Photos Laetitia Schattner
Fabien Heitzmann habite Ohrenthal un hameau
d’une vingtaine d’habitations du Bitcherland. Avec ses belles moustaches et son regard sympathique Fabien se voue une passion depuis quelques années à de drôles d’animaux qui ne sont ni des vaches, ni des moutons, ni des chevaux. En effet il possède avec son épouse Mery un cheptel d’une cinquantaine de lamas et alpagas. Fabien élève des animaux depuis 1981. Il a commencé avec des daims, puis quelques kangourous et un jour son épouse originaire des hauts plateaux péruviens, lui propose d’élever des lamas et des alpagas. « J’ai eu un
véritable coup de foudre pour ces bêtes. J’en ai pris deux, puis je me suis mis à l’élevage. Ayant un métier très prenant je me ressource quand je me retrouve dans les prairies avec mes lamas et alpagas. »
Qui sont ces animaux ?
Le lama est de taille moyenne, hauteur au garrot 1,25 m. Ses oreilles sont longues, en forme de « bananes » et sa toison est longue et épaisse. L’alpaga est plus petit que le lama, son poids moyen est de 55 à 70 kg. Ses oreilles sont aussi plus courtes. Domestiqués depuis des millénaires dans les Andes, ils y sont élevés pour leur viande et leur laine.
La tonte
Une fois par an Fabien fait appel à Robin Boyer tondeur de lamas. Il y a quelques jours, les 50 animaux du cheptel ont eu droit à une petite coupe. « Il est important que la tonte soit faite à cette période de l’année afin que le poil ait le temps de repousser avant les premiers froids de l’automne surtout dans l’Est de la France » souligne Robin.
Et ce n’est pas si simple il faut s’y mettre à deux voir trois personnes pour tondre un lama ou un alpaga. Toute une
technique, c’est au tour de « Yodla » le lama fétiche de Fabien, d’abord il faut l’attraper, puis le calmer. Ensuite on l’attache et hop on le tourne sur le dos, pattes en l’air, commence alors la tonte par le dessous : le ventre. Toute une gymnastique pour Yodla le lama, ainsi que Robin et son assistant Julien. Mais les gestes sont sûrs, on ressent la passion du métier. L’animal est calmé et la maîtrise de la tonte est tout un art. Une belle toise se forme au sol, une laine douce et agréable au toucher. Ensuite il faut limer les dents, couper les crocs pour les plus jeunes et enfin couper les ongles, toute une manucure pour cet animal si attachant. Fini les longs poils, la coupe d’été est terminée. On pourrait
presque confondre Yodla avec une biche… au long cou !
Le tondeur :
Robin Boyer, vient des Hautes Alpes. Il parcourt la France avec son collègue Julien la période de mai à fin juillet. «
En général on commence par l’Est, puis la Normandie, la Bretagne, le centre et on finit par le sud où l’hiver est moins froid. » explique Robin. En effet les poils de l’animal mettent trois mois à repousser afin qu’ils le protègent à nouveau
du froid de l’hiver. Rien ne destinait Robin à ce métier il a suivi les traces de son père malgré lui. « Etant petit j’assistais aux tontes, mon père m’expliquait toutes les techniques de sécurité à mettre en place avant de tondre. Les animaux de Fabien sont très gentils, mais il y en a ailleurs qui sont sauvages qui mordent et donnent des coups. Il faut se méfier et ne pas se faire blesser ! » raconte Robin en souriant.
Lorsque il grandit, Robin se forme à un autre métier, mais à la mort de son père les éleveurs sont venus vers lui, car les tondeurs d’alpagas et lamas sont trop peu nombreux en France. Et c’est ainsi qu’il prit la tondeuse en mains
appliqua les conseils de son père, et s'inspira de ses techniques de tontes sur les conseils indispensables des éleveurs qui l’accueillaient t à bras ouverts.
« Cela fait six ans maintenant que je fais ce métier et je suis fasciné par ces animaux. On élève pas un alpaga pour sa viande, ni d’ailleurs pour sa fourrure, en tout cas pas en France, mais plutôt par amour, c’est un animal ornemental. Les éleveurs aiment ces animaux pour leur beauté et leur sensibilité tout simplement ! » précise Robin.
La laine
" Après la tonte la laine de la toison est triée selon sa qualité. Elle sera récupérée par des associations qui s’occuperont de la nettoyer, filer et tisser afin de faire des vêtements.
Malheureusement, il faut une très grande quantité pour que la vente soit rentable et avec 50 animaux ce n’est pas le cas
» souligne Fabien
En route
Une fois les 50 camélidés de Fabien pouponnés, Robin et son collègue se remettent en route pour un autre élevage et ainsi jusqu’à la fin de la saison. Entre 1 500 à 2 000 lamas et
alpagas passeront sous la tondeuse de Robin le tondeur de lamas et alpagas.
Laetitia Schattner