec un passé trop lourd qui nous emprisonne. Comme un oiseau  en cage, nous risquons de perde le goût de la liberté et surtout le goût de Dieu.
Etre croyant aujourd’hui, dans un monde matérialiste, ne va pas de soi. 
De plus, nous savons que les croyants et  nous aussi, ne sont pas meilleurs que les autres.  Nous aussi sommes traversés comme eux, par la peur, par la violence, la lassitude, l’indifférence.  Nous vivons dans une civilisation qui cherche à distraire les gens et les empêche de penser.  Si nous ne prenons garde, nous risquons d’épouser des slogans, des publicités faciles qui ne font que renforcer le sectarisme voire le racisme. Toutes les occasions sont bonnes pour ridiculiser, mépriser et anéantir les plus fragiles. Ainsi, colporter sur internet  des diaporamas méprisants, c’est faire grandir la méchanceté et préparer des lendemains difficiles. A force de ressasser le mépris par les masses médias, SMS, Facebook, Twitter on invente de nouvelles formes de harcèlement dont le but est de faire mal et de détruire des personnes.  Par contre, penser, prier et partager : ce sont des attitudes qui peuvent construire la dignité de tout homme, de toute femme. Les animaux et les machines ne peuvent pas faire la différence, entre le partage et le mépris. C’est donc notre conscience qui est le bien le plus précieux à mettre à notre portée. Mais actuellement, notre conscience est  menacée de partout.  Alors, chaque chrétien devrait chercher quels moyens prendre aujourd’hui pour servir la dignité de chacun.  
Le carême, ce n’est pas une petite privation par ci, un petit effort par là. Il nous faut d’abord retrouver notre capacité de penser, de raisonner, de réfléchir, de prier, de rester maître chez nous et d’orienter nos efforts pour être bien dans sa peau. Pour ce faire, laissons-nous conduire au désert, au plus profond de nous-mêmes, là où nous retrouvons notre identité, notre personnalité et notre originalité.
Nous sommes tellement dispersés, noyés, manipulés que nous devons d’abord réapprendre le goût de la liberté, de la maîtrise de soi et la soif de Dieu.
Alors bon CAR ‘ AIME !
François, prêtre retraité